Recherche de solutions à la crise des drogues dans la région du Sahtu

Un texte d’Angie Isnel
Les représentants des communautés de la région du Sahtu se sont réunis cette semaine à Fort Good Hope pour trouver des solutions à la crise liée aux drogues dans les Territoires du Nord-Ouest.
Une représentante de Sahtu Secretariat Incorporated (SSI), Valerie Gordon, explique que c’est l’occasion pour les professionnels de la santé de partager ce qui a fonctionné et ce qui n’a pas fonctionné dans leurs communautés, et de déterminer la meilleure voie à suivre.
Suite à cette réunion, le gouvernement des Territoires du Nord-Ouest a lancé la page web Les drogues aux T.N.-O (nouvelle fenêtre) recensant les ressources pour sensibiliser et aider les résidents face aux substances.
Au cours des deux dernières années, on a assisté à une véritable montée en puissance du problème de la drogue, qui a atteint un niveau critique, et Fort Good Hope en a été le théâtre au cours des deux derniers mois, affirme Valerie Gordon, Sahtu Secretariat Incorporated.
Cela survient après l’arrestation, par la GRC le mois dernier, d’un jeune québécois pour meurtre à Fort Good Hope. L’accusé faisait partie du trafic de drogue. La police a également fait une saisie après l’interception d’un véhicule de luxe sur la route d’hiver entre Norman Wells et Fort Good Hope.
C’est vraiment difficile à regarder, a déclaré Valerie Gordon.Le manque de capacité est vraiment évident. Nous devons faire venir plus de personnes responsables du bien-être dans la communauté.
Revenir aux guérisons ancestrales
Samantha Kenny est résidente de Délı̨nę. Elle a perdu sa sœur à cause d’une dépendance alors qu’elle était en traitement à Calgary. Elle souhaite sensibiliser les gens et faire partie de la solution.
C’est devenu tellement normal et je suis très inquiète pour les jeunes qui grandissent dans ce contexte. C’est une réalité plus dure pour nos jeunes.
Elle pense que les dirigeants devraient s’éloigner des modes de guérison occidentaux
et revenir aux modes traditionnels.
Je pense que ma sœur avait vraiment besoin de se connecter à la terre, j’ai l’impression qu’elle aurait été mieux servie avec un programme sur place, dit Samantha Kenny, résidente de Délı̨nę.
Jada Jackson, de Fort Good Hope, qui a assisté à la réunion, s’est récemment remise de sa propre dépendance.
Elle souligne qu’elle est revenue dans la communauté pour entamer son parcours de guérison en 2020, après avoir fait une surdose à Edmonton.
C’était une expérience que je ne voulais pas revivre. Et j’ai réalisé que pour la première fois de ma vie, je voulais vivre.

Après deux ans de rétablissement, Jada Jackson a trouvé un emploi d’assistante sociale pour victime, mais le stress mental lié à ce travail l’a fait rechuter. C’est alors qu’elle s’est inscrite à Renascent, un centre de traitement des dépendances à Toronto.
Si je n’avais jamais demandé d’aide et si j’avais continué à penser que je pouvais m’en sortir toute seule, je n’aurais pas réussi, affirme cette résidente de Fort Good Hope. Aujourd’hui, j’essaie de faire des études pour pouvoir aider d’autres toxicomanes à l’avenir.
Elle précise que les Ténois en traitement à Toronto sont ensuite renvoyés et retombent directement dans la même situation qu’ils fuyaient. Elles manquent de soutien au territoire.
Trafic, dépendance et traumatisme
Pour Jada Jackson, les dirigeants doivent se pencher sur les causes profondes de cette crise pour réellement aider les membres de leur communauté qui sont en difficulté.
Elle estime qu’il faut se demander d’où viennent toute cette souffrance et cette douleur?
Une grande partie vient du traumatisme intergénérationnel des pensionnats… Le fait d’acquérir ces connaissances aujourd’hui m’aide à comprendre un peu. Cela m’a aidé dans mon cheminement.
Les T.N.-O. ont besoin de plus de ressources pour faire face à la crise, notamment de centres de traitement communautaires, de groupes de soutien et d’une meilleure éducation.
J’espère que les dirigeants sont prêts à écouter et pas seulement nos besoins, mais aussi ce dont nous avons besoin collectivement pour guérir de cette maladie, de la dépendance. C’est bien plus que cela. C’est plus profond. Nous devons aller plus loin, conclut Jada Jackson.
Avec des informations de Lawrence Nayally