Nordicité : une immersion artistique dans le cercle polaire arctique
Sa luminosité inhabituelle, son froid sec et glacial, sa temporalité singulière… Le cercle polaire arctique est souvent perçu comme un lieu mythique et abstrait dans l’imaginaire collectif. Dans un projet artistique mêlant danse, théâtre, musique et projections visuelles, Nordicité, meeting point souhaite illustrer les différentes facettes de la nordicité. L’événement immersif se tiendra du 13 au 15 novembre à Montréal.
Le projet a d’abord vu le jour en 2015, avant de se concrétiser sous la forme d’une résidence de création sur les îles Lofoten, en Norvège. « J’ai réuni une équipe de Québécois, de Finlandais [et] de Norvégiens pour pouvoir créer un premier spectacle là-bas », mentionne la metteure en scène et directrice artistique du Théâtre Incliné qui est à l’origine du projet, José Babin.
« Voir les autres Nords »
« Dans le Sud, on a souvent un point de vue très central qui vient de notre emplacement et j’avais envie d’aller dans le Nord pour entendre le point de vue des humains qui y habitaient, mais je n’avais pas envie de me cantonner seulement au Nord canadien, explique José Babin. Je voulais voir les autres Nords. »
Pour élaborer son projet, la directrice artistique a collaboré avec des artistes issus des huit pays du cercle circumpolaire arctique. De cette équipe, José Babin a sélectionné un auteur par pays nordique, à qui elle a posé une série de questions basées « sur le ressenti, sur des choses qui rejoignent l’humain, peu importe sur quel territoire il est ». Ces questions devaient par la suite inspirer aux auteurs une courte nouvelle portant sur leurs impressions du Nord, allant de l’intime à la fiction.
Parmi les auteurs sélectionnés figure Kári Tulinius, un écrivain et poète islandais qui réside aujourd’hui en Finlande. Joint au téléphone à Helsinki, l’auteur explique avoir rédigé une courte fiction sur le thème des changements climatiques.
Spectacle ou pièce de théâtre?
José Babin cherchait à brouiller les frontières artistiques. « L’idée est d’essayer de sortir des modèles de diffusions habituels », croit-elle.
Durant l’événement de trois jours, les spectateurs pourront assister notamment à des projections visuelles, dont les courts-métrages Silence et Fish Hole, une pièce de théâtre et des chants de gorge. Le tout, en se déplaçant d’une installation à une autre.
La temporalité nordique
« Je ne voulais pas avoir la prétention de ramener dans mon bagage tout le Nord», précise José Babin. La directrice artistique souhaitait aborder la temporalité nordique, qu’il s’agisse de celle du Nunavik, dans le Nord québécois, ou de celle des pays scandinaves. « Il y a quelque chose au niveau du temps et de l’espace qui est tellement particulier », décrit-elle.
Selon l’auteur Kári Tulinius, le rapport des habitants à la ponctualité et les variations de la lumière de jour illustrent bien la singularité de la temporalité au nord du 60e parallèle.
« En été, nous avons l’impression que le temps est en suspens parce que les journées sont extrêmement longues, indique-t-il. L’hiver, les journées sont très courtes, ce qui nous modifie notre rapport au temps et le rend ainsi plus précieux. »
Les Inuits, les voix du Nunavik
La directrice artistique a aussi tenu à collaborer avec des artistes inuits, les Autochtones du Nord québécois, qui font partie intégrante du portrait nordique. « Les gens de mon Nord à moi, ce sont des Inuits, donc la logique première était d’inviter des Inuits », souligne José Babin.
La chanteuse de gorge et réalisatrice inuite Lucy Tulugarjuk, originaire du village d’Igloulik, au Nunavut, est l’une des artistes inuites à avoir pris part au processus de création.
Le projet artistique s’articule aussi sous la forme d’une plateforme numérique où sont présentés tous les artistes qui ont insufflé leur vision du Nord.
Nordicité, meeting point sera présenté du 13 au 15 novembre à la Maison de la culture Maisonneuve, à Montréal.