Finlande : un désaccord sur les droits des Samis plonge la coalition au pouvoir dans l’incertitude
Les deux principaux partis au sein de la coalition au pouvoir en Finlande ne s’entendent pas sur un projet de loi qui doit revoir les règles électorales du Parlement sami, qui représente les membres de ce peuple autochtone vivant dans le nord du pays.
Dimanche soir, le gouvernement à Helsinki a tenu une réunion sur la question, mais n’a pas réussi à trouver de compromis.
Le Parti social-démocrate, la formation politique de la première ministre Sanna Marin, comptait présenter rapidement au Parlement finlandais le projet de loi pour la réforme du Parlement sami. Le projet de loi entend donner une plus grande marge de manoeuvre à l’institution autochtone pour déterminer sa composition.
L’ONU a plusieurs fois accusé la Finlande de non-respect des droits des Samis, plus particulièrement en ce qui a trait aux règles électorales pour ce Parlement.
Le Parlement sami s’est dit préoccupé par le droit à l’autodétermination, faisant valoir que l’assemblée autochtone doit être autorisée à décider de manière indépendante qui est éligible pour participer à ses activités.
Des militants samis se plaignent depuis des années que des non-Samis s’enregistrent avec succès comme autochtones, ce qui leur donne un droit de vote aux élections du Parlement sami, comme l’explique le média finlandais Yle.
Avec leur projet de loi, les sociaux-démocrates à Helsinki veulent ainsi donner une prépondérance aux critères linguistiques pour l’inscription sur la liste électorale du Parlement sami.
Toutefois, le Parti du centre, l’autre grande formation de la coalition au pouvoir, s’oppose au projet de loi tel que formulé. Selon lui, il ferait en sorte d’exclure des membres de longue date du Parlement sami.
Le Parlement sami de Finlande est l’assemblée élue par les Samis de Finlande pour les représenter, à l’image des deux autres parlements samis en Norvège et en Suède. Il est formé de 21 membres et de 4 députés, élus tous les 4 ans. Ses champs de compétence touchent la langue, la culture, l’éducation, la santé et les services sociaux ainsi que la représentation samie à l’international. Son siège est situé à Inari en Laponie. Le Parlement sami estime que la Finlande compte 10 000 citoyens samis, dont 60 % vivent en dehors de leur région d’origine. Les Samis sont un peuple autochtone de l’Arctique, traditionnellement des éleveurs de rennes. Leur territoire ancestral s’étend sur les régions arctiques de la Norvège, de la Suède, de la Finlande et de la péninsule de Kola dans l’Arctique occidental russe, une région qu’ils appellent collectivement Sapmi. Les Samis constituent le seul peuple autochtone reconnu dans l’Union européenne.
Les sociaux-démocrates disent qu’ils avaient déjà informé le Parti du centre de l’orientation du projet de loi lors de discussions préalables. De leur côté, les élus centristes accusent la première ministre d’avoir enfreint les règles internes du gouvernement en faisant avancer un projet de loi auquel le Parti du centre s’oppose.
La ministre de la Justice Anna-Maja Henriksson affirme que l’objectif est de faire passer la loi au Parlement d’Helsinki au courant de la semaine, malgré tout.
En entrevue à Yle, le président du Parlement sami, Tuomas Aslak Juuso, a jugé que la situation semblait désormais « vraiment difficile ». Il est déçu des dissensions dans le gouvernement d’Helsinki.
Il espère que le projet de loi sera présenté au Parlement sami afin que celui-ci puisse formuler une position officielle à ce sujet.
« C’est dommage que le Parti du centre semble si fortement opposé au projet de loi. À l’intérieur se trouvent les réponses à toutes les revendications qui ont été soulevées en public », soutient-il.
La coalition menée par la première ministre Marin compte faire adopter plusieurs projets de loi avant les élections législatives prévues en avril 2023 en Finlande.
Des observateurs notent que les membres de cette coalition au pouvoir formée de cinq partis pourraient avoir de la difficulté à s’entendre sur certains enjeux dans les prochaines semaines, si l’on se fie à cet épisode au sujet des droits des Samis.
Petteri Orpo, le chef du plus grand groupe d’opposition, la Coalition nationale, qui est en tête dans les sondages d’opinion, a demandé la semaine dernière au Parlement si le gouvernement était toujours opérationnel.
Avec les informations de Reuters, d’Yle News et d’Euractiv
I hope they find agreement in the parliament in Helsinki. The Center party backstabbing the rest of the government and delaying the bill to score political points is disgraceful. (I’ll add that the article didn’t necessarily need to include the usual populist comment from National Coalition’s Orpo. He’s been talking about the government collapsing for three years now. While it continues to get record high approval ratings in national polls, to his displeasure.)