Premier serment d’allégeance en français de l’histoire moderne du Yukon
Un texte de Marie-Soleil Desautels
Le député néo-démocrate Justin Ziegler a prononcé le premier discours d’assermentation en français de l’histoire moderne de l’Assemblée législative du Yukon, mercredi.
« Je », Justin Ziegler, affirme solennellement… », a commencé le député de Riverdale Sud, sa voix résonnant dans la grande salle de l’assemblée.
Tous les députés de l’opposition ont été assermentés mercredi, soit les six néo-démocrates et la seule libérale. Les 14 élus du Parti du Yukon seront assermentés jeudi.
Pour moi, dit Justin Ziegler, c’était évident que j’allais faire le discours en français. J’ai même failli oublier de le demander!
Il ajoute que, même si c’est une première, ça lui paraît « d’une banalité incroyable ».
Une étape « assez historique »
Logan Ockenden, greffier des comités à l’Assemblée législative, indique qu’ils n’ont trouvé aucune trace de serments en français dans leurs archives qui remontent aux années 1960.
Selon lui, c’est une première « assez historique ».
Si Justin Ziegler a vraisemblablement prononcé le premier discours d’assermentation en français, il n’est cependant pas le premier député francophone de toute l’histoire du Yukon.
Logan Ockenden cite en exemple Maxime Landreville, élu en 1909 dans Klondike Nord Dawson au Conseil du territoire du Yukon. Mais il doute fortement qu’il ait prêté serment dans la langue de Molière.
Une chose est sûre : personne ne l’avait encore fait durant l’ère moderne de l’Assemblée législative du Yukon, soit depuis que les députés sont élus selon leur parti en 1978.
« Une voix directe »
Justin Ziegler, artiste d’origine française, est venu au Yukon pour quelques mois en novembre 2018 lors d’un « roadtrip », dit-il.
Celui qui a déjà fait de la politique en France ne devait pas rester, mais la vitalité de la communauté yukonnaise l’en a convaincu autrement.
Il a cofondé un collectif d’arts de la scène, ZGB Productions, et s’est aussi impliqué dans la francophonie. Il a notamment été vice-président du conseil d’administration de l’Association franco-yukonnaise pendant des années, poste duquel il a démissionné après les élections.
Peu après avoir obtenu sa citoyenneté canadienne en juillet 2024, il a contacté la cheffe du Nouveau Parti démocratique pour se présenter. Il voulait redonner à la communauté qui l’a accueilli.
Être député, dit-il, lui permettra d’offrir une « voix directe » aux associations francophones pour faire avancer la francophonie et combler ainsi un vide à l’Assemblée législative.
Le « meilleur avocat »
Pour la présidente du conseil d’administration de l’Association franco-yukonnaise, Edwine Veniat, il ne pourrait pas y avoir un meilleur représentant que lui, tant pour la francophonie que pour tous les Yukonnais.
Il n’est cependant pas facile, ajoute-t-elle, de voir partir celui qui était son bras droit.
C’était vraiment un membre important de notre conseil et un membre important de la francophonie, indique-t-elle.
Edwine Veniat est optimiste pour la suite. « On a une loi sur les langues officielles dont l’application est souvent décevante ou alors pas appliquée du tout, et, ça, c’est quelque chose que le gouvernement doit faire et doit faire beaucoup mieux. »
Justin Ziegler espère qu’avoir un élu francophone va changer les choses.
C’est mon souhait, incontestablement. Mais après, on verra. Je suis dans l’opposition, précise-t-il.
Une autre première
Le serment d’allégeance, inscrit dans la Constitution, a été modifié pour la première fois au Yukon.
L’ajout découle de la décision des députés néo-démocrates, note le greffier Logan Ockenden.
Chaque député a ainsi déclaré : « Je vais […] dans toute la mesure de mes capacités, promouvoir le bien-être des Yukonnaises et des Yukonnais. »
Pourquoi cet ajout? « Parce que c’est pour eux qu’on va travailler », répond Justin Ziegler, qui se dit impatient de savoir qui dirigera la Direction des services en français et de pouvoir poser des questions en français à l’Assemblée législative.
Les membres du cabinet du Parti du Yukon seront connus samedi.
Avec des informations de Chloé Dioré de Périgny
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