Les Yukonnais voteront bientôt pour donner leur avis sur le mode de scrutin

La question du plébiscite apparaît sur un bulletin de vote spécial. La question est : «Devrait-on changer le mode d’élection des membres de l’Assemblée législative du Yukon, qui est actuellement le mode de scrutin uninominal majoritaire à un tour, pour adopter un mode de scrutin préférentiel? OUI / NON»
Les Yukonnais sont invités à donner leur avis sur la réforme électorale en répondant à la question du plébiscite. Ceux qui voteront « oui » optent pour le scrutin préférentiel, c’est-à-dire que, pour gagner, un candidat devra obtenir une majorité des voix comptées (au moins 50 % plus 1). Dans le système actuel, un candidat doit obtenir le plus grand nombre de voix. (Photo : Radio-Canada/Marie-Soleil Desautels)

Un texte de Marie-Soleil Desautels

Le Yukon flirte avec l’idée d’une réforme électorale. Lors des élections territoriales du 3 novembre prochain, les électeurs recevront deux bulletins : un pour choisir leur député, comme d’habitude, et l’autre pour se prononcer dans un plébiscite sur la question.

Ils devront dire s’ils souhaitent adopter un nouveau mode de scrutin où ils classeraient les candidats par ordre de préférence, ou s’ils préfèrent conserver le scrutin majoritaire uninominal à un tour.

À noter qu’un plébiscite est un moyen de consulter le public. Ce n’est pas contraignant comme un référendum peut l’être : le gouvernement n’est pas obligé de tenir compte du résultat.

André Blais, professeur émérite de science politique à l’Université de Montréal, « croit que ça a quand même une valeur morale importante ». Il dit s’attendre à ce que les élus adoptent la réforme si une majorité claire de Yukonnais l’appuient.

Changement ou statu quo?

Avec le mode de scrutin préférentiel, l’électeur classe les candidats en inscrivant sur son bulletin lequel est son 1er choix, 2e choix, 3e choix, etc.

Ça permet aux électeurs d’exprimer leurs préférences de façon plus nuancée, dit M. Blais. Il dit que c’est un avantage par rapport au mode de scrutin actuel où le candidat élu est tout simplement celui qui récolte le plus de votes.

L’argument pour le statu quo, continue-t-il, est que c’est simple et que l’on comprend facilement qui va l’emporter. Aussi, en général, le mode de scrutin actuel mène à un gouvernement majoritaire, dit-il, ce que certains préfèrent.

Le mode de scrutin préférentiel, lui, implique plus de calculs. Le candidat élu doit en effet obtenir la majorité absolue. Il peut ainsi être nécessaire de redistribuer les votes attribués aux candidats les moins populaires à ceux qui se sont classés en haut du palmarès.

Ce système incite les candidats à faire des compromis, dit M. Blais, et bénéficie à ceux qui ne sont pas trop extrémistes, en plus de favoriser une dépolarisation de la politique.

Cela semble être le cas en Alaska. Le mode de scrutin préférentiel y est en vigueur depuis 2020. L’organisme non partisan Sightline Institute estime que les changements ont permis des élections primaires plus inclusives et moins partisanes et qu’elles ont offert aux élus plus de marge pour gouverner de manière moins polarisée, notamment.

L’adoption du scrutin préférentiel connaît d’ailleurs un certain succès et gagne en momentum actuellement aux États-Unis, dit M. Blais.

Au Canada, le mode de scrutin majoritaire uninominal à un tour est celui qui est utilisé actuellement dans toutes les élections, à tous les ordres de gouvernement. Changer ce système est difficile : plusieurs provinces comme l’Ontario, la Colombie-Britannique, l’Île-du-Prince-Édouard et le Nouveau-Brunswick ont échoué.

En général, dit M. Blais, les élus craignent d’être défavorisés et les électeurs ont tendance à vouloir conserver le mode de scrutin qu’ils connaissent.

Et la proportionnelle dans tout ça?

Le principal groupe en faveur d’une réforme électorale au Yukon est cependant insatisfait du plébiscite. Fair Vote Yukon souhaite un système proportionnel et croit que la population est largement d’accord. Il a fait pression, sans succès, pour que ce choix soit ajouté au bulletin de vote de novembre.

La militante Sue Greetham, de Fair Vote Yukon, voudrait pouvoir voter aucune de ces réponses au plébiscite. Elle reconnaît tout de même que le scrutin préférentiel serait un bon premier pas pour changer le système actuel.

Le directeur général des élections, Maxwell Harvey, tient une affiche qui invite les citoyens à s'informer sur la réforme électorale auprès de son bureau.
Le directeur général des élections, Maxwell Harvey, invite les citoyens à s’informer sur la réforme électorale en consultant le site web. Des dépliants seront aussi offerts aux électeurs. (Photo : Radio-Canada/Marie-Soleil Desautels)

Le directeur général des élections, Maxwell Harvey, rappelle que la question sur le plébiscite découle du choix d’une assemblée citoyenne.

Celle-ci a été constituée pour se pencher sur une réforme électorale et a publié son rapport l’an dernier. Elle a recommandé le scrutin préférentiel, croyant qu’il encourage les citoyens à participer, diminue le vote stratégique et rend le résultat plus légitime aux yeux des électeurs.

Une partie de l’assemblée préférait un système hybride pour une représentation proportionnelle, mais la majorité a jugé qu’il était complexe à instaurer et que cela pourrait porter à confusion.

Quant au professeur André Blais, il dit qu’il voterait pour la réforme s’il le pouvait. Ça pourrait avoir des effets intéressants, dans le sens du compromis et de la dépolarisation politique.

Avec des informations de Chris Windeyer

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