Depuis six mois, des milliers de Canadiens tentent de vérifier ou de prouver qu’ils ont bel et bien des racines métisses, et ce n’est pas forcément une affaire de fierté. Un récent jugement de la Cour suprême du Canada affirme que les Métis aussi sont des « Indiens » au sens de la loi et qu’ils ont droit à une série de services gratuits.
Des Métis avant le jugement de la Cour suprême, le 14 avril. PHOTO : SEAN KILPATRICK
Le plus haut tribunal du pays les place ainsi sous la responsabilité du gouvernement fédéral. Les bénéfices immédiats qui découlent de cette décision sont, par exemple, la gratuité de médicaments d’ordonnance, de soins dentaires et ophtalmologiques, ou encore celle de services de garde d’enfants.
Cela permet d’éliminer les situations où, pour une personne donnée, le gouvernement fédéral et le gouvernement provincial ne s’entendent pas sur qui est responsable et sur qui va payer pour aider un citoyen métis.
Les regroupements qui représentent les Métis sont aussi maintenant mieux placés pour négocier avec Ottawa afin d’obtenir du financement et des programmes personnalisés dans les communautés où on les trouve en plus grand nombre, notamment au Manitoba et en Saskatchewan, deux provinces des Prairies canadiennes au centre du pays.
Près de 450 000 personnes se déclarent aujourd’hui métisses au Canada. Elles pourraient dans les faits être plus de 600 000.
Regardez notre reportage – Durée : 6:55
Réveil politique après des années de sommeil forcé
Avec cette décision de la Cour suprême, les Métis redeviennent potentiellement une force politique au Canada.
Fort du jugement de la Cour suprême, le Ralliement national des Métis entend désormais discuter de nation à nation avec le gouvernement fédéral et poursuivre sa route vers l’autodétermination : « Nous voudrons faire avancer notre droit à l’autodétermination », a déclaré son président, Clément Chartier.
« Dans une cause en 1998, on nous a dit que les peuples ont droit à l’autodétermination au Canada. Donc, entre l’intégrité territoriale de l’État et la souveraineté de l’État, comme État, comme nation, nous avons tous les éléments pour aller de l’avant et entreprendre le dossier avec le gouvernement canadien. »
Le jugement tombe à point nommé, selon M. Chartier, qui souligne que le gouvernement libéral du premier ministre Justin Trudeau a déjà reconnu la nation métisse. « Il est prêt à négocier de nation à nation avec nous », a déclaré M. Chartier.
« Je pense que nous allons déclarer le troisième gouvernement provisoire de la Nation métisse d’ici trois ans », a dit M. Chartier, rappelant les deux premiers gouvernements métis de 1870 et 1885 dirigés par Louis Riel.
Conflit historique entre les Métis et le gouvernement anglo-saxon blanc du Canada
Le drapeau métis dans le vent. Photo : Radio-Canada/Claude Gagnon
Une nation métisse a d’abord vu le jour, en tant que groupe politique distinct, à la suite de tristes événements survenus dans l’Ouest canadien durant la seconde moitié du 19e siècle.
Au moment de la création du Canada, en 1867, les tensions augmentèrent entre le gouvernement à Ottawa et la Nation métisse qui se trouvait essentiellement concentrée dans la région occupée aujourd’hui par les provinces du Manitoba et de la Saskatchewan.
Les dirigeants canadiens de l’époque n’avaient pas le souci de vraiment reconnaître les droits territoriaux des 75 000 habitants de ces régions, métis, blancs, indiens et esquimaux.
Les Métis se soulevèrent donc à deux reprises et le gouvernement canadien finit par rétablir le calme avec son armée et par pendre le chef métis, Louis Riel.
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