Le phytoplancton serait présent en abondance sous la glace de mer de l’Antarctique

L’étude montre qu’il y a juste assez «de fissures et de trous» autour de l’Antarctique pour laisser passer suffisamment de lumière du jour à travers la glace de mer. (NASA)
Une équipe de chercheurs a récemment observé des preuves d’efflorescences possiblement importantes sous la glace de mer entourant l’Antarctique. Cette découverte confirme les conclusions d’une expédition scientifique sous-marine qui a eu lieu il y a maintenant 10 ans et qui faisait déjà état d’une population massive de phytoplancton dans la région.

L’étude qui rend compte de cette découverte a été publiée dans la revue scientifique Frontiers. Elle survient alors que les scientifiques pensaient qu’avec le manque de lumière, la couverture de glace empêchait la croissance du phytoplancton pendant la majeure partie de l’année dans l’océan autour de l’Antarctique.

Or, le document indique qu’il y a juste assez « de fissures et de trous » dans la zone pour laisser passer suffisamment de lumière du jour à travers la glace de mer.

« Dans les vues larges de la plupart des satellites, la couverture de glace peut sembler uniforme et en forme de feuille, ce qui renforce l’idée que la lumière serait trop rare et trop faible pour permettre la vie végétale en dessous »,  explique Chris Horvat, spécialiste de la glace de mer à l’Université Brown et auteur principal de l’étude.

Mais observée depuis et sous la surface de l’océan – et grâce à l’utilisation d’un satellite dernière génération de la NASA – la glace de mer de l’Antarctique est en fait criblée de fractures et d’ouvertures, indique l’étude. « La lumière du soleil se faufile à travers les fissures et fournit l’énergie nécessaire aux efflorescences sous la glace dans l’océan austral. »

Suffisamment de lumière sous la glace

Les experts rappellent que le phytoplancton est à l’océan ce que l’herbe est à la terre. Ces organismes flottants, qui ressemblent à des plantes, absorbent le soleil et les minéraux nutritifs et créent leur propre nourriture (énergie) par photosynthèse. « Le phytoplancton constitue une source de nourriture essentielle pour les autres formes de vie dans l’océan et joue un rôle clé dans le recyclage et l’élimination du carbone pour la planète », précise le spécialiste.

Il ajoute qu’il se développe à peu près partout où il y a des zones d’océan ouvertes et ensoleillées.

Lorsque les conditions sont favorables, ces cellules microscopiques peuvent s’épanouir à des échelles visibles depuis l’espace.Chris Horvat, auteur principal de l’étude

Outre les images satellites, M. Horvat et ses collègues ont rassemblé plusieurs sources de données comme celles recueillies par des flotteurs. Ces instruments peuvent détecter la présence de chlorophylle et de carbone particulaire. Ces derniers peuvent indiquer la présence de phytoplancton.

« En examinant les données de plus de 2000 plongées sous la glace sur une période de sept ans, l’équipe scientifique a constaté que presque toutes les mesures montraient une accumulation de phytoplancton avant même que la glace de mer ne se soit retirée au printemps et en été dans l’hémisphère sud », stipule l’étude.

Les experts se sont également appuyés sur des modèles de couverture glaciaire afin d’estimer de l’emplacement et l’épaisseur de la couverture glaciaire de l’océan austral, ainsi que la façon dont elle se déplaçait. Ils ont alors constaté que 3 à 5 millions de kilomètres carrés – une zone plus grande que l’Inde – de l’océan austral recouvert de glace pourraient laisser pénétrer suffisamment de lumière pour soutenir certaines efflorescences sous la glace.

« Les scientifiques ont déjà évoqué le potentiel de ces efflorescences, mais c’est la première fois que nous les observons sous la glace dans les eaux de l’Antarctique », a dit M. Horvat. « Cette découverte ouvre la voie à une toute nouvelle façon d’envisager la vie autour de la glace et sous la glace. La glace de mer est plus intéressante et plus diversifiée qu’on le pense, et elle peut abriter un large éventail de systèmes écologiques. »

Avec des informations de Michael Carlowicz de la NASA

Ismaël Houdassine, Regard sur l'Arctique

Ismaël Houdassine est diplômé en journalisme de l’Université de Montréal. Il commence sa carrière comme reporter et journaliste culturel. Avant de rejoindre l’équipe de Radio-Canada, il a collaboré durant plusieurs années pour plusieurs médias, notamment l’Agence QMI et Le HuffPost.

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