Le gouvernement tłı̨chǫ envisage d’interdire la chasse au caribou en hiver

Un texte de Thomas Ethier
Face à un déclin accéléré du nombre de caribous de Bathurst aux Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) et au Nunavut, le grand chef des Tłı̨chǫs, Jackson Lafferty, envisage de faire interdire la chasse hivernale sur le territoire parcouru par la harde.
De nouvelles mesures seront soumises dans les prochaines semaines, dans le cadre de rencontres du Comité consultatif sur la protection du caribou de Bathurst, mise sur pied pour établir des stratégies de conservation.
Selon les résultats du recensement de 2025, la harde de caribous de Bathurst a diminué de 47 % en seulement 3 ans, passant de 6851 animaux en 2022 à 3609 en 2025.
Au milieu des années 1980, on dénombrait environ 470 000 caribous de Bathurst dans le Nord canadien.
De nouvelles règles en vue
Jackson Lefferty entend proposer un moratoire de 5 ans sur la chasse hivernale, à partir de 2027.
Comme l’explique le chef, l’accès aux routes d’hiver augmente le nombre de chasseurs et d’animaux tués, alors qu’en automne, les zones de chasse ne sont atteignables que par avion.

Le gouvernement tłı̨chǫ souhaite également faire imposer une interdiction de chasse dans un corridor de 3 km aux abords de la route d’hiver du lac Tibbitt au lac Contwoyto, et y accroître le nombre d’agents de la faune.
Nous devons trouver d’autres avenues pour protéger la harde, insiste-t-il.
En 2015, le gouvernement territorial a mis en place une zone de chasse mobile.
Le chef souligne aussi l’importance d’accroître les activités d’éducation et de sensibilisation auprès des chasseurs de la région, afin de faire respecter les règles et d’encourager des pratiques de chasse respectueuse et viable.

Nous dépendons du caribou depuis des générations pour nous nourrir et nous vêtir. Le caribou est un élément central de notre culture et notre mode de vie depuis des centaines d’années. Il est de notre responsabilité de protéger les hardes.
Dans un communiqué publié en novembre, le ministère de l’Environnement des T.N.-O. dit recueillir toute une gamme de données sur les hardes, y compris le taux de gestation et de survie des veaux, des femelles et des mâles.
Notre collaboration avec les gouvernements autochtones, les organismes autochtones, les conseils de cogestion et nos voisins du Nunavut nous permet de mettre en place une approche unifiée pour garantir que les générations futures puissent bénéficier d’une population de caribou saine, déclare le ministre de l’Environnement, Jay McDonald, dans le communiqué.
Mortalité et déplacements
Une biologiste qui travaille auprès du gouvernement des Territoires du Nord-Ouest, Allicia Kelly, précise que plusieurs facteurs peuvent expliquer le déclin de la harde de caribous de Bathurst.
Un taux de mortalité plus élevé que le nombre de naissance pourrait expliquer en partie la situation.
On observerait également un déplacement inhabituel des femelles caribous.
Nous observons que des femelles qui, traditionnellement, retournent vers leurs aires de vêlage pour donner naissance se déplacent aujourd’hui vers des hardes voisines, constate-t-elle.
La scientifique souligne l’importance de mettre les données brutes du recensement des hardes de caribous en relation avec les connaissances traditionnelles, de même qu’avec les observations des résidents des communautés.
Nous devons examiner ensemble les connaissances ancestrales, les observations des groupes autochtones sur le terrain, ainsi que les informations issues de la science occidentale, afin de vraiment comprendre l’état de santé des hardes, explique-t-elle.
Le 28 août, les gouvernements des T.N.-O. et du Nunavut ont signé un protocole d’entente mis à jour concernant la coopération sur la gestion du caribou entre les deux territoires.
