Un champignon du Nord canadien comme antidote à la malaria
Des chercheurs croient détenir la clé au problème de résistance aux médicaments du parasite qui cause la malaria. Le chimiste Normand Voyer et son groupe de recherche de l’Université Laval ont synthétisé une molécule provenant d’un champignon du Nunavut, dans l’est de l’Arctique canadien, qui s’est attaqué au parasite de la malaria en laboratoire.
Dans leur recherche publiée dans la revue Chemical Communications, les chercheurs disent avoir prouvé qu’une des quatre molécules d’un champignon microscopique, découvert en 2017 par des chercheurs de l’Île-du-Prince-Édouard (Maritimes), s’attaque au parasite de la malaria. Ils ont appelé ces molécules mortiamides.
« Nous avons constaté que les substances [produites par le petit champignon] ressemblent étrangement à d’autres substances naturelles qui sont reconnues pour avoir des propriétés antipaludiques », explique-t-il.
En 2017, 219 millions de personnes ont été touchées par le parasite, selon l’Organisation mondiale de la santé.
Comme la molécule du champignon Mortierella provient du Nord, plus précisément de la baie de Frobisher, l’hypothèse des chercheurs était qu’elle serait efficace contre les parasites de la malaria qui sont résistants aux médicaments.
« [Cette molécule] est même efficace sur une souche de malaria qui est résistante à différents médicaments », s’exclame le chimiste.
En moins de 72 heures, trois des quatre mortiamides ont mis fin à la croissance des deux souches du parasite.
Cette découverte rappelle également la richesse des molécules présentes dans le Grand Nord.
« Il faut protéger ces richesses-là. Le prochain médicament anticancer va peut-être provenir du Nunavut ou [d’ailleurs] dans le [Grand] Nord », avance-t-il.
La synthèse du champignon microscopique est la première étape avant de pouvoir songer à en faire un médicament, précise cependant Normand Voyer.
« Il reste encore beaucoup de choses à faire avant que cette substance puisse devenir un médicament, mais nous avons passé le cap d’une des parties les plus critiques, soit de trouver une nouvelle substance qui est active », explique le chercheur.
La prochaine étape reste à savoir comment la molécule mortiamide réussit à s’en prendre au parasite de la malaria.