Marc Carney encore ciblé de toutes parts lors du deuxième débat des chefs

Dans ce débat des chefs en anglais qui a porté, notamment, sur l’abordabilité, le coût de la vie, l’énergie, le climat, la sécurité publique et les droits de douane, le chef libéral Mark Carney a encore été la cible de tirs en provenance des autres chefs.
Le chef conservateur Pierre Poilievre a multiplié les efforts pour avancer qu’il défend les mêmes idées que son prédécesseur, Justin Trudeau.
Il l’a notamment critiqué sur la crise du logement, affirmant qu’il répète les promesses libérales qui empêchent les gens d’acquérir une maison.
Mark Carney a rétorqué que Pierre Poilievre a du mal à trouver une nouvelle ligne d’attaque, soulignant que le chef conservateur a passé des années à s’opposer à Justin Trudeau et à la taxe carbone.
Les deux sont partis […]. Je suis une personne vraiment différente de Justin Trudeau, a déclaré M. Carney.

Pour sa part, le chef bloquiste Yves-François Blanchet a lui aussi comparé le chef libéral à Justin Trudeau, indiquant qu’il doit montrer qu’il est meilleur que son prédécesseur.
Il a d’ailleurs remis en doute ses compétences en gestion de crise et en négociation, mentionnant que le Brexit s’est déroulé alors qu’il était gouverneur de la banque centrale d’Angleterre.
Vous dites que vous êtes un bon gestionnaire de crise […], mais les seules négociations que vous avez faites sont pour les comptes aux Bermudes, a affirmé Yves-François Blanchet.
Le chef néo-démocrate Jagmeet Singh s’en est quant à lui surtout pris à Pierre Poilievre, mais a également critiqué Mark Carney sur son temps passé dans le secteur privé et sur sa décision de donner une réduction d’impôt aux millionnaires; l’accusant de prioriser les intérêts des plus nantis.
Pour qui travaillez-vous vraiment? a demandé Jagmeet Singh à Mark Carney.
« Je travaille pour les Canadiens », a répondu M. Carney, mentionnant son passage à la tête de la Banque du Canada.
Mark Carney a défendu son bilan, ajoutant qu’il peut utiliser son expérience pour servir le pays.
À la fin du débat, le chef du Bloc québécois a invité les autres chefs fédéraux à se réunir une semaine après la fin des élections, peu importe les résultats.
Nous devons nous rencontrer pour gérer cette crise avec les États-Unis, a-t-il dit.

J’ai hâte de me réunir avec tout le monde, a répondu Mark Carney. Nous avons besoin d’être une équipe en temps de crise, mais la personne qui sera élue doit aussi travailler avec toutes les provinces, les leaders autochtones, les syndicats, a-t-il ajouté.
Négociations avec Donald Trump
Les chefs politiques canadiens se sont par ailleurs exprimés sur les négociations avec l’administration de Donald Trump.

Mark Carney a souligné l’importance de construire une économie forte pour négocier avec les États-Unis.
La relation avec les États-Unis telle qu’on la connaissait est terminée, a-t-il déclaré.
Il a mis de l’avant la nécessité de diversifier les partenaires commerciaux avec des alliés qui partagent une vision similaire à celle du Canada.
Pierre Poilievre a soutenu que le Canada devait se retrouver dans une position de force dans le cadre de négociations avec les États-Unis.
Il a proposé de couper les taxes ainsi que la bureaucratie et de faciliter le développement de projets énergétiques.
Yves-François Blanchet a rappelé l’importance, selon lui, de reconnaître la différence économique du Québec et de donner à la province sa propre voix à la table de négociations.
Si cette différence est respectée, le Québec sera un partenaire fiable, a-t-il assuré.
Jagmeet Singh a quant à lui partagé son expérience personnelle dans la ville frontalière de Windsor.

Les Canadiens ont raison de craindre l’incertitude qui provient de la Maison-Blanche, a-t-il affirmé, soutenant une meilleure protection de l’Arctique et de la sécurité du pays.
Les enjeux dans l’Arctique canadien absents des débats
Pour sa part, le chef conservateur Pierre Poilievre a profité de l’occasion pour présenter le plan de défense de son parti pour le Nord, en promettant de rétablir la sécurité du Canada dans la région et d’établir une base militaire à Iqaluit.
Nous devons reconstruire notre propre Armée canadienne, car les Russes veulent faire des incursions dans nos eaux, a dit Pierre Poilievre. Nous allons acheter quatre brise-glaces arctiques massifs. Je vais ouvrir la première base arctique au Canada depuis la guerre froide.
À l’exception des propos du chef néo-démocrate et du chef conservateur sur la sécurité dans l’Arctique canadien, les problèmes quotidiens auxquels sont confrontées les communautés arctiques du pays étaient absents des débats en français et en anglais.
Représentant 40 % du territoire du pays et plus de 70 % de son littoral, l’Arctique est au centre de nombreux enjeux géopolitiques internationaux.

Annulation de la mêlée de presse
Les conférences de presse après le débat en anglais ont été annulées. Il s’agit d’une première dans l’histoire récente des débats électoraux.
Le directeur général de la commission des débats des chefs, Michel Cormier, a expliqué que cette décision est survenue parce que l’organisation ne pouvait garantir un environnement propice aux journalistes.
L’annulation survient après plusieurs critiques à l’endroit de la commission, qui a laissé des médias militants, dont Rebel News, poser de nombreuses questions lors des conférences de presse après le débat en français de mercredi.
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