Deux candidates inuites rêvent de marquer l’histoire aux élections québécoises

Mona Belleau, candidate dans Chauveau pour le Nouveau Parti Démocratique du Québec. (Maxime Denis/Radio-Canada)
À trois semaines des élections provinciales québécoises, les enjeux autochtones sont encore largement évacués de la campagne. Deux candidates inuites espèrent attirer l’attention du public sur ces enjeux en devenant les premières femmes autochtones à faire leur entrée à l’Assemblée nationale.

« On est mûr au Québec pour avoir une voix forte à l’Assemblée nationale », souligne Mona Belleau, candidate du Nouveau Parti démocratique Québec (NPDQ) (progressiste) dans Chauveau, circonscription de la couronne nord de la ville de Québec qui comprend la communauté huronne-wendat de Wendake.

Depuis Alexis Wawanoloath, ancien député du Parti québécois (PQ) (indépendantiste) il y a une dizaine d’années, aucun autre député autochtone n’y a siégé. Aucune femme autochtone n’a en outre jamais été députée au provincial.

Mona Belleau, originaire du Nunavut (territoire du Nord canadien), et Alisha Tukkiapik, candidate originaire du Nunavik (région inuite du Nord québécois) dans la circonscription d’Ungava pour Québec solidaire (gauche), sont les seules Autochtones à briguer les suffrages des élections québécoises du 1er octobre. Aucun des autres grands partis politiques ne compte officiellement dans ses rangs de candidats autochtones (le Parti québécois affirme ne pas recenser ses candidats selon leur origine ethnique).

Alisha Tukkiapik, 27 ans, est travailleuse communautaire à Kuujjuarapik. Mona Belleau, 39 ans, est quant à elle militante des droits LGBTQ2 de même que bénévole de longue date de la branche fédérale du NPD, un parti qui colle à ses « valeurs, son intégrité », dit la candidate qui réside au Québec depuis l’âge de 12 ans.

Relégués au second plan

Sans surprise, les enjeux autochtones, à l’instar d’autres campagnes électorales provinciales dans le passé, occupent une place marginale depuis le début de la campagne, une situation déplorée par les 43 chefs des Premières Nations.

Certes, plusieurs communautés autochtones relèvent du gouvernement fédéral mais le rôle du provincial est incontournable, affirme Mona Belleau. « Si les minières débarquent à Val-d’Or, c’est certain que ça va affecter les Anishinabés. On a des traités signés avec le provincial, donc c’est important », souligne-t-elle.

« On a des droits par rapport au territoire, à nos langues, à l’éducation. On ne doit pas être vu seulement comme un électorat, on doit être des partenaires », ajoute-t-elle.

Alisha Tukkiapik abonde dans le même sens. « On est en 2018, on ne peut pas continuer à nous écarter. On représente deux tiers du territoire », dit celle qui veut donner une voix forte aux Inuites en s’attaquant notamment aux problèmes de logements.

Un faible taux de participation

Si les enjeux autochtones sont relégués au second plan, les Autochtones quant à eux s’intéressent traditionnellement peu aux élections provinciales depuis 1969, année à laquelle ils ont obtenu le droit de vote.

« Normal », affirme le chef de l’Assemblée des Premières Nations Québec-Labrador, Ghislain Picard. « Il n’y a pas une campagne au Québec qui ait mis les enjeux autochtones au premier plan. Si un parti allait aussi loin que ça, à ce moment peut-être que la tendance changerait […] que la réceptivité du côté des communautés pourrait changer », souligne-t-il.

Alexis Wawanoloath est assermenté lors d’une cérémonie mercredi 25 avril 2007 à l’Assemblée nationale du Québec, accompagné du chef du Parti québécois, André Boisclair. (Clément Allard/La Presse canadienne)

« Plusieurs Autochtones perçoivent les élections provinciales comme des élections d’une autre nation, d’une autre entité », affirme quant à lui l’ancien député Alexis Wawanoloath, dont la vie politique semble derrière lui. Il termine aujourd’hui des études en droit à l’Université Sherbrooke (sud-est du Québec).

L’ex-député de 36 ans d’origine abénaquise et québécoise est le seul Autochtone à avoir été élu à l’Assemblée nationale, dans la circonscription d’Abitibi-Est (ouest du Québec), en 2007. Il affirme ne jamais avoir été « le favori du leadership » du PQ, qui ne l’a d’ailleurs jamais courtisé pour se présenter, dit-il.

Sa propre élection n’a d’ailleurs créé aucun « effet d’entraînement » en politique provinciale chez les Autochtones. « Est-ce que les partis ont cherché à avoir des candidats autochtones? Je n’ai rien entendu dans ce sens », dit-il.

Sur le terrain, Mona Belleau assure avoir eu de « bons échos ». Elle encourage les Autochtones à aller voter le 1er octobre. « Oui, idéalement on serait encore sur nos terres et il n’y aurait pas eu de colonisation, mais avec l’histoire de la colonisation en Amérique du Nord, ce que je trouve important, c’est que maintenant, étant donné la situation, il faut se faire entendre », souligne-t-elle.

Alisha Tukkiapik espère quant à elle pouvoir faire campagne sur le terrain, mais en tant que mère monoparentale et avec un emploi à temps plein, « ce n’est pas facile », dit la candidate solidaire.

Laurence Niosi, Radio-Canada

Pour d’autres nouvelles sur les Autochtones au Canada, visitez le site d’Espaces autochtones.

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Laisser un commentaire

Note: En nous soumettant vos commentaires, vous reconnaissez que Radio Canada International a le droit de les reproduire et de les diffuser, en tout ou en partie et de quelque manière que ce soit. Veuillez noter que Radio-Canada ne cautionne pas les opinions exprimées. Vos commentaires seront modérés, et publiés s’ils respectent la nétiquette.
Nétiquette »

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *