Bien-être des enfants au Canada : des organismes tirent la sonnette d’alarme

Le rapport indique notamment que la proportion d’enfants vivant dans des logements à faible revenu sont plus élevés chez les Premières Nations et les Inuits que chez les non-Autochtones. (Darryl Dyck/La Presse canadienne)
Le Canada n’est pas un modèle en matière de bien-être des enfants. C’est ce qui ressort d’une nouvelle étude de l’O’Brien Institute for Public Health de l’Université de Calgary (centre-sud du Canada), réalisée pour Children First Canada, un organisme axé sur la promotion du bien-être des enfants du pays.

« Il y a des problèmes urgents qui touchent les enfants au Canada et on ne leur accorde pas suffisamment d’attention », affirme Sara Austin, fondatrice et directrice principale de l’organisme Children First Canada, qui a commandé l’étude.

Cette dernière rassemble des données issues de divers organismes nationaux et internationaux au cours des dernières années, pour tracer un portrait de la situation des enfants du Canada dans un rapport intitulé Raising Canada: a call to action.

D’après ce document, les enfants représentent près d’un quart de la population canadienne. Si beaucoup de Canadiens pensent vivre dans un des meilleurs endroits du monde pour les élever, Sara Austin n’est pas de cet avis : « C’est complètement faux. »

« Bien trop d’enfants dans notre pays sont en danger à cause de menaces à leur bien-être physique et émotionnel. »

Sara Austin, fondatrice et directrice principale de Children First Canada

Le rapport Raising Canada: a call to action, signé par les membres de plusieurs organismes d’aide à l’enfance, de santé publique et économiques, appelle à prendre les mesures suivantes :

  • créer une Commission nationale pour les enfants et les jeunes, qui prendrait la forme d’un bureau indépendant capable de promouvoir les intérêts des enfants et d’engager la responsabilité du gouvernement;
  • publier un budget à l’enfance pour assurer une transparence sur les fonds nationaux alloués à ceux-ci et une juste distribution des ressources;
  • mettre en oeuvre la Convention internationale relative aux droits de l’enfant et la Charte canadienne des enfants. Cette dernière, créée à partir de données provenant de milliers d’enfants et de jeunes à travers le pays, pose les bases des mesures à prendre en faveur du respect, de la protection et des droits de tous les enfants au Canada.

Les signataires rappellent que le Canada occupe la 25e position dans un classement de l’UNICEF comparant le bien-être des enfants au sein de 41 pays riches.

Taux de mortalité infantile élevé

Le taux de mortalité infantile au Canada est, d’après le rapport, parmi les plus hauts des pays de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE). Si les accidents et les blessures volontaires en constituent la première cause, le suicide arrive en deuxième place.

« Cela dépeint vraiment une situation inquiétante pour l’enfance au Canada. »

Sara Austin, fondatrice et directrice principale de Children First Canada

Le Canada fait partie des cinq pays ayant le plus haut taux de suicides d’adolescents au monde, selon le rapport. Sara Austin rappelle que la santé mentale des jeunes constitue une préoccupation majeure au pays.

Le rapport mentionne que les hospitalisations pour automutilation ont augmenté de 90 % entre 2009 et 2014. Sara Austin ajoute qu’on constate, depuis les 10 dernières années, une augmentation de 66 % des consultations en urgence pour les personnes ayant entre 5 et 24 ans.

« Les soutiens en santé mentale devraient avoir lieu dans les écoles, les maisons, les bureaux des médecins, de façon soutenue et prolongée, et pas uniquement dans une situation d’urgence », déplore la fondatrice de Children First Canada.

Pauvreté : les enfants autochtones plus affectés

Sur les 8 millions d’enfants que comptait le pays en 2015, 1,2 million vivaient dans des logements pour personnes à faible revenu. « Cela signifie que plus de 1 million d’enfants dans notre pays vivent dans un logement inadéquat, ont une nutrition inadéquate », explique Sara Austin.

Ce sont les enfants autochtones qui sont les plus touchés, d’après le rapport.

Proportion d’enfants vivant dans des logements pour personnes à faible revenu :

  • Chez les Premières Nations : 38 %
  • Chez les Métis : 21 %
  • Chez les Inuits : 20 %
  • Chez les non-Autochtones : 16 %

La pauvreté infantile varie aussi selon les provinces canadiennes. Le rapport mentionne qu’elle est la plus élevée dans les provinces maritimes (côte est) et au Manitoba (centre), tandis que l’Alberta (centre) et le Québec (est) ont les taux les plus bas.

Mathilde Monteyne, Radio-Canada

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