Le phoque du Groenland poursuit son déclin

La tête d'un phoque émerge des glaces.
Le phoque du Groenland serait, selon les chercheurs, aux premières loges des changements climatiques. (Photo d’archives : Getty Images/AFP/David Boily)

Selon le dernier inventaire réalisé par les chercheurs de l’Institut Maurice-Lamontagne, la population poursuit sa baisse et tend à se déplacer vers le nord, au large de Terre-Neuve-et-Labrador, pour la mise bas.

La population totale estimée est maintenant de 4,4 millions d’animaux.

Elle est évaluée au moyen de diverses sources, dont un relevé aérien qui donne un aperçu des naissances. Le dernier survol a été effectué en 2022. Les chercheurs ont alors recensé 614 000 veaux dans les aires de mise bas historiques, soit le sud du golfe du Saint-Laurent, dans le nord du golfe du Saint-Laurent et au large de Terre-Neuve-et-Labrador.

Le nombre de jeunes phoques relevés en 2022 est le plus faible depuis 30 ans. Chaque année, de 30 000 à 50 000 jeunes naissent dans le sud du golfe, mais la proportion a diminué au cours des années en raison de l’absence de glace, explique la biologiste de l’Institut Maurice-Lamontagne Joanie Van de Walle. Elle ajoute que de plus en plus de jeunes naissent au large de Terre-Neuve.

Le ministère tend à considérer que la population se retrouve dans une zone de prudence. La population de référence entre une zone de prudence et une zone saine a été établie à 4,8 millions de bêtes.

L’ours polaire utilise le couvert de glace pour chasser les phoques. (Photo d’archives/Radio-Canada/Sébastien Ross)

Pour Pêches et Océans cela signifie que la population atteint un niveau légèrement en deçà de ce que pourrait soutenir son milieu naturel, donc qu’elle est plus sensible aux perturbations d’origine humaine ou environnementale.

Des précautions pour protéger la population sont alors prescrites, ce qui impose une révision de la stratégie de gestion du phoque du Groenland, explique Joanie Van de Walle, biologiste à l’Institut Maurice-Lamontagne. Autrement dit, le ministère va réduire le nombre de captures autorisées pour le fixer à 253 000 bêtes. Le ministère validera la mesure dans trois générations, soit dans 30 ans.

Il s’agit essentiellement d’une mesure administrative, puisque dans les faits, les dernières chasses aux phoques de plus de 200 000 bêtes remontent à 2008.

Changements climatiques

Même si la chasse peut être vue comme un facteur de déclin, le prélèvement a beaucoup varié d’une année à l’autre depuis, sans toutefois dépasser les 100 000 bêtes. Ainsi, à titre d’exemple, un peu plus de 30 000 phoques ont été abattus au Canada en 2019 et un peu plus du double l’année précédente.

Ce n’est plus la chasse qui est le facteur principal du déclin, mais les changements environnementaux, indique d’ailleurs Mme Van de Walle.

C’est effectivement une série de facteurs environnementaux qui sont venus perturber l’évolution du troupeau, et plus particulièrement la survie des veaux.

Quand les glaces sont de mauvaise qualité, on observe une plus grande mortalité des jeunes. Et puis ça contribue au déclin de la population, précise la biologiste de Pêches et Océans Canada.

Les scientifiques expliquent aussi en partie le déclin du phoque du Groenland par ce qu’ils nomment un effet de densité dépendante. Souvent, lorsqu’une population est élevée, elle diminue légèrement pour permettre une plus grande abondance de nourriture par an et par animal.

C’est une espèce aussi qui est en train de subir les effets des changements climatiques. Donc, d’un point de vue très scientifique, ça nous permet en fait de voir de façon contemporaine l’effet des changements climatiques sur des populations animales sauvages, commente Mme Van de Walle sur l’évolution de la population.

Un nouveau modèle

Le modèle d’évaluation populationnel du phoque du Groenland a été revu en décembre 2023 afin de mieux évaluer certains paramètres comme la production des petits, les taux de fécondité et les conditions environnementales. Ce nouvel outil permet de confirmer un déclin de la population et une mortalité juvénile plus élevée et plus variable après 2000.

Selon le dernier modèle d’évaluation populationnel retenu par le ministère, le troupeau de phoques du Groenland a atteint un pic dans les années 1990 avec 6,7 millions de phoques. Cette estimation maximale, selon le modèle utilisé auparavant, était de 7,6 millions de bêtes en 2017.

Avec la collaboration de Stéphanie Rousseau

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