North of North veut briser les stéréotypes sur les femmes inuit

En développant North of North, une nouvelle comédie Inuk coproduite par Netflix et CBC en partenariat avec APTN, les créateurs ont mis une chose au clair : il fallait que ce soit « une émission torride ».
« Très souvent, les femmes autochtones n’ont aucune autonomie corporelle dans les émissions et ne sont pas autorisées à profiter du sexe. Elles en sont souvent victimes », a indiqué la cocréatrice Stacey Aglok MacDonald, née au Nunavut, lors d’une entrevue le mois dernier à Toronto.
« Nous voulions vraiment montrer des femmes inuites et des femmes autochtones qui ont le contrôle de leur corps, qui ont des sentiments et qui veulent de l’amour, du sexe et tout cela.»
Se tournant vers la vedette Anna Lambe et la cocréatrice Alethea Arnaquq-Baril, qui étaient assises à ses côtés au siège social de la CBC, elle a ajouté : « Cela nous a également semblé réel, et nous sommes toutes axées sur l’authenticité. »
Les trois femmes ont éclaté de rire, un peu délirantes après la longue journée de promotion de l’émission. Stacey Aglok MacDonald a plaisanté en disant que le défilé interminable de journalistes entrant et sortant de la salle leur donnait l’impression « d’être dans un bordel, déclenchant une nouvelle série de rires. »
North of North suit Siaja, interprétée par Lambe, une jeune mère inuk qui aspire à plus que la vie prévisible qu’elle mène à Ice Cove, une ville arctique fictive tissée serrée.
Après une sortie spectaculairement publique de son mariage stagnant avec l’égocentrique Ting, joué par Kelly William, elle se retrouve à la case départ. Installée chez sa mère Neevee, interprétée par Maika Harper, elle navigue entre la maternité célibataire, un nouvel emploi et le monde des rencontres, tout en essayant de comprendre ce qu’elle veut vraiment de la vie.
La série d’épisodes d’une demi-heure, qui a été tournée à Iqaluit et dans ses environs au printemps 2024, sera diffusée en première mardi sur CBC et APTN.
Briser les stéréotypes
Lambe, qui est Inuk et née au Nunavut, dit espérer que Siaja brisera les stéréotypes selon lesquels les femmes autochtones sont victimes de leurs circonstances.
« Avoir un personnage qui est si activement déterminé à poursuivre ce qu’il veut et atteindre un nouveau niveau dans sa vie dont il peut se souvenir et dont il peut être fier, c’est quelque chose qui plaira à beaucoup de femmes autochtones et qui, plus important encore, permettra aux non-Autochtones de se dire : Ah! Ça existe! », a souligné la jeune femme de 24 ans.
« Je connais tellement de femmes comme ça et ce sont elles que j’admire. Comme tout le monde, nous avons des rêves. »
MacDonald et Arnaquq-Baril ont déjà collaboré sur le drame de 2018 The Grizzlies qui a également marqué les débuts d’actrice de Lambe.
Arnaquq-Baril a affirmé que travailler sur ce film, basé sur l’histoire vraie d’une équipe de crosse de jeunes créée pour faire face à une vague de suicides à Kugluktuk, au Nunavut, était puissant, mais émotionnellement éprouvant. Elles étaient prêtes à faire quelque chose de plus léger.
« Nous voulions juste changer un peu de cap et reposer nos coeurs et faire quelque chose qui soit plein de joie et de rires », a-t-elle expliqué.
Un heureux hasard avec Netflix
La CBC a donné le feu vert à la série en 2021, mais a finalement cherché des partenaires de production afin que l’histoire puisse être racontée avec la portée et l’échelle qu’elle exigeait.
En plus de capturer les panoramas de la toundra d’Iqaluit, la série met en vedette de nombreux membres de la communauté locale comme acteurs de fond, ainsi que des oeuvres d’art, des vêtements et des artefacts d’artisans et de designers locaux.
« Pour être authentique, il fallait que le tournage soit à Iqaluit, et nous le voulions, mais il y a de nombreux coûts qui rendent la série plus dispendieuse », a déclaré Sally Catto, directrice générale du divertissement, des faits et des sports de CBC.
MacDonald a décrit comme un heureux hasard le fait qu’ils aient présenté la première émission de North of North juste au moment où Netflix ouvrait son bureau de production canadien en 2023.
« Ils commençaient par hasard à chercher leurs premiers projets canadiens et nous nous sommes dit: » Quel meilleur projet qu’une comédie arctique? « »
Le géant de l’écoute en continu a également commandé Tall Pines, une série de suspense de l’humoriste de Toronto Mae Martin, à peu près au même moment.
North of North sera diffusée en première mondiale sur Netflix au printemps.
Recherche d’un public international
Arnaquq-Baril a déclaré qu’elle et MacDonald voulaient dès le début un public international pour North of North.
« Nous avions donc l’ambition que l’histoire soit vue sur la scène mondiale afin de pouvoir changer la façon dont le monde nous voit. »
Elle veut que le public voie que les femmes autochtones ne sont pas figées dans le temps, mais qu’elles sont connectées au monde extérieur, avec leurs propres espoirs, rêves et, oui, désirs charnels.
MacDonald a laissé entendre que la série comporterait des moments tordus et sexy.
« Ça a l’air mignon, mais ce n’est qu’une ruse », a-t-elle lancé en riant, faisant référence aux photos promotionnelles de l’émission montrant Lambe enfilant des parkas doublés de fourrure devant des montagnes enneigées.
Anna Lambe a plaisanté en disant qu’elle devra se promener dans Iqaluit avec sa capuche relevée après la diffusion de la saison, en raison des scènes torrides de l’émission.
« Les gens vont nous regarder en se disant : » Vous avez écrit ça? « »
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