Le gin Ungava a été créé en 2000 par Susan Reid et Charles Crawford
Photo Credit: Radio-Canada

Le gin Ungava : reconnaissance et appréciation, ou acculturation et appropriation?

Où s’arrête le respect des traditions et où commence l’acculturation?

L’artiste montréalais d’origine inuite Stephen Puskas affirme que la distillerie qui produit et commercialise le gin québécois Ungava « vole et exploite l’identité inuite afin de vendre son produit. »

Stephen Puskas (Facebook)

Stephen Puskas (Facebook)

L’origine du nom

La péninsule d’Ungava (eaux libres en inuktitut) est la partie la plus septentrionale du Québec, au nord-ouest de la province. Située dans la région administrative du Nunavik, elle couvre une superficie d’environ 350 000 km2, entre la baie d’Hudson à l’ouest, la baie d’Ungava à l’est et le détroit d’Hudson au nord.

(www.paddlecanada.com)

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Le gin

Le gin Ungava est distillé à partir de plantes que l’on trouve au Nunavik tout comme dans le territoire innu du Québec et ailleurs dans l’Arctique.

Créé au Québec, le gin Ungava a été récemment vendu à la société torontoise Corby Spirit and Wine Ltd.

Dans une vidéo intitulée  « Discovering the Inuit » (trad. : Découvrir les Inuits) et mise en ligne sur le compte YouTube de la distillerie Ungava en 2013 – vidéo aujourd’hui retirée – on pouvait voir des personnages de dessin animé représentant deux Inuits en canot, alors que les Inuits utilisent des kayaks et des umiaqs,  avec en toile de fond des igloos et des ours polaires, le tout accompagné d’une voix qui chante « Ungava ».

Stephen Puskas se dit choqué de l’utilisation commerciale de références inuites par une entreprise qui n’a rien à voir avec sa culture.

On peut lire sur sa page Facebook : « C’est du vol d’identité, mais pas le vol d’identité de l’individu; le vol de l’identité d’un peuple. Une société a volé notre identité inuite. Ils ont pris notre photo d’identité, s’en est servi pour acheter de l’alcool, et l’a utilisée pour traverser la frontière pour se rendre dans d’autres pays. »

De plus, Stephen Puskas aimerait bien savoir ce que peuvent en retirer les habitants de la péninsule d’Ungava, les Nunavimmiut, de cette récolte de plantes qui poussent chez eux, de ces images et des sonorités de leur langue quand vient le temps de vendre cet alcool.

Cela dit, on peut lire sur le site web du Domaine Pinnacle, producteur du gin Ungava : « Recouverte de glace et de neige près de 9 mois par année, la baie d’Ungava est un lieu de beauté indicible où se côtoient le spectacle des aurores boréales, l’immensité de la toundra, les vallées aux cours d’eau majestueux, les lacs éblouissants et la dérive des banquises vers les eaux libres. »

Et, plus loin : « Dans un souci de respecter l’environnement et les traditions inuites, c’est à la main que les plantes et les baies rares qui composent les arômes du gin Ungava sont cueillies et minutieusement triées.  »

Et vous, qu’en dites-vous? Où doit-on tracer la frontière en reconnaissance et appréciation et en acculturation et appropriation?

Publicité, gin Ungava (Facebook)

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RCI, CBC, Encyclopédie canadienne, YouTube, Facebook

Catégories : Autochtones, Économie, Société
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