Des postes clés pourvus par des contractuels aux Services à la famille du Nunavut

La façade extérieure du bâtiment du ministère des Services à la famille du Nunavut, à Iqaluit, 11 mai 2023.
Le bâtiment du ministère des Services à la famille, à Iqaluit. (Photo d’archives : Radio-Canada/Matisse Harvey)

D’anciens employés du ministère des Services à la famille du Nunavut dénoncent le recours à des employés contractuels pour pourvoir des postes de direction et de première ligne, une pratique qui, selon eux, minerait la confiance des communautés envers le gouvernement territorial.

Dans une réponse fournie à CBC/Radio-Canada, le ministère précise que le taux de postes occupés est passé de 67 % à 61 % depuis le début de 2023.

Cette situation imposerait l’embauche d’un certain nombre d’employés contractuels, indique-t-il, sans toutefois en préciser le nombre.

L’embauche de travailleurs contractuels serait nécessaire pour maintenir les services alors que les activités de recrutement pour des postes permanents sont en cours, indique le ministère. 

Cette approche garantit que les enfants, les jeunes et les familles continuent à recevoir l’aide dont ils ont besoin sans délai.

Jane Bates, représentante de l’enfance et de la jeunesse du Nunavut, demeure sceptique.

Une personne qui travaille à distance ne peut assurer un rôle de première ligne en protection de l’enfance. C’est un travail concret qui nécessite de développer des liens et d’échanger en face-à-face avec les familles et les enfants, souligne-t-elle.

En juin, le commissaire à l’information et à la protection de la vie privée du Nunavut a dévoilé un rapport faisant état de lacunes systémiques portant sur la confidentialité des dossiers des enfants pris en charge par les Services à la famille.

En vertu de la Loi sur les services à l’enfance et à la famille, seuls quelques fonctionnaires territoriaux sont autorisés à communiquer des renseignements portant sur des enfants pris en charge.

Jane Bate craint que cette règle ne soit pas entièrement respectée si l’on confie le travail à des employés contractuels.

Un environnement de travail toxique

CBC/Radio-Canada s’est entretenue avec deux anciens employés du ministère des Services à la famille du Nunavut, dont l’anonymat a été préservé pour ne pas nuire à leur emploi.

L’un d’entre eux déplore que ces embauches sous contrat se fassent au détriment d’employés inuit.

Cela n’est pas conforme à l’entente du Nunavut. Ce n’est pas conforme aux valeurs du gouvernement du Nunavut. Nous ne donnons même pas la chance aux employés inuit de prendre leur propre changement en main, dans leurs propres communautés, et de fournir des rétroactions essentielles, dit-il.

Un second employé craint que le recours à des employés temporaires ne génère de la méfiance dans les communautés. «Écarter des employés locaux et expérimentés au profit de personnes venues de l’extérieur, qui n’ont souvent aucun lien avec le Nunavut, nuit à la confiance du public envers le gouvernement, aux compétences culturelles du ministère et à la continuité des services», affirme-t-il.

L’ex-employé avance que c’est une culture de travail toxique dans le ministère qui a entraîné plusieurs démissions.

Le ministère a une réputation en ce qui a trait à l’épuisement professionnel, à son environnement de travail toxique et à une déconnexion de sa haute direction, soutient-il.

En réponse, le ministère indique qu’il compte lancer une série d’assemblées publiques et de sondages visant à mieux comprendre comment recruter et retenir les employés qualifiés.

Avec les informations de Samuel Wat

Radio-Canada

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