Le manque de confiance entre la police et les Autochtones au Canada nuit aux enquêtes, dit un chercheur

Trois agents de la police de Regina transportent un manifestant dans le cadre du démantèlement d’un camp de protestation contre le gouvernement. (CBC)
Un chercheur de l’Université de Regina (Saskatchewan, dans le centre du Canada) espère que les audiences de l’Enquête nationale sur les femmes et les filles autochtones disparues et assassinées permettront de trouver des solutions pour améliorer les relations entre les forces policières et les Autochtones.

L’audience sur les procédures policières examinées par cette enquête se poursuit cette semaine à Regina.

Le professeur agrégé du département des études sur la justice à l’Université de Regina Nick Jones estime que parfaire les relations entre la police et les Premières Nations permettra d’améliorer les enquêtes policières.

Pendant ses recherches, le chercheur s’est entretenu avec des communautés autochtones de la Saskatchewan au sujet de leur relation avec la police. « L’importance d’établir et de maintenir des relations respectueuses entre la police et les membres de la collectivité était pour eux de la plus haute importance », a-t-il rapporté.

« Une meilleure relation entre la police et les communautés peut conduire à de meilleures enquêtes et à la capacité de faire le suivi de certaines affaires. »

Nick Jones

« S’il y a un problème de confiance, je pense que cela peut empêcher les membres d’une communauté d’aller chercher l’aide de la police et de la police d’aller chercher l’aide de la communauté », a-t-il expliqué.

L’importance du respect

Selon Nick Jones, l’une des clés pour bâtir cette confiance est le respect : « Le respect dans le sens où il permettrait à la police et à la communauté d’interagir en tant qu’êtres égaux pour apprendre et grandir grâce à cette relation ».

« C’est une reconnaissance mutuelle des deux côtés [quant au fait] que les deux parties ont des connaissances et des compétences pour assurer la sécurité et pour s’attaquer au crime. »

Nick Jones

« La police doit vraiment bâtir cette relation. Ce type de relation ne peut pas se développer avec une police répressive ou une police de bureau. Cela se développe lorsque la police est engagée au sein de la communauté et qu’elle comprend et respecte les connaissances de la communauté, sa culture et ses traditions », a-t-il indiqué.

Il affirme que le transfert des policiers est également un frein pour cultiver ces relations. « C’est problématique, dit-il, si les policiers sont là pour un temps limité, cela a un effet potentiellement négatif sur l’établissement de cette relation et sur la capacité à la maintenir. »

Pour une police culturellement adaptée
Michèle Audette, commissaire de l’Enquête nationale sur les femmes autochtones. (Radio-Canada)

La commissaire de l’Enquête nationale sur les femmes autochtones, Michèle Audette, a rapporté que les témoignages des policiers entendus mercredi avaient permis de souligner des lacunes au sein du système policier.

« Il y a des choses qui méritent une attention au niveau de l’effectif, de la formation, au niveau de la connaissance sur les droits autochtones ou des territoires autochtones. La relation est à revoir ou à refaire ou à bâtir. C’était important et intéressant d’entendre ces choses-là », a-t-elle déclaré.

Mme Audette a aussi déclaré que les services policiers devaient répondre aux besoins des communautés autochtones en s’adaptant à leur culture.

« Il y a une difficulté qui émane de la méfiance, alors j’espère que les gens vont reconnaître que les gens dans les communautés méritent d’avoir le même service policier, adapté culturellement, mais avec les mêmes protections, et ce qui n’est pas le cas en ce moment en 2018 », a-t-elle déploré.

Lise Ouangari, Radio-Canada

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