La nation dénée s’attaque à la crise des drogues aux T.N.-O.

Un texte de Francis Tessier-Burns
La nation dénée priorise la création d’un groupe de travail afin de répondre à ce que certains dirigeants ont qualifié de crise des drogues illicites dans leurs communautés.
Cette semaine, des délégués de chaque région se sont réunis en urgence à Yellowknife pour discuter de la question.
Il n’y a rien de plus dangereux pour nos communautés et pour nos jeunes que la crise des drogues, déclare George Mackenzie, le chef national des Dénés dans les Territoires du Nord-Ouest.
Il espère que la création d’un groupe de travail permettra de trouver des solutions.
Le groupe, composé de représentants régionaux, aura pour mandat de préparer un plan pour prévenir la criminalité dans leurs communautés.
Tatsǫ́ Juniper a déjà été désigné comme le représentant du Sahtú.
Selon lui, le travail doit être empreint de compassion.
Si tu consommes de la drogue, ça ne veut pas dire que tu es une mauvaise personne, affirme-t-il.Il faut ramener ces gens vers nous, leur faire comprendre qu’on les aime, peu importe leurs gestes du passé. Ils doivent renouer des liens positifs avec nos communautés.
Une préoccupation pour plusieurs
Herb Norwegian, grand chef du Dehcho, souhaite que le forum produise des résultats concrets.
Tout le monde à cette table connaît quelqu’un qui a été touché, explique Herb Norwegian, grand chef du Dehcho. L’heure est venue d’affronter la situation.
Sheryl Yakeleya, députée de la circonscription de Dehcho, partage ce point de vue. Elle ajoute que la crise a aussi des répercussions sur les jeunes et sur les écoles.
Il est important d’en parler aux parents. Ils doivent comprendre que c’est la réalité, affirme-t-elle.
Pour George Mackenzie, il est temps que les communautés prennent les choses en main.

On en a assez des autres qui nous disent quoi faire. […] On a perdu plusieurs de nos jeunes. On ne peut plus attendre.
C’est pourquoi, selon lui, les personnes présentes à la table étaient les mieux placées pour faire face au défi.
L’expulsion comme solution?
Une des solutions abordées lors de la discussion était de bannir les malfaiteurs des communautés.
Marc Gibson, avocat spécialisé en droit autochtone, indique que la facilité avec laquelle une communauté peut exclure quelqu’un dépend de la personne en question.
Expulser quelqu’un qui n’appartient pas à la communauté est relativement simple avec une loi sur l’intrusion, dit-il.
Toutefois, si la personne fait partie de la communauté, il devient plus complexe de l’expulser, surtout si elle est Autochtone, puisqu’elle a un droit reconnu par la loi de demeurer dans le lieu. Dans ce cas, l’individu doit avoir la chance de s’expliquer.
La Charte des droits et libertés pourrait même être invoquée.
L’application de la loi est une autre difficulté. Marc Gordon conseille aux représentants de consulter les autres membres de la communauté, ainsi que la police, avant même d’adopter une loi sur l’intrusion.
Sinon, ils vont se retrouver avec une loi que les gens ne respecteront pas, ce qui n’aidera pas la situation, note-t-il.
Une nouvelle combinaison de drogue détectée
L’alerte lancée par la directrice de la santé publique au sujet de la détection d’une nouvelle combinaison de drogues a mis en évidence la pertinence de la discussion.
Dans un communiqué, l’agence de santé publique territoriale indique qu’un véhicule a été intercepté entre Norman Wells et Fort Good Hope à la mi-mars alors qu’il transportait de la drogue illicite.
L’analyse du fentanyl a révélé la présence de la désalkygidazépam, une benzodiazépine, qui n’avait jamais été détectée auparavant dans le territoire.
Le communiqué mentionne que la combinaison pourrait faire en sorte que les effets de la drogue durent plus longtemps ou soient plus puissants et que la naloxone ne sera plus aussi efficace
.
Les professionnels de la santé soulignent qu’il est impossible de détecter la présence d’opioïdes ou de benzodiazépine dans les drogues illicites à la vue, à l’odorat ou au goût.
Selon l’agence, il y a eu cinq décès liés aux opioïdes dans quatre communautés l’année dernière, ce qui montre une évolution préoccupante
de la présence des drogues dans le territoire.
Avec des informations de Jocelyn Shepel, Hilary Bird et Avery Zingel
À lire aussi :