Les Inuit pressent Ottawa de sécuriser l’Arctique

Un homme marche de dos vers un hélicoptère qui s'apprête à se poser au sol durant l'opération militaire Nanook, dans le nord des Territoires du Nord-Ouest, le 1er mars 2025.
Un hélicoptère Chinook atterrit pour charger du ravitaillement en vue d’approvisionner des Rangers canadiens qui aident à construire une piste d’atterrissage pour avions à skis sur le lac Parsons pendant l’opération Nanook, l’opération annuelle d’entraînement et de souveraineté des Forces armées canadiennes dans l’Arctique, à Inuvik, dans le nord des Territoires du Nord-Ouest, le 1er mars. (Photo : Getty Images/Cole Burston/AFP)

Un texte d’Angie Isnel

Les représentants inuit demandent au Canada de rattraper son retard dans l’investissement en Arctique, convoité par les puissances mondiales pour ses ressources naturelles et pour l’espace commercial du passage maritime du Nord-Ouest.

L’organisme national Inuit Tapiriit Kanatami (ITK), qui représente 51 communautés inuit, détaille ce qu’il considère comme des lacunes du Canada et la vision inuit du renforcement de la sécurité dans un document publié le 16 juin.

La Russie, la Chine et les États-Unis convoitent le Nord et voudraient en faire un territoire international plutôt qu’un territoire canadien, selon l’ancien chef du Bureau Asie-Pacifique pour le Service canadien du renseignement de sécurité (SCRS) Michel Juneau-Katsuya.

Il faut que le Canada, au-delà d’une présence ponctuelle, militaire occasionnelle, installe vraiment une habitation permanente, affirme Michel Juneau-Katsuya, ancien chef du Bureau Asie-Pacifique du SCRS.

Mentionnant leurs craintes pour la souveraineté canadienne, les représentants de l’Inuit Tapiriit Kanatami aspirent à une collaboration renforcée avec la Couronne en s’appuyant sur l’expertise des Inuit.

Les pêcheurs inuit surveillent de vastes zones terrestres et maritimes adjacentes à nos communautés, que la Garde côtière canadienne et les Forces armées canadiennes n’ont actuellement pas la capacité de surveiller ou de sécuriser, explique l’Inuit Tapiriit Kanatami.

Ils soulignent notamment les avancées militaires de la Russie, de la Chine et des États-Unis, ainsi que leurs collaborations dans l’exercice d’influence.

Contrairement au Canada, la Russie a investi massivement dans le transport maritime régional, l’infrastructure, l’extraction des ressources et l’infrastructure militaire sur l’ensemble de son territoire arctique, peut-on lire dans le rapport.

Ils ajoutent avoir observé que les navires passant par les eaux russes sont déjà plus nombreux que ceux qui empruntent le Passage du Nord-Ouest canadien.

Sécuriser les populations contre l’ingérence étrangère

Ces convoitises internationales mettent en tension les peuples inuit, qui se trouvent dans une position vulnérable et délicate, note le document.

[Le Canada] met en garde [les Inuit] contre l’acceptation ou la sollicitation d’investissements nécessaires auprès d’autres [puissances], sans que le Canada n’offre d’alternative claire pour remédier au grave déficit d’infrastructures dans l’Arctique, dit le rapport de l’Inuit Tapiriit Kanatami.

En 2023, le SCRS a mis en garde les dirigeants inuit contre l’influence et les risques posés par les investissements étrangers.

Pour éviter les attraits d’autres pays, les représentants de l’ITK croient qu’il est impératif pour le Canada de combler les besoins en infrastructures portuaires, aéroportuaires, routières et technologiques.

Le président de l'organisme national Inuit Tapiriit Kanatami, Natan Obed, se tient devant un hélicoptère dans un hangar des forces armées canadiennes à Iqaluit, au Nunavut, le 18 mars 2025.
Le président de l’organisme national Inuit Tapiriit Kanatami, Natan Obed (Photo : Radio-Canada/Matisse Harvey)

Michel Juneau-Katsuya affirme que les résidents du Nord doivent être soutenus, formés et équipés pour faire face aux délégations étrangères qui viennent à leur rencontre, lesquelles leur promettent mer et monde, qui ont un beau discours, tout doux et tout racoleur.

Il précise que le SCRS a signalé la présence de délégations chinoises venant régulièrement pour courtiser les communautés du Nord dans l’espoir de s’y installer et d’investir.

Changer de stratégie de financement

L’investissement dans les infrastructures de l’armée doit avoir une vision à long terme et de double usage par le biais d’une politique fiscale axée sur le développement régional, plutôt que sur le développement basé sur des projets, selon les représentants de l’ITK.

Ils souhaitent un renforcement de la population par grâce à des investissements dans l’éducation, les hôpitaux, le logement et la réduction de la faim.

Que ce soit les militaires ou les garde-côtes, ils vont avoir besoin de ressources et d’entretien d’équipement, indique Michel Juneau-Katsuya, ancien chef du Bureau Asie-Pacifique du SCRS. Il va falloir être capable de répondre aux besoins de ces nouveaux arrivés.

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