Le premier ministre Stephen Harper annonce le lancement du prêt canadien aux apprentis.

Le premier ministre Stephen Harper qui annonce jeudi dernier le lancement du prêt canadien aux apprentis.
Photo Credit: ICI Radio-Canada

Le manque à gagner d’un million de travailleurs spécialisés au Canada d’ici 2020 serait erronée

Les pénuries dans les emplois « hautement qualifiés » au Canada seraient un problème exagéré.

Le manque de données fiables sur le marché du travail canadien jette un doute sur le sérieux des prévisions du gouvernement canadien qui affirmait récemment que notre pays devait se préparer à faire face à une pénurie de travailleurs très importante au cours des dix prochaines années.

Le premier ministre canadien Stephen Harper qui se trouve en période d’année électorale invoquait jeudi dernier ces prévisions de pénuries pour dévoiler un nouveau programme de prêt pour l’apprentissage aux jeunes travailleurs apprentis.

Mais des prévisions indépendantes et même les propres projections de gouvernement révèlent que le scénario de l’emploi au Canada pourrait être bien différent.

Aide-mémoire…
Jeudi dernier le premier ministre canadien Stephen Harper annonçait le lancement d’un nouveau programme de prêt aux jeunes apprentis.

  • Le gouvernement fédéral offre désormais des prêts sans intérêts pouvant atteindre 4 000 $ par période de formation technique aux apprentis
  • La mesure entend apporter un soutien à une panoplie de métiers, dont ceux de boulanger, d’électricien, de machiniste, de plombier et de monteur de charpentes.
  • Le gouvernement fédéral estime que ces prêts profiteront à 26 000 apprentis qui se partageront 100 millions de dollars chaque année.
  • Au Canada, les travailleurs spécialisés représentent actuellement 17 % de la main-d’œuvre, soit environ 2,9 millions de personnes.

Des statistiques basées sur de vieux résultats d’enquête

Une enquête privée d’un cabinet de conseil en gestion spécialisée dans les questions du marché du travail réalisée à partir d’une combinaison d’estimations de l’industrie conclut que le Canada fera bel et bien face à un « problème majeur » avec des pénuries de travailleurs qualifiés si rien ne change au cours des 16 prochaines années.

Cependant, ses projections de pénurie sont valables pour l’ensemble du marché de la main-d’œuvre qualifiée au Canada et ne sont pas spécifiques aux métiers spécialisés.

Selon Rick Miner, président de Miner & Miner Ltd : « Si quelqu’un dit… en ce moment qu’il y aura une pénurie d’un million de travailleurs dans les métiers spécialisés au Canada, je dirais que c’est un nombre gonflé. Ce n’est pas vrai. »

Le gouvernement canadien affirmait la semaine dernière qu’il avait fait une estimation de pénurie de travailleurs à partir de données fournies en 2013 par la Chambre de commerce du Canada. Mais Sarah Anson-Cartwright, une des directrices de cette chambre de commerce affirme que ces prévisions proviennent en fait de rapports mineurs plus anciens qui ne sont pas spécifiques aux métiers spécialisés.

Madame Anson-Cartwright précise que « la chambre canadienne de commerce ne citerait pas aujourd’hui des prévisions de 2010 et 2012 de rapports mineurs, car elles sont désuètes aujourd’hui. »

La réforme de l'immigration est souvent invoquer au Canada comme moyen de combler la pénurie de travailleurs de métier spécialisés notamment dans l'Ouest canadien.
La réforme de l’immigration est souvent invoquée au Canada comme moyen de combler la pénurie de travailleurs de métier spécialisés notamment dans l’Ouest canadien.

Mais le maquillage statistique ne s’arrête pas là!

Le gouvernement citait également la semaine dernière un rapport vieux de 14 ans du Conference Board du Canada où l’on affirmait que le manque de main-d’œuvre au Canada pourrait atteindre près un million de travailleurs d’ici 2020.

Or cet organisme à but non lucratif a dans les faits révisé cette conclusion il y a un peu plus d’un an et il a publiquement déclaré que le soi-disant « manque à gagner d’un million de travailleurs n’était « pas possible » et largement « mal compris. »

« Dans ce même rapport, nous avons expliqué qu’un déficit de travailleur est « logiquement impossible » a écrit Pedro Antunes, l’économiste en chef adjoint au Conference Board du Canada, dans un commentaire publié le 11 novembre 2013.

« Essentiellement, l’économie doit fonctionner avec les travailleurs qui sont disponibles » écrit-il.

Pour en savoir plus

Apprenticeship ad’s claim of skilled trades shortfall open to question – CBC News

Le prêt canadien aux apprentis – Premier ministre du Canada 

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