Depuis son explosion dans les années 80, le sida est demeuré un adversaire redoutable pour les malades et un défi colossal pour les scientifiques. Un remède contre le virus qui cause la maladie (VIH) n’a toujours pas été trouvé.
Pourtant, plus que jamais, les scientifiques affichent un optimisme mesuré au vu des perspectives offertes par de nouvelles recherches présentées à la 8e conférence sur la pathogenèse du VIH qui s’est terminée mercredi à Vancouver
Les pistes sont nombreuses et les progrès réels dans le domaine de la thérapie génique, de l’usage d’anticorps pour neutraliser le VIH, sur les rémissions longues même après l’arrêt d’un traitement antirétroviral, ou encore sur un vaccin toujours à inventer.
Pour le prix Nobel de médecine, la Française Françoise Barré-Sinoussi de l’Institut Pasteur à Paris, « les observations du virus, sa progression et la réponse du corps au VIH permettent de mettre l’accent sur un calendrier pour la recherche d’un remède à ce virus ».
Cellules souches
Dans un domaine déjà exploré depuis quelques années, Christopher Peterson du Centre de recherche sur le cancer Fred Hutchinson de Seattle, a présenté ses recherches basées sur les cellules souches modifiées.
Les chercheurs ont réussi à modifier des cellules pour bloquer le VIH avant qu’il ne pénètre dans les cellules du système immunitaire par des moyens de type cheval de Troie, selon le principe d’utilisation de gènes toxiques pour éliminer les cellules infectées par le VIH.
« Avec des cellules suffisamment protégées, affirme Christopher Peterson, le virus ne devrait pas être en mesure de se propager »
Injection d’anticorps
Une autre recherche menée par l’Américain John Mascola des Instituts nationaux de la santé, a permis d’obtenir des résultats probants à partir de l’administration d’anticorps monoclonaux, issus d’un lymphocytes B et d’un myélome, à des personnes infectées.
Sur les 8 individus qui avaient reçu cette injection, la charge virale plasmatique, une mesure du degré d’infection, a « diminué d’environ 10 à 50 fois » pour six d’entre-eux dans les trois mois. Les deux autres étaient porteurs d’une souche du VIH résistant à l’anticorps utilisé.
Les anticorps peuvent avoir plusieurs usages dans le traitement du VIH, a-t-il ajouté, comme par exemple celui d’aider à « éliminer le réservoir viral » présent dans les cellules des personnes infectées.
Le cas de rémission d’une jeune française de 18 ans, infectée par le VIH pendant la grossesse de sa mère, a particulièrement retenu l’attention des 6.000 participants à la conférence. Après l’arrêt de son traitement antirétroviral à 6 ans, ses médecins ont constaté un an plus tard, puis au fil des années, que cette jeune fille présentait une charge virale indétectable, a noté Asier Sáez-Cirión de l’Institut Pasteur.
Le piège des résultats encourageants
Le cas de rémission de la jeune française, le premier du genre, doit encore être élucidé. Pour cela, dit M. Sáez-Cirión, « Nous avons besoin de beaucoup plus de recherche fondamentale ».
Parlant de recherche fondamentale, les scientifiques réunis à Vancouver ont lancé un appel pour accroître son financement. Seule une telle recherche permettrait la mise au point d’un remède, même si les résultats ne sont pas immédiats. L’Australien Sharon Lewin a déploré que « moins de 1% du financement mondial sur le sida soit consacré au remède ».
Les résultats encourageants des soins aux personnes infectées pourrait amener les pouvoirs publics à juger qu’après tout, « le sida et le VIH ne sont pas un problème si important, que nous l’avons réglé », s’est-il inquiété. Alors qu’en réalité « il y a toujours 2 millions de personnes qui contractent le virus chaque année, que 1,5 million en meurent et que plus de 35 millions vivent avec » dans le monde.
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