La démission de Justin Trudeau suscite des réactions dans le Grand Nord

Le premier ministre Justin Trudeau en compagnie du premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, lors de la signature de l’entente sur le transfert de la responsabilité des terres publiques et des droits sur les ressources avec le Nunavut. (Photo d’archives)
(La Presse canadienne)

Plusieurs voix se sont exprimées lundi dans le Grand Nord à la suite de l’annonce de la démission du premier ministre Justin Trudeau.

Pour l’ancien sénateur du Nunavut Dennis Patterson, cette journée est historique non seulement pour le pays, mais aussi pour le Nord.

Dennis Patterson estime que le Nord a toujours été une priorité pour les premiers ministres fédéraux, et Justin Trudeau n’a pas fait exception à la règle.

« Il n’a pas voyagé dans le Grand Nord aussi souvent que d’autres premiers ministres, dont son père, mais son legs le plus important est sans doute l’entente sur la dévolution », dit Dennis Patterson.

Justin Trudeau a signé, en janvier 2024, l’entente sur le transfert de la responsabilité des terres publiques et des droits sur les ressources avec le Nunavut.

« C’est une énorme réalisation que Justin Trudeau a amenée en haut des priorités après des années et des années de négociations », ajoute Dennis Patterson.

Le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, a également souligné le leadership de Justin Trudeau dans le dossier de la dévolution et dans la création du système de place en garderie à 10 $ par jour.

« Le premier ministre Trudeau était toujours chez lui dans le Nord et a démontré un engagement à approfondir les relations avec les Inuit », a déclaré P.J. Akeeagok.

Aluki Kotierk, ancienne présidente de Nunavut Tunngavik Inc., le premier ministre du Nunavut, P.J. Akeeagok, et Justin Trudeau, lors d’une conférence de presse le 18 janvier 2024 à Iqaluit.
(The Canadian Press / Dustin Patar)

« Je respecte sa décision de démissionner et je le remercie pour son engagement et son dévouement envers le Canada », a conclu le premier ministre.

Au Nunavik, le président de la corporation Makivvik, Pita Aatami, considère la démission de Justin Trudeau comme une perte pour le Nunavik.

« Je ne suis pas sûr qu’il y aura un autre leader qui aura autant à cœur les questions autochtones », dit Pita Aatami.

Ça va être une grande perte de le perdre comme premier ministre, parce qu’il a investi beaucoup dans le Nord.

Pita Aatami, président de la corporation Makivvik

Le Yukon souligne son leadership

Au Yukon, le premier ministre Ranj Pillai a publié une déclaration à la suite de la démission de Justin Trudeau.

« L’énergie positive du premier ministre, ses politiques progressistes et son leadership ont sorti des millions de familles canadiennes de la pauvreté, ont mené la bataille contre la menace existentielle des changements climatiques et ont permis de relever les défis de la COVID-19 », a déclaré Ranj Pillai.

« Je veux remercier Justin Trudeau pour son leadership au cours de la dernière décennie, tant au niveau du pays qu’au sein du Parti libéral du Canada, et je lui souhaite bonne chance dans ses projets », a ajouté Ranj Pillai.

Le premier ministre Justin Trudeau, accompagné (de gauche à droite) du premier ministre du Yukon, Ranj Pillai, du fils de M. Trudeau, Hadrien, et du député Brendan Hanley, à leur arrivée à Whitehorse le 13 février 2023.
(Evan Mitsui/CBC)

La sénatrice du Yukon, Pat Duncan, a également exprimé son respect envers le premier ministre sortant.

« Au-delà des couleurs politiques ou des personnalités, je salue tous ceux qui sont prêts à mettre leur nom dans le chapeau et qui cherchent l’appui du public pour servir leur pays, leur territoire », a-t-elle dit en entrevue.

Pat Duncan a aussi dit être d’accord avec la décision de Justin Trudeau de demander la prorogation du Parlement jusqu’au 24 mars, car les dossiers piétinaient depuis un certain temps.

« Rien n’avançait, et ça nuisait aux travaux du Sénat », dit-elle.

Comme plusieurs de ses collègues, le député fédéral du Yukon Brendan Hanley avait demandé la démission de Justin Trudeau dans les dernières semaines. Aujourd’hui, il se dit « soulagé » et « reconnaissant. »

« Je pense qu’il a pris la bonne décision. J’ai pu voir, et je crois que plusieurs d’entre nous ont pu voir, à quel point c’était difficile pour lui-même de verbaliser cette décision. C’est un battant, il n’aime pas abandonner », souligne-t-il.

Il se dit maintenant prêt à discuter avec certains de ses collègues qui souhaiteraient se présenter à la tête du parti afin de s’assurer que les réalités du Nord fassent partie des discussions.

« Où se situent-ils concernant le Nord, concernant les priorités des Yukonnais, comment s’assurer qu’un leader, peu importe d’où il vient ou quelle circonscription il représente, peut valoriser les priorités du Nord? », se demande-t-il.

Un bilan mitigé aux Territoires du Nord-Ouest

Le premier ministre des Territoires du Nord-Ouest, R.J. Simpson, salue le travail de Justin Trudeau et son leadership sur plusieurs enjeux complexes. Il souligne que peu importe qui sera au pouvoir à Ottawa, sa priorité restera de répondre aux besoins des résidents du Nord.

« Le gouvernement du Canada est un partenaire essentiel pour les Territoires du Nord-Ouest, offrant du soutien et du financement importants, et nous continuerons à travailler étroitement avec eux pour créer de nouvelles opportunités pour les habitants du Nord », indique-t-il.

De son côté, le grand chef des Dehcho, Herb Norwegian, dit avoir accueilli Justin Trudeau trois ou quatre fois, pour négocier avec [sa communauté] sur la question de l’eau, l’agrandissement du parc national Nahanni.

« D’une certaine façon, il a accompli de bonnes choses ici pour nous », dit-il.

Herb Norwegian dit toutefois qu’il aurait pu en faire plus pour résoudre certains dossiers de revendications territoriales. « Cela ne se produira pas, alors il faudra voir [comment] le prochain chef de gouvernement contribuera à la région du Dehcho », dit-il.

Il dit espérer que le prochain chef fera de la réconciliation une priorité.

Je pense que cette personne devra être solide et prendre la réconciliation très au sérieux.

Herb Norwegian, grand chef de la Première Nation Dehcho

Dans le Sahtu, le grand chef du Conseil des Dénés du Sahtu, Wilbert Kochon, a dit ne pas avoir été surpris par la démission de Justin Trudeau. Il estime toutefois que, quel que soit leur bilan, les leaders méritent le respect pour le travail accompli et, dans l’ensemble, Justin Trudeau a bien travaillé avec les peuples autochtones.

« Mais [il] a dit beaucoup de choses et je ne pense pas que des suivis ont été faits ou que tout a été pris en compte », dit M. Kochon.

Wilbert Kochon espère que le prochain premier ministre du pays continuera à travailler de près avec les Premières Nations du Nord.

Avec les informations de Sarah Xenos, Félix Lebel, TJ Dhir, Lawrence Nayally et Nadeer Hashmi

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Julie Plourde, Radio-Canada

Vidéojournalise à Yellowknife

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