Le Canada va miser sur l’aide internationale et ses Casques bleus pour reconquérir un siège au Conseil de sécurité des Nations unies
La décision du Canada de réviser deux éléments clés de sa politique étrangère, à savoir le développement international et la défense nationale, s’explique en partie par la volonté d’Ottawa d’obtenir un siège non permanent au sein de la plus puissante instance des Nations unies. Tel est le point de vue de Marc-André Blanchard, l’ambassadeur du Canada à l’ONU
Selon M. Blanchard, Ottawa a amorcé une campagne de quatre ans en vue d’un vote en 2020 afin d’obtenir un mandat de deux ans au sein du Conseil de sécurité. L’examen des politiques intérieures et des interactions anticipées avec des diplomates sont autant de gestes préparatoires, à en croire le diplomate.
M. Blanchard dit avoir eu plus de 50 rencontres bilatérales avec des collègues ambassadeurs aux Nations unies depuis son entrée en fonction plus tôt cette année. Mais pour l’instant, il a surtout écouté les commentaires de ses interlocuteurs sur le Canada.
Objectif 2020
Ottawa doit cependant composer avec deux rivaux pour un siège en 2020 : la Norvège et l’Irlande, deux pays alliés et dont les valeurs sont semblables à celles du Canada. Ce qui fait dire à M. Blanchard que le travail en cours doit permettre d’en arriver à un programme soulignant l’avantage comparatif du Canada par rapport aux autres candidats.
« Nous sommes à l’étape de s’entretenir avec les États membres, pour demander leur soutien, mais aussi pour les écouter concernant leurs opinions sur le Canada, a dit M. Blanchard. Nous croyons qu’il est important d’écouter les autres pays, d’être attentifs, avant d’en arriver à notre propre programme ».
En 2010, le Canada avait échoué dans sa tentative d’intégrer le cercle restreint du Conseil de sécurité, battu au vote par le Portugal. Un échec qui avait été largement perçu comme une critique de la politique étrangère du gouvernement conservateur, très pro-israélienne et indifférente à l’Afrique.
Atteindre enfin la cible de 0,7 % du PIB
À l’issue de l’examen de la politique de développement international, le Canada va présenter un plan de dépenses sur cinq ans. Il indiquera en outre sa stratégie en vue d’atteindre enfin l’objectif des Nations unies qui est de de 0,7 % du produit intérieur brut. Un objectif qui n’a été atteint jusqu’à présent que par cinq pays.
Le nouvel objectif pour 2030 des Nations unies exhorte tous les pays à atteindre la cible de 0,7 %, et plusieurs dirigeants, y compris le président américain Barack Obama, ont appelé à un regain d’attention sur le rôle de maintien de la paix des Nations unies.
Quant à l’examen de la politique de défense nationale, elle s’attardera notamment aux moyens de ramener le Canada à ses racines de Casques bleus après plus de dix ans de combats en Afghanistan.
Le modèle canadien contre la xénophobie
Mais au-delà de l’aide étrangère et des contributions au maintien de la paix, Ottawa compte faire valoir son expérience en matière de pluralisme pacifique dans le contexte des défis actuels sur la migration
M. Blanchard a fait référence à l’intolérance et aux contrecoups politiques de l’arrivée massive de réfugiés de Syrie et d’ailleurs dans des pays occidentaux dans ce qui représente la pire crise de migration depuis la Deuxième Guerre mondiale.
« Concernant la montée de la xénophobie, des divisions et de la méfiance, nous croyons que l’expérience canadienne est très précieuse pour apporter une solution inclusive et très positive à ces défis », soutient le diplomate canadien.
M. Blanchard a aussi révélé que certains de ses homologues aux Nations unies ne voyaient pas du même oeil le message d’inclusion du Canada sur les droits de la personne. Selon le diplomate, bien de ses homologues dont les gouvernements ne partagent pas les positions d’Ottawa estiment néanmoins que le Canada est un modèle en matière de droits de la personne. C’est un pays qui affirme des choses que peu d’autres osent dire, et ce rôle est essentiel.
(Avec La Presse Canadienne)
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