Pauvreté chez les Amérindiens en milieu urbain au Canada

Pauvreté chez les Amérindiens en milieu urbain au Canada
Photo Credit: IS / iStock

Pauvreté: la pire des barrières à la santé des Premières Nations en milieu urbain

Les membres de Premières Nations vivant en milieu urbain au Canada doivent affronter de nombreuses embûches quand ils doivent avoir recours à des soins de santé.

À titre d’exemple, ceux et celles qui vivent à Hamilton dans le sud de l’Ontario sont beaucoup plus souvent atteints de maladies chroniques et se retrouvent plus souvent aux urgences que les autres citoyens non amérindiens.

C’est ce qui ressort d’une importante étude réalisée à l’hôpital St.Michael et publiée dans le journal en ligne BMJ Open, spécialisé dans le partage d’information médicale tous azimuts et dont le siège social est à Londres en Grande-Bretagne.

C’est, en fait, la toute première fois que des chercheurs se penchent en profondeur sur « comment une population amérindienne vivant en milieu urbain fait appel aux soins de santé offerts au Canada».

Nos aînés ont appris à se méfier des structures, souligne Danielle Boissoneau, étudiante à l’Université McMaster, citoyenne de Hamilton et elle-même Amérindienne.

L’étude fait état de saisissantes inégalités entre les réalités des membres des Premières Nations en milieu urbain et la population en général.

En tenant compte des niveaux de pauvreté frappant, du piètre accès qu’on ces gens à un logement décent et à de la nourriture adéquate, on constate que tout cela affecte directement leur santé physique et mentale souligne   Michelle Firestone, chercheuse associée au Centre for Research on Inner City Health (trad.: Centre de recherche sur la santé des quartiers pauvres du centre-ville) de l’hôpital St.Michael.

Plus de 10% des adultes amérindiens se sont présentés aux urgences des hôpitaux de Hamilton plus de six fois au cours des deux dernières années alors que la moyenne de la population en général est de 1,6%.

«La ville de Hamilton possède de solides services sociaux et de santé, mais 40% des répondants à notre étude disent que l’accès à ces services est soit “bien” ou “pauvre”,» fait remarquer madame Firestone. Ceci illustre qu’il n’y a pas que des contraintes géographiques qui font barrière à l’accès aux soins de santé pour les Premières Nations.

Est-ce que vous fumez?

 Danielle Boissoneau
Danielle Boissoneau © Adam Carter

Danielle Boissoneau souligne de son côté qu’il y a deux raisons majeures pour expliquer le gouffre existant entre les Premières Nations et le système de santé au Canada: la peur et la stigmatisation.

La peur vient des aînés qui craignent tout ce qui est gouvernemental, ceux qui ont connu les années d’abus dans les écoles résidentielles.

La stigmatisation vient du regard porté par les institutions de santé sur les Amérindiens, une expérience qu’elle a vécue personnellement lorsqu’elle s’est présentée à l’urgence d’un hôpital en compagnie de sa mère la fin de semaine dernière.

« Dès le départ, on nous a demandé: “est-ce que vous fumez? Prenez -vous des médicaments sous ordonnance?” Ce qui n’est pas le cas. »

Sa mère venait de subir un AVC.

« Mais, parce qu’elle est amérindienne, ils ont tenu pour acquis qu’elle fumait, qu’elle buvait, etc. C’est ça la stigmatisation. Nos aînés ont appris à se méfier pour des raisons telles que ce qu’a vécu ma mère. Il serait temps d’éduquer les médecins, les infirmiers et les infirmières. Nous sommes d’abord des humains, j’avais vraiment peur pour ma mère.»

Selon l’étude, parmi les adultes amérindiens vivant à Hamilton:

  • 73% ont fait état de problèmes respiratoires et d’infections de la trachée-artère au cours de la dernière année
  • 25% ont été blesses
  • 78% vivent avec moins de 20 000$ par an
  • 70% vivent dans les secteurs de la ville où les revenus des familles sont les plus bas

Un besoin criant: des soins de santé « culturellement sécuritaires »

En plus de toutes ces données, près de la moitié des répondants soulignent que les très longues listes d’attente avant de pouvoir rencontrer un spécialiste font partie de ces barrières à un système de santé accessible. Autres points soulignés, l’impossibilité d’obtenir un transport adéquat et à faible coût pour aller à un rendez-vous médical et les frais supplémentaires des soins non couverts par des régimes privés d’assurance maladie.

« Bien que des ajustements au système de santé soient nécessaires, la pauvreté sous-jacente doit être prise en compte en tant que vecteur principal de la mauvaise santé de cette partie de notre population urbaine. Le fait que 78% des Amérindiens vivant à Hamilton touchent moins de 20 000$/an, le fait que 70% d’entre eux vivent dans des taudis illustre très bien cette réalité. C’est le cycle de la pauvreté que nous devons briser. Si nous réussissons cela, nous soulagerons d’autant les tensions sur notre système de santé ».  – Michelle Firestone, chercheuse associée au Centre de recherche sur la santé des quartiers pauvres du centre-ville de l’hôpital St.Michael de Hamilton en Ontario.

Selon la chercheuse Michelle Firestone,« cette perception de l’accès restreint ou impossible à un système de santé communautaire qui soit culturellement sécuritaire doit changer. Ainsi, les Amérindiens pourront consulter un médecin ou aller à l’hôpital sans se sentir exclus ou  laissés pour compte. À cette fin, nous devons les consulter en amont afin de concevoir et de livrer des soins de qualité.»

Catégories : Autochtones, Santé, Société
Mots-clés : ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.