Archives – Les Rangers canadiens, surveillants du Grand Nord
Même si les Rangers canadiens existent depuis 75 ans cette année, leur travail demeure souvent méconnu du grand public. Nos reportages d’archives permettent de comprendre leur rôle de patrouilleurs, d’éclaireurs et de guides pour les Forces armées canadiennes (FAC) dans les régions éloignées du pays.
Au Canada, on compte environ 5000 Rangers qui vivent dans plus de 200 communautés et qui parlent 26 langues et dialectes. Ils sont considérés comme les yeux et les oreilles du gouvernement canadien dans le Grand Nord.
C’est après la Seconde Guerre mondiale, en mai 1947, que le gouvernement a créé les Canadian Rangers dans les Territoires du Nord-Ouest et dans l’Arctique canadien.
Les Rangers sont une preuve tangible de la souveraineté du Canada sur les régions isolées ou peu peuplées du Grand Nord. Formés par les FAC, ils soutiennent les opérations militaires et signalent les activités suspectes, par exemple la présence de sous-marins ou d’avions étrangers.
Le 9 juin 1987 au Point, Françoise Stanton présente un reportage sur les Rangers des Territoires du Nord-Ouest. La journaliste est affectée à Spence Bay, aujourd’hui Taloyoak, dans la péninsule de Boothia, au Nunavut. Durant une semaine, elle assiste à la formation et à l’entraînement des Rangers inuit.
Les Rangers sont d’abord des patrouilleurs et ne se font pas confier de missions de combat, mais ils apprennent tout de même le maniement des armes. Les FAC leur fournissent des carabines. Anciennement des 303, elles ont été remplacées par les C-19, des armes très précises qui peuvent être utilisées dans le froid.
Dans ce reportage, le major Steven Joudry, grand patron des Rangers en 1987, explique que ce qu’il y a d’unique et d’important dans ce programme, c’est qu’il fait appel aux habiletés naturelles des Autochtones, qui ont appris à vivre et à survivre dans la nature.
Pour les FAC, les chasseurs et les pêcheurs inuit font les meilleurs Rangers parce qu’ils possèdent une excellente connaissance du territoire.
Que ce soit pour chasser et dépecer un phoque ou un caribou, voire pour savoir reconnaître un bon emplacement afin d’y établir un campement, les Rangers servent de guides et d’instructeurs en ce qui a trait aux techniques de survie.
En 1987, lors de ce reportage du Point, on comptait 640 Rangers. Ils sont aujourd’hui 5000, dont 79 % d’hommes. On compte 1056 femmes dans leurs rangs.
En plus de surveiller le territoire canadien dans les régions éloignées, les Rangers sont une aide précieuse pour leur communauté. En effet, ils jouent un rôle de premiers répondants.
Le 20 mars 1999 au Téléjournal, Claude Frigon présente un reportage sur une cérémonie des Forces armées canadiennes qui souligne le courage des Rangers qui ont porté secours aux résidents de Kangiqsualujjuaq.
Le 31 décembre 1998 à Kangiqsualujjuaq, dans le nord-est du Québec, une grosse avalanche a coûté la vie à neuf personnes.
Les Rangers ont alors été les premiers à participer à l’opération de sauvetage.
« La patrouille de ce village a eu droit à des honneurs pour avoir creusé à mains nues dans la neige par un froid glacial pour dégager les survivants. »
Aux missions qui consistent à guider les FAC, à surveiller le territoire et à faire des sauvetages s’ajoute la tâche de garder et de transmettre le savoir autochtone. Ce savoir est non seulement valorisé par les activités des Rangers, mais aussi légué aux jeunes générations au sein des Rangers juniors.
Le 20 juillet 2000, le journaliste Gilles Sirois nous fait découvrir les Rangers juniors, qui sont en quelque sorte l’équivalent des cadets de l’armée.
Le mouvement des Rangers juniors a toutefois cette particularité d’être intimement lié aux valeurs autochtones et inuit. Faire partie des Rangers juniors permet de prendre contact avec un mode de vie traditionnel. Les jeunes doivent connaître les trucs ingénieux de leurs ancêtres pour survivre en forêt.
Ce programme plaît aux jeunes qui manquent parfois d’activités et de loisirs dans les régions éloignées du Grand Nord. Il permet de redonner un sens de la communauté.
Ce savoir ancestral est d’une grande utilité pour les FAC et pour le renforcement de la présence canadienne dans l’Arctique.