Une pétition demande une réforme des pratiques policières au Nunavik

Une voiture de police avec l'emblème du corps policier le 5 novembre 2024.
Le Service de police du Nunavik dessert les villages de la région inuit du nord du Québec. (Photo d’archives : Radio-Canada/Félix Lebel)

Une pétition circule au Nunavik pour demander une réforme du Service de police du Nunavik, après la mort d’un résident d’Inukjuak, tué par balles durant une intervention policière, le 17 juillet, la troisième dans des circonstances similaires en huit mois dans la région.

La lettre qui accompagne la pétition est adressée au premier ministre du Québec, François Legault.

Elle demande que les policiers ne portent plus d’armes à feu et qu’une commission d’enquête soit ouverte.

Au moment où ces lignes étaient écrites, plus de 675 personnes avaient signé la pétition.

Les auteurs de cette démarche demandent par ailleurs qu’une équipe réconciliation Québec soit créée, avec des investissements immédiats de plus de 250 millions de dollars dans les services aux citoyens.

La confiance s’effrite au Nunavik entre la population et le service de police. (Photo d’archives de Kuujjuaq : Radio-Canada/Félix Lebel)

Le texte de la pétition a été cosigné par Garnet Papigatuk, lui-même blessé lors d’une intervention policière en novembre 2024, durant laquelle son frère jumeau a trouvé la mort.

Le texte porte aussi la signature de David Annanack, le père de Marc Annanack, mort en mai dernier dans le village de Kangiqsualujjuaq, dans des circonstances similaires.

Ce dernier critique la stratégie d’embauche du Service de police du Nunavik qui, selon lui, favorise de jeunes policiers ayant une expérience limitée.

Les agents n’ont pas assez de compétences en matière de désescalade des situations tendues, selon le maire de Kangiqsualujjuaq. (Photo d’archives : Radio-Canada/Eilís Quinn)

Ils leur enseignent comment devenir policiers au Nunavik. C’est ça, leur grande erreur. Ça arrive encore aujourd’hui et j’essaie que ça s’arrête. Je pensais que mon fils allait être le dernier à être tué par la police, explique en entrevue David Annanack, qui est par ailleurs le maire du village de Kangiqsualujjuaq.

Ça va continuer si on ne les arrête pas, ajoute le père de la victime.

Depuis 2017, 17 personnes sont mortes, et 11 autres ont subi des blessures importantes durant des détentions provisoires ou des interventions policières dans la région.

Ces drames ont effrité la confiance des Nunavimmiut envers le Service de police du Nunavik.

Un audit en cours

Le cabinet du ministre de la Sécurité publique du Québec, François Bonnardel, a réagi par courriel à la lettre. Il dit porter une attention particulière à l’érosion du sentiment de confiance de la population du Nunavik envers son service de police.

Le cabinet du ministre a aussi salué l’analyse approfondie du service de police régional lancée en mai dernier par l’Administration régionale Kativik (ARK). Les résultats de cet audit sont attendus à l’automne.

Étant responsables de l’administration de leur corps de police et par respect à leur autonomie, les équipes du ministère de la Sécurité publique vont être disponibles pour accompagner, conseiller et faciliter la mise en œuvre de cet audit indépendant par l’ARK, a déclaré le cabinet du ministre Bonnardel.

François Bonnardel en mêlée de presse.
Le ministre de la Sécurité publique, François Bonnardel, a salué l’audit organisé par l’Administration régionale Kativik. (Photo : Radio-Canada)

De son côté, l’ARK a tenu à offrir ses condoléances à la famille du résident d’Inukjuak tué durant l’intervention policière.

Une rencontre du conseil d’administration de l’ARK a été tenue au début de la semaine.

Ces derniers ont pris la décision de mettre fin, sous peu, au système d’horaire en rotation qui prévaut au Service de police du Nunavik.

Cet horaire prévoit que les agents travaillent durant une période de deux semaines au Nunavik, puis qu’ils prennent deux semaines de congé, à l’extérieur du territoire.

Cet horaire a été récemment mis en place au SPN pour améliorer l’attraction et la rétention des agents de police qui travaillent dans les communautés.

L’Administration régionale Kativik est responsable du Service de police du Nunavik. (Photo d’archives : Radio-Canada/Félix Lebel)

L’ARK a aussi réitéré sa demande, auprès du gouvernement du Québec, de rendre publics les résultats d’enquêtes du Bureau des enquêtes indépendantes (BEI). Elle demande aussi que les rapports d’enquêtes soient traduits en inuktitut et dévoilés à la population dans un délai de six mois.

Actuellement, le BEI ne dévoile pas systématiquement les détails de ses enquêtes, qui concernent les services de police.

Ces fusillades mortelles à répétition privent les Nunavimmiut de la possibilité de guérir et de se sentir pleinement en sécurité dans leur communauté, a déclaré par voie de communiqué Mary Arngaq, la vice-présidente du conseil d’administration de l’ARK.

Nous devons de toute urgence trouver des moyens permettant à nos communautés de travailler avec la police et les résidents pour identifier, prévenir et désamorcer les situations potentiellement mortelles, a-t-elle ajouté.

Le BEI enquête

Le Bureau des enquêtes indépendantes (BEI) a lancé une enquête pour faire la lumière sur l’intervention policière qui a mené à la mort du résident d’Inukjuak.

Selon le Service de police du Nunavik, les agents auraient répondu à un appel d’urgence signalant un cas de séquestration durant la soirée du 17 juillet.

Le ciel teinté de rose à Inukjuak.
La communauté d’Inukjuak se trouve sur les côtes de la baie d’Hudson, dans le Nord-du-Québec. (Photo d’archives : Emallak Oweetaluktuk)

En arrivant sur place, ils se seraient retrouvés face à un individu armé d’un couteau, ce qui a mené à l’utilisation des armes de service, selon le SPN.

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Félix Lebel, Radio-Canada

Journaliste à Sept-Îles

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