Remaniement ministériel à Ottawa : un important chef autochtone déplore un « calcul politique décevant »

Ghislain Picard, chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL). (Sean Kilpatrick/La Presse canadienne)
Le chef de l’Assemblée des Premières Nations du Québec et du Labrador (APNQL), Ghislain Picard, se dit déçu du remaniement ministériel effectué lundi à Ottawa, dans le cadre duquel la ministre des Services aux Autochtones Jane Philpott et la ministre de la Justice Jody Wilson-Raybould ont hérité de nouvelles responsabilités après l’annonce du départ du président du Conseil du Trésor, Scott Brison.

Pour M. Picard, ce rebrassage des cartes politiques à neuf mois des élections tient davantage du « positionnement en vue des prochaines élections » que de la poursuite de la volonté de réconciliation avec les Premières Nations, « un gros morceau de la plateforme [électorale] » des libéraux en 2015.

En entrevue avec Espaces autochtones, le chef Picard déplore principalement le départ de Mme Philpott, celle qui, dit-il, « semblait avoir la crédibilité nécessaire auprès des leaders autochtones ».

« Des élus du côté des Premières Nations auront sans doute l’impression que ce départ crée une brèche », ajoute-t-il.

Alors que Mme Philpott est remplacée au ministère des Services aux Autochtones par l’ex-ministre des Anciens Combattants Seamus O’Regan, Ghislain Picard croit que le nouvel interlocuteur n’arrive pas « avec un bagage comparable à celui des personnes qu’il remplace ». « Il y a énormément de travail à faire, et plusieurs personnes douteront sans doute de la possibilité de remplacer Mme Philpott; cette opinion est probablement fortement partagée par les chefs que nous représentons. »

Le chef Picard estime par ailleurs que la nomination du député montréalais David Lametti à la tête du ministère de la Justice s’explique en partie par la situation géopolitique actuelle au pays. Selon lui, le fait que le Québec, bastion libéral au fédéral, soit entre deux provinces contrôlées par des gouvernements provinciaux conservateurs force en quelque sorte le premier ministre à renforcer son caucus québécois.

La volonté de rapprochement du gouvernement a aussi été mise à mal la semaine dernière lors de l’évacuation forcée, par la Gendarmerie royale du Canada, de manifestants installés en territoire Wet’suwet’en.

Cette question a d’ailleurs été abordée, entre autres pommes de discorde, lors d’une rencontre entre les chefs des Premières Nations et le premier ministre, tenue lundi après-midi. Il a aussi été question du projet de loi, piloté par Mme Philpott avant le remaniement, pour modifier la façon dont les services sociaux sont offerts aux enfants des Premières Nations.

Nouvelle interlocutrice à Québec
Sylvie D’Amours, ministre des Affaires autochtones du Québec. (Jean-François Villeneuve/Radio-Canada)

Ottawa n’est pas la seule capitale où les dirigeants autochtones devront apprendre à connaître un nouvel interlocuteur gouvernemental. L’élection, en octobre dernier, de la Coalition avenir Québec a entraîné un changement de gouvernement.

Comme l’indique Ghislain Picard, l’APNQL en est encore à établir des premiers contacts avec la nouvelle ministre, Sylvie D’Amours. « Il faut créer l’espace nécessaire pour communiquer de la bonne façon sur les dossiers qui préoccupent les Premières Nations », affirme-t-il.

Selon le chef Picard, Ottawa et Québec devront d’ailleurs collaborer dans divers dossiers d’intérêt commun, y compris en ce qui concerne le projet de loi libéral sur les services offerts aux enfants, les services sociaux relevant du champ de compétences des provinces.

« Il est important de se donner le temps et les bonnes conditions », conclut Ghislain Picard.

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