Un ballon de soccer d’une école du Nunavut retrouvé sur une plage de Terre-Neuve

Le soleil avait commencé à darder ses premiers rayons dans le ciel, le 30 mai, quand le pêcheur terre-neuvien Lee Croucher s’est décidé à sortir de son bateau pour aller récupérer le ballon de soccer solitaire qu’il avait remarqué, quelques jours plus tôt, sur une plage de Beaumont, dans le sud de Terre-Neuve. Il était loin de s’imaginer que l’objet venait de parcourir… quelque 3000 kilomètres.
« Je voulais simplement récupérer le ballon pour que mes filles puissent jouer avec. Quand j’ai découvert le ballon, j’ai constaté que le nom d’une école était écrit dessus », raconte-t-il.
« École Ulaajuk », à première vue, les sept lettres écrites au marqueur noir ne lui ont pas semblé familières.
« J’ai récupéré le ballon et je l’ai mis à l’arrière du bateau, avant de poursuivre la journée à travailler sur les casiers à homard », explique Lee Croucher.

« Quand je suis rentré à la maison ce soir-là, j’ai décidé de chercher le nom de l’école sur Google. Le résultat de recherche a abouti à Pond Inlet, sur l’île de Baffin. »
À près de 3000 kilomètres plus au nord, la communauté de Pond Inlet est perchée au sommet de l’île de Baffin, dans l’est du Nunavut. Elle compte deux écoles, dont l’école élémentaire Ulaajuk, qui accueille des élèves de la maternelle à la sixième année.
Le pêcheur explique que cette découverte hors de l’ordinaire l’a amené à s’intéresser à un territoire qu’il n’a encore jamais visité.

La nouvelle s’est répandue comme une traînée de poudre au sein de sa famille. Le lendemain, une cousine de Lee Croucher qui réside à Hopedale, au Nunatsiavut (nord du Labrador) a raconté l’anecdote insolite dans une publication sur Meta qui, en seulement quelques jours, a généré plusieurs centaines de mentions j’aime et de partages.
C’est d’ailleurs ainsi que la directrice de l’École Ulaajuk, Sandra Rutledge, a pris connaissance de l’affaire. « Je pense que j’étais surtout stupéfaite de voir la distance parcourue et la résistance de l’encre », dit-elle.
Elle se réjouit surtout de l’intérêt envers la collectivité qu’a suscité la publication. « Nous sommes fiers que notre nom soit devenu viral sur Facebook et que notre ballon de soccer se soit rendu jusqu’à Terre-Neuve. »
C’est un peu comme un message dans une bouteille [lancée] à la mer. Tout le monde est encore impressionné.
Sandra Rutledge, directrice, École Ulaajuk
Porté au gré des marées pendant une dizaine d’années
Sandra Rutledge affirme que l’écriture sur le ballon ressemble à celle d’une ancienne enseignante, désormais retraitée, qui avait l’habitude d’étiqueter au marqueur des objets de l’école il y a une dizaine d’années.
Cette dernière n’a pas souhaité que l’on donne son nom, mais elle a confirmé à la directrice qu’il s’agissait bel et bien de son écriture.
L’ancienne enseignante lui a également raconté le souvenir d’une journée d’été, il y a plusieurs années, durant laquelle des élèves ont tenté de déterminer jusqu’où le ballon pouvait se rendre dans la mer s’ils le frappaient de toutes leurs forces.

Le personnel de l’école tente, depuis, de retrouver le ou les élèves à l’origine de cette idée.
La directrice croit que le ballon a passé une dizaine d’années à être porté par les courants marins.
« C’est assez intéressant de constater qu’il a parcouru une telle distance, mais je pense que le ballon a été pris dans le courant du Labrador qui se déplace vers le sud », croit Lee Croucher, qui connaît bien les courants dans la région.
Pour l’heure, l’avenir du ballon demeure incertain. Le personnel scolaire souhaiterait l’exposer dans une vitrine à l’école, mais Lee Croucher n’a pas l’intention de s’en départir pour le moment. Il aimerait faire de cette trouvaille le symbole d’une histoire de famille.
À Pond Inlet, l’anecdote a créé un tel enthousiasme que la direction de l’École Ulaajuk a l’intention de reproduire l’expérience au début de la prochaine année scolaire.
Deux autres ballons de soccer seront bercés au gré des marées jusqu’à ce que les courants marins choisissent le moment opportun pour les en rejeter.
À lire aussi : |