L’OTAN multiplie les manœuvres militaires dans des pays voisins de la Russie.

Les Américains, premiers contributeurs financiers de l'OTAN, ont souvent pris part aux opérations militaires de l'alliance
Photo Credit: Radio-Canada

L’OTAN peut-elle toujours compter sur une Amérique dirigée par Trump?

Maintenant que Donald Trump est officiellement installé à la Maison Blanche, la grande question qui agite les esprits à l’Organisation du traité de l’Atlantique nord (OTAN) est de savoir si Washington va se désengager de cette organisation qualifiée de «désuète» par le nouveau président américain.

Cette semaine, des membres de l’OTAN vont se rencontrer pour finaliser les plans du déploiement d’un bataillon dirigé par des Canadiens en Lettonie ce printemps. Ottawa a en effet  accepté de mener l’un des quatre bataillons multinationaux de l’OTAN alors que l’alliance militaire tente d’accroître sa présence pour faire face aux visées expansionnistes prêtées à la Russie.

Cette décision a été prise au moment où nul ne s’imaginait que le magnat de l’immobilier et vedette de la téléréalité ne se fasse son chemin jusqu’à la Maison-Blanche. M. Trump qui a souvent décrit l’OTAN comme une alliance « désuète », n’a eu de cesse de promettre un rapprochement avec la Russie. Au grand dam des membres européens de l’organisation.

Le premier ministre canadien Justin Trudeau et le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, lors du Forum économique de Davos, en janvier 2016.
Le premier ministre canadien Justin Trudeau et le secrétaire général de l’OTAN Jens Stoltenberg, lors du Forum économique de Davos, en janvier 2016. Ottawa va continuer de diriger la mission en Lettonie aussi longtemps que nécessaire © PC/Andrew Vaughan

Que fera Washington?

D’aucuns se demandent quel rôle joueront désormais États-Unis au sein de  l’OTAN sous la présidence de Donald Trump, en cas de rapprochement de celle-ci  avec l’administration de Vladimir Poutine.

Plusieurs alliés de l’OTAN se demandent maintenant s’ils peuvent compter sur les Américains advenant une attaque de la Russie. Le gouvernement canadien a fait savoir qu’il irait de l’avant avec son intention de déployer des troupes et des véhicules blindés en Lettonie, où l’armée canadienne sera au coeur du bataillon de l’OTAN de 1000 soldats.

Le Canada enverra 450 soldats, des véhicules blindés légers, ainsi que d’autres équipements d’Edmonton lors de la première rotation, qui durera environ six mois. L’armée canadienne continuera de diriger la mission en Lettonie aussi longtemps que nécessaire, dit-on  à Ottawa

Des représentants de l’Albanie, de l’Italie, de la Lettonie, de la Pologne et de la Slovénie qui contribuent tous à l’effort militaire en Lettonie se rendront à Ottawa cette semaine pour peaufiner les derniers détails.

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Pour le secrétaire d’État letton à la Défense, Janis Garisons, il ne faut pas céder à la panique à propos du rôle futur des États-Unis au sein de l’OTAN © LETA

Appel au calme.

En entrevue avec La Presse canadienne vendredi, le secrétaire d’État letton à la Défense, Janis Garisons, a affirmé qu’il était important de ne pas tout de suite « sauter aux conclusions », ajoutant qu’il n’avait « aucune raison de croire que la contribution des États-Unis est en jeu ». M. Garisons s’est dit « persuadé » que le président Trump optera pour la continuité quant aux ententes conclues par le passé.

Le ministre letton espère que les premiers soldats étrangers arriveront d’ici le mois de mai pour que tous soient en place en juillet ou en août. Il estime par ailleurs que sa rencontre avec des représentants américains la semaine dernière et les choix de M. Trump pour les postes de secrétaire à la Défense et de secrétaire d’État sont des signes encourageants pour la suite. Garison a toutefois reconnu que les membres de l’OTAN devraient reconnaître et prendre acte des plaintes de M. Trump, mais aussi de celles formulées par d’autres politiciens américains.

L’ex-général James Mattis, choisi par Donald Trump pour diriger le Pentagone, lors d’une rencontre avec le président désigné le 19 novembre dernier Photo : Reuters/Mike Sega
L’ex-général James Mattis, choisi par Donald Trump pour diriger le Pentagone, ne perçoit pas la Russie et l’OTAN de la même manière que son patron © Reuters/Mike Sega

Sons de cloche divergents dans le camp Trump

Le général à la retraite James Mattis, qui sera à la tête du département à la Défense, a dit aux sénateurs la semaine dernière que la Russie tentait de « briser » l’OTAN, avant de défendre vigoureusement l’alliance militaire. Le magnat du pétrole, Rex Tillerson qui a été choisi pour diriger le département d’État, est resté plus prudent, mais il a admis que la Russie « représentait un danger ». Des propos qui tranchent avec ceux, plus positifs de Trump à l’égard de la Russie et plus négatifs sur l’OTAN.

Le fait que l’alliance déploie encore des bataillons en Lettonie, en Estonie, en Lituanie, et en Pologne — qui sont dirigés par le Royaume-Uni, l’Allemagne et les États-Unis — est aussi encourageant, selon le secrétaire d’État letton.

« Dans tout ce processus, il est très clair que l’alliance est unie et que les alliés sont unis. C’est quelque chose de très important. Parce que l’unité est la force de l’OTAN et des sociétés occidentales. Si nous sommes divisés et que nous ne pouvons pas nous garder ensemble, je crois que ce serait un gros problème », a-t-il expliqué.

Le secrétaire général de l’OTAN (centre), accompagné des présidents lituanien (gauche), letton (2e à gauche) et estonien (2e à droite), sur le site de l’exercice militaire de l’OTAN
Le secrétaire général de l’OTAN (centre), accompagné des présidents lituanien (gauche), letton (2e à gauche) et estonien (2e à droite), sur le site de l’exercice militaire de l’OTAN © AFP/ILMARS ZNOTINS

Le discours isolationniste n’effraye pas les Lettons

Pendant son discours d’investiture, vendredi, M. Trump a fait allusion à l’alliance, soulignant que les États-Unis avaient, pendant des décennies, « subventionné les armées des autres pays tout en permettant la triste dégradation de (leur) armée ».

« Nous avons défendu les frontières des autres pays tout en refusant de défendre la nôtre », a-t-il clamé. Garisons a déjà entendu cette plainte par le passé. « Peut-être que cela n’a pas été présenté aussi explicitement, mais nous avons entendu (ces propos) de la part de plusieurs représentants américains de la défense. Ce n’est rien de nouveau et nous devons le reconnaître » a-t-il soutenu.

C’est aussi pourquoi la Lettonie a augmenté son budget en défense, qui représente actuellement 1,7 % de son produit intérieur brut (PIB), mais qui atteindra l’année prochaine la cible de 2%  de l’OTAN.

(Avec La Presse canadienne)

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