Budget fédéral : la ministre Gull-Masty se fait rassurante

La ministre des Services aux Autochtones (SAC) affirme que les dirigeants des communautés ne devraient pas s’inquiéter des crédits nuls dans le récent budget fédéral pour les programmes dont dépendent leurs membres.
Au contraire, Mandy Gull-Masty estime que ces lacunes sont l’occasion pour les dirigeants de suggérer où le gouvernement devrait allouer des fonds à l’avenir.
Je veux également qu’ils soient encouragés par le fait qu’il nous reste encore du travail à faire pour définir l’avenir dans le budget consacré aux peuples autochtones, a expliqué Mme Gull-Masty dans une interview accordée à La Presse canadienne.
« De nombreux progrès ont également été réalisés en matière d’investissements au cours de la dernière décennie : les dépenses consacrées aux Premières Nations ont été importantes. »
Nous ne revenons pas sur ces progrès, nous les maintenons.
Les dépenses consacrées aux programmes destinés aux Autochtones ont augmenté depuis 2015, lorsque l’ancien premier ministre Justin Trudeau a fait de la réduction des écarts socio-économiques dans les communautés autochtones une priorité pour son gouvernement, dans le cadre d’un effort plus large en faveur de la réconciliation.
Mais les dirigeants autochtones et les experts en politique affirment que cette augmentation des dépenses est encore loin de répondre aux besoins des communautés, en particulier en matière d’infrastructures.
La ministre Gull-Masty a indiqué que les coupes budgétaires pour son ministère s’élevaient à 2 %, alors que les autres ministres ont été invités à réduire leurs dépenses de 15 %. Elle a félicité Mark Carney d’avoir accordé à son ministère une plus grande marge de manœuvre qu’aux autres, affirmant que cela montrait qu’il prenait au sérieux les préoccupations des communautés.
Les dirigeants autochtones craignent toutefois que les coupes budgétaires dépassent largement les 2 % annoncés, le financement des programmes mis en place sous le gouvernement Trudeau, notamment dans les domaines de l’éducation et de la gestion des urgences, devant prendre fin l’année prochaine.
Les zéros sont là parce que nous n’avons pas défini à quoi ressemble cet espace. Certains programmes vont prendre fin. Cela ne signifie pas que les problèmes pour lesquels ces programmes ont été mis en place ne seront pas traités, a précisé Mme Gull-Masty.
« Nous devons faire le travail en interne, et mon mandat consistait à me rendre dans les communautés et à identifier quels seront les résultats pour le prochain cycle de financement. »
Une affaire de tous les ministères
Contrairement aux précédents, ce budget ne comporte pas de chapitre spécifique sur les dépenses consacrées aux Autochtones, mais met fortement l’accent sur la manière dont les communautés autochtones peuvent collaborer avec Ottawa pour faire avancer son programme de grands projets et développer l’économie.
M. Gull-Masty a affirmé qu’il ne fallait pas y voir une omission ou une mise à l’écart, mais plutôt le signe que tous les ministres intègrent les priorités autochtones dans leurs dossiers.
Lorsque vous cantonnez les peuples autochtones à un seul espace, vous érigez en fait des barrières, affirme Mandy Gull-Masty, ministre des Services aux Autochtones. Vous érigez des barrières lorsque vous montrez que vous ne pouvez vous rendre qu’ici pour traiter des questions relatives aux peuples autochtones.
Juste après la publication du budget la semaine dernière, la cheffe nationale de l’Assemblée des Premières Nations (APN), Cindy Woodhouse Nepinak, a déclaré que le gel des fonds aurait de graves répercussions sur les communautés à fort taux de natalité, en particulier en matière d’éducation et d’infrastructures.
Ce budget était l’occasion de renforcer cette confiance. Malheureusement, il a échoué, il n’a pas su saisir cette occasion, a-t-elle commenté.
Un rapport publié l’année dernière par l’APN et le Conference Board du Canada a révélé que combler ce déficit en matière d’infrastructures pourrait générer 635 milliards de dollars de production économique sur sept ans, un chiffre qui, selon le premier ministre Mark Carney, pourrait aider à compenser l’impact des droits de douane américains mis en place par le président Donald Trump.
Mais le budget est loin des 350 milliards de dollars que l’Assemblée des Premières Nations estime nécessaires pour combler ce déficit, et Ottawa est en passe de manquer son propre objectif de 2030 pour y parvenir.
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