Le réchauffement des eaux printanières liées à la présence des saumons dans l’Arctique

Les saumons profitent du réchauffement des eaux pour se déplacer vers le Nord. (Photo d’archives/Radio-Canada)

Les saumons du Pacifique profitent du réchauffement des eaux pour s’aventurer de plus en plus vers le Nord, dans des régions arctiques où ils n’avaient autrefois pas l’habitude de vivre, montre une nouvelle étude menée par des chercheurs de l’Université de l’Alaska en collaboration avec des pêcheurs des communautés autochtones.

La présence de saumons est remarquée dans les communautés de l’Arctique de l’Ouest depuis déjà plus de 20 ans, et la tendance s’accentue.

« Ils attrapent du saumon depuis des générations dans certaines communautés, mais dans d’autres, c’est très récent […]. Les gens attrapent de plus en plus de spécimens dans de nouveaux secteurs. Plus d’espèces sont trouvées et ça soulève beaucoup de questions », explique la chercheuse pour Pêches et Océans Canada et coauteure de l’étude Karen Dunmall.

Karen Dunmall et ses collègues ont pu montrer de quelle manière le réchauffement des eaux influait sur le déplacement des saumons vers le Nord. (Karen Dunmall)

Les chercheurs ont tenté de comprendre les facteurs qui permettaient aux saumons de remonter aussi loin le long de la côte de l’Alaska, à travers le détroit de Béring, jusque dans la mer de Beaufort.

Ils ont constaté que les températures printanières plus chaudes dans la mer des Tchouktches, au nord-ouest de l’Alaska, amenaient les saumons vers le Nord.

Ensuite, lorsque les températures chaudes persistent durant l’été, elles créent un « corridor d’expansion » qui permet au saumon de remonter la côte vers la mer de Beaufort et dans les eaux arctiques canadiennes.

Pour en arriver à ce constat, les chercheurs ont comparé les températures marines, enregistrées depuis près de 25 ans, avec les prises des pêcheurs dans les communautés côtières.

« Généralement, les espèces se déplacent vers le Nord en raison des changements climatiques. C’est vrai. Mais ce lien était un peu vague et pas très spécifique. Alors, l’étude permet vraiment de mettre le doigt sur la séquence des événements qui pousse le saumon à faire ce voyage », explique Joe Langan, chercheur en biologie marine à l’Agence américaine d’observation océanique et atmosphérique.

Le couvert de glace dans la mer de Beaufort se retire plus rapidement au printemps et accentue le phénomène, selon les chercheurs. (Photo d’archives/Associated Press/David Goldman)

Ce dernier prévoit par ailleurs que la présence des saumons dans la région s’accroîtra dans les prochaines décennies, au fur et à mesure que les eaux se réchaufferont en raison des changements climatiques.

Une première étape

Malgré cette prédiction, beaucoup de questions demeurent. Les chercheurs tenteront maintenant de comprendre de quelle manière la présence accrue du saumon viendra perturber les écosystèmes de l’Arctique.

« La prochaine étape sera de savoir : est-ce qu’ils peuvent s’établir dans des habitats d’eau douce disponibles? Est-ce qu’ils en seront capables? Est-ce que c’est accessible? Est-ce qu’ils vont arriver dans l’Arctique en nombre suffisant? Est-ce que ces lieux sont déjà occupés par des poissons indigènes? » se questionne la scientifique Karen Dunmall.

Pour y arriver, la collaboration avec les communautés autochtones de la région sera primordiale. Les pêcheurs locaux ont été les premiers à constater l’arrivée des nouvelles espèces dans les eaux de l’Arctique, et plusieurs s’inquiètent de ces changements.

« Est-ce que les habitats de la région sont accessibles au saumon? Est-ce qu’ils apportent des pathogènes et des virus? C’est vraiment un autre domaine de recherche auquel on s’intéresse. Mais savoir d’où ils viennent aide à mieux comprendre la situation », ajoute Karen Dunmall.

Bien que l’étude décortique plutôt l’arrivée des saumons dans l’ouest de l’Arctique, des saumons roses ont aussi été détectés dans des communautés de l’île de Baffin et de la baie d’Ungava au cours des dernières années.

Leur présence, pour l’instant recensée en petit nombre, est surveillée de près par les autorités locales.

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Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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