Au cœur de la toundra, une exposition d’artistes du monde circumpolaire à Montréal
La galerie Leonard & Bina Ellen de l’Université Concordia, à Montréal, accueille l’exposition Au cœur de la toundra qui rassemble le travail de plusieurs artistes autochtones en provenance du monde circumpolaire.
Au total, douze artistes de l’Arctique – issus des peuples inuit et sami – y présentent plusieurs œuvres reprenant diverses thématiques comme la préservation des modes de vie ancestraux et la protection de l’environnement confrontée aux changements climatiques ou à l’extraction des ressources naturelles.
« L’exposition s’intéresse à l’art arctique à travers les préoccupations contemporaines des peuples du Nord », explique en entrevue une des trois commissaires de l’exposition, Heather Igloliorte.
« Ces préoccupations sont illustrées par des réflexions sur la langue, la terre et l’idée de souveraineté. Autant de concepts qui nous ont permis de réunir des artistes de toute la région circumpolaire, aussi bien du Canada que de la Finlande, de la Suède, de la Norvège, de l’Alaska et du Groenland. »
Née au Nunatsiavut, à l’extrême nord de Terre-Neuve-et-Labrador (est du Canada), Heather Igloliorte est Inuite et professeure en histoire de l’art à l’Université Concordia. Elle explique qu’elle voulait rassembler des artistes nordiques non conventionnels qui ont un rapport viscéral avec leur terre d’origine.
« L’art contemporain autochtone est en plein essor, dit-elle. Les artistes travaillent aujourd’hui sur une multitude de supports, de la vidéo à la photographie en passant par les installations ou les nouvelles technologies. L’exposition permet de montrer au public toute la richesse de l’art autochtone de l’Arctique. »
Des artistes nomades
Sur un mode à la fois poétique et politique, l’expo multidisciplinaire propose en effet une diversité de pratiques. Plusieurs exemples sautent aux yeux, comme l’installation vidéo de Carola Grahn (Look Who’s Talking) ou la série de cinq éléments de la chanteuse de gorge Taqralik Partridge (Tusarsauvungaa).
Certains artistes vont jusqu’à revisiter des pratiques artistiques traditionnelles, c’est le cas notamment de l’étonnante Jade Nasogaluak Carpenter (Cigarettes and Lighter) qui sculpte dans la pierre inuite des objets inusités de notre quotidien. Quant à Joar Nango, il tricote des pulls en laine sur lesquels sont représentées des habitations typiques du peuple Sami.
Heather Igloliorte, qui a rencontré certains de ces artistes lors du premier Arctic Arts Summit organisé en juin en Norvège, précise que toutes les œuvres ont en commun une certaine idée de la mobilité ou du nomadisme.
« Ce sont des artistes qui voyagent généralement beaucoup, aussi bien dans les différentes régions de l’Arctique qu’ailleurs dans le monde. C’est intéressant de voir que chacun d’entre eux exprime malgré les distances un lien très fort avec la terre ou la langue dont ils sont issus. »
L’exposition Au cœur de la toundra est présentée à la galerie Leonard & Bina Ellen de l’Université Concordia jusqu’au 27 octobre 2018.