Les infrastructures du Nord canadien, mal adaptées aux changements climatiques
Les collectivités du Nord canadien n’auront pas le choix de repenser l’ingénierie de leurs infrastructures et de reconstruire plusieurs de leurs routes pour faire face aux changements climatiques. C’est ce que conclut une récente étude menée par des chercheurs canadiens qui ont fait des projections hydrologiques détaillées sur les principaux défis auxquels se mesureront des communautés du Nord-Ouest canadien d’ici la fin du siècle.
« Sous le climat de la fin du 21e siècle, si nous ne réduisons pas nos émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère, nous assisterons à un changement radical de l’hydrologie de l’Arctique occidental dans la région d’Inuvik », prédit le directeur du programme Global Water Futures de l’Université de la Saskatchewan, John Pomeroy. Le programme de recherche fournit des solutions de gestion des risques associés à l’eau dans le Nord canadien.
Selon l’étude, publiée le 26 décembre dans la revue scientifique Journal of Hydrometeorology, les résidents du nord des Territoires du Nord-Ouest devront s’attendre à ce que leurs infrastructures subissent davantage les contrecoups des changements climatiques qu’ailleurs au pays. « Le dégel du pergélisol a déjà causé plusieurs effondrements de bâtiments à Inuvik », mentionne le chercheur. La collectivité située dans le nord du territoire n’est pas épargnée par le bilan que dressent les scientifiques dans leur étude.
En plus d’une augmentation des températures de 6 degrés d’ici à la fin du siècle, l’étude prédit que le dégel du pergélisol risque de gagner 25 centimètres supplémentaires en profondeur.
Une augmentation des précipitations fera aussi grimper d’environ 70 % les accumulations de neige. Comme la fonte des neiges sera plus précoce, l’étude conclut que les inondations seront multipliées par deux.
Les données étudiées par John Pomeroy et son collège Sebastian Krogh, de l’Université de la Saskatchewan, proviennent de la station de recherche Havikpak Creek, située à quelques jets de pierre de la collectivité d’Inuvik, où se termine la route de Dempster.
Les deux scientifiques ont employé des techniques de modélisation du climat et de l’hydrologie pour mieux comprendre l’impact des changements climatiques sur les ressources en eau dans le nord-ouest du Canada. Les premières données ont été collectées par John Pomeroy au début des années 1990, tandis que d’autres provenaient d’Environnement Canada.
Repenser les infrastructures
John Pomeroy croit que les collectivités nordiques devront mieux adapter leurs infrastructures aux nouvelles réalités qu’imposent les changements climatiques. À titre d’exemple, il cite l’utilisation de couches isolantes plus épaisses pour protéger les routes du dégel du pergélisol.
« Il y a plusieurs choses qui peuvent être faites, mais ces options sont coûteuses », mentionne le chercheur. John Pomeroy croit toutefois que l’impact des changements climatiques est irréversible pour la biodiversité, tandis que les infrastructures pourront toujours être adaptées.
Dans son budget de 2017, le gouvernement fédéral avait annoncé qu’il allouerait 570 millions de dollars sur 10 ans pour construire des routes et de nouvelles infrastructures aux Territoires du Nord-Ouest, notamment en matière de gestion de l’eau.
En novembre 2017, le gouvernement territorial a inauguré une nouvelle route pour relier la collectivité d’Inuvik à celle de Tuktoyaktuk, dans l’extrême nord des Territoires du Nord-Ouest.
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