Pénurie de médecins : le Nord tente de bien s’en tirer

Façade de l'Hôpital Stanton
L’Hôpital territorial Stanton, à Yellowknife, a officiellement ouvert ses portes à l’été 2019. (Photo d’archive) (Walter Strong/ Radio-Canada)

Un texte de Mohamed-Amin Kehel

Comme partout au Canada, les hôpitaux des trois territoires canadiens font face à une importante pénurie de médecins. Les recruteurs cherchent à être créatifs et compétitifs dans leurs stratégies et tablent notamment sur des incitatifs financiers, mais aussi sur l’appel du Grand Nord.

Au Yukon, le gouvernement et l’association médicale du territoire ont signé en août une nouvelle entente qui instaure des primes allant jusqu’à 250 000 $ pour un contrat de cinq ans aux urgences de Whitehorse.

L’initiative paie, selon Derek Bryant, président de l’Association médicale du Yukon.

Avec ces incitatifs, certains commencent à considérer de venir au Yukon. Je vois déjà du monde me poser des questions alors je crois qu’on verra plus de recrutement.

Le Dr Derek Bryant dans un studio de CBC.
Le Dr Derek Bryant est président de l’Association médicale du Yukon. (Photo d’archives) Photo : Radio-Canada

Le constat est le même au Nunavut, explique Cédric Gagné, le directeur des affaires médicales du gouvernement territorial. Son administration propose un système de bonus pour les médecins qui complètent un certain nombre de journées par année civile.

Correction :
Le 22 octobre 2025, nous avons modifié pour préciser le traitement réservé aux médecins, qui n’ont pas droit au même régime de primes à la signature que d’autres professionnels de la santé.

On est très ravis des résultats. Ça a vraiment changé la donne, affirme-t-il.

Une solution non soutenable sur le long terme?

Les incitatifs financiers visent à attirer des ressources supplémentaires qui se font cependant rares.

Ça ne fait rien pour régler la pénurie à long terme, regrette Fraser Mackay, directeur du département des soins ruraux, éloignés et des petites zones urbaines de l’Association canadienne des médecins urgentistes. Ça enlève juste une ressource d’un autre endroit.

Par exemple, cet été, les Territoires du Nord-Ouest (T.N.-O.) ont mis en place un système temporaire d’offres de postes d’été pour faire fonctionner une salle d’urgence menacée de fermeture à l’hôpital de Yellowknife.

Le système, baptisé en anglais shift-bidding, est peu connu et ressemble à une enchère ou des médecins remplaçants de tout le Canada pouvaient indiquer pour quel montant ils étaient prêts à venir travailler aux urgences de l’hôpital territorial Stanton (nouvelle fenêtre).

C’est quelque chose qui a réglé le problème rapidement et facilement, constate William Gagnon, le directeur général de l’Association médicale des Territoires du Nord-Ouest.

Mais il reconnaît du même souffle que cette solution en était une de dernier recours.

On ne veut pas non plus que les juridictions compétitionnent l’une contre l’autre, confesse William Gagnon.

Et pour cause, selon le Dr Bryant, un des urgentistes du Yukon a saisi l’occasion pour aller travailler aux Territoires du Nord-Ouest cet été.

Si chaque juridiction a seulement des incitatifs pour répondre à la pénurie de médecins, on va juste prendre le même groupe de médecins et le redistribuer au Canada, affirme Dr Derek Bryant, président de l’Association médicale du Yukon.

La qualité de vie plus importante que l’argent

Pour William Gagnon, les T.N.-O. gagneraient à offrir plus de flexibilité à leurs médecins pour leur permettre de profiter davantage du Grand Nord.

J’ai parlé à un médecin de la Nouvelle-Écosse qui vient travailler ici, elle m’a dit qu’elle travaille tellement fort qu’elle n’a pas le temps de profiter du Nord, se souvient-il. Les gens qui viennent travailler ici aiment le Nord, aiment faire du ski, aiment faire du canot, du camping, ce sont des gens qui aiment être à l’aventure!

Portrait de William Gagnon.
William Gagnon note que les salaires des Territoires du Nord-Ouest sont moins compétitifs que dans le passé par rapport aux hôpitaux du sud, ce qui complique le recrutement. Photo : Radio-Canada / Mohamed-Amin Kehel

Derek Bryant constate pour sa part que les médecins qu’il rencontre déplorent de « ne pas se sentir connectés à la communauté ».

Au Nunavut, Cédric Gagné et son équipe en font un point central dans leur stratégie de recrutement et de rétention.

On va tout faire pour les aider. On réserve leur voyage, on va les chercher à l’aéroport, on s’assure que quelqu’un va leur montrer le marché, etc.

Une initiative dont aimerait bien s’inspirer le Dr Bryant au Yukon qui rêve d’un poste dédié à l’accueil et l’orientation des nouveaux médecins.

Les médecins locaux n’ont pas vraiment le temps de donner un tour à tout le monde, il faut vraiment une position.

Radio-Canada

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