Un panel chargé d’examiner l’état de la science au Canada estime pour la première fois en 40 ans que le système a urgemment besoin d’argent et de nouvelles idées. Les experts proposent qu’un montant supplémentaire de 1,3 milliard soit injecté dans la recherche scientifique et que la façon dont la recherche est supervisée soit révisée.
Le panel indépendant de neuf membres, dirigé par David Naylor, l’ancien président de l’Université de Toronto, a été mandaté en juin dernier par la ministre fédérale des Sciences Kirsty Duncan pour trouver la meilleure façon de tirer profit des fonds accordés à trois conseils de recherche et à la fondation canadienne pour l’innovation. Le rapport, publié lundi, indique que des lacunes majeures du système se trouvent dans les ressources et les aspirations.
Selon le panel, l’écosystème de recherche est déséquilibré, et les principales agences fédérales ne travaillent pas ensemble comme elles le devraient. « Nous sommes fermement convaincus qu’en renforçant les fondements de la recherche canadienne, ce gouvernement peut faire une différence immédiate et majeure pour les perspectives des générations futures », peut-on lire en conclusion du document.

Près de 5 milliards d’ici 2022
Le groupe d’experts recommande l’augmentation des dépenses courantes de 3,5 milliards à 4,8 milliards de dollars d’ici 2022. Ce montant devrait être réparti entre les projets de recherche directe, les fonds de roulement des institutions de recherche, les bourses, les stages et les frais administratifs.
Le panel propose en outre la création d’un nouveau conseil national sur la recherche et l’innovation, ainsi qu’un comité de coordination pour les organismes de recherche du Canada. Sous le gouvernement conservateur de Stephen Harper, il y a eu un déplacement de la science indépendante et de l’enquête vers des programmes prioritaires axés sur l’innovation. En 2007, M. Harper avait lancé la Stratégie des sciences et de la technologie du gouvernement du Canada, « Réaliser le potentiel des sciences et de la technologie au profit du Canada », centrée sur les avantages humain, intellectuel et entrepreneurial.
Mais, dans les faits, il s’agissait d’une approche utilitariste mettant l’accent sur « la création d’emplois, la croissance et la prospérité à long terme pour les Canadiens ».

Entre 2007-2008 et 2015-2016, le budget de la recherche menée par des enquêteurs a diminué de 3 %, alors que celle axée sur l’innovation prioritaire a augmenté de 35 %.
Privilégier toutes les formes de recherche.
Or, les deux types de recherche sont importants selon le groupe d’experts. « Les membres du panel apprécient pleinement l’importance de l’innovation pour la prospérité du Canada et sont favorables à la programmation d’élite qui cherche à récompenser et à amplifier l’excellence, indique le rapport. Cependant, les écosystèmes de recherche les plus solides placent une priorité élevée sur les sciences fondamentales et naturelles et sur des enquêtes libres dans les sciences humaines et sociales ».
Le groupe d’experts a reçu plus de 1200 soumissions pendant son mandat. Il a également organisé une douzaine de tables rondes dans 5 villes avec 230 chercheurs. L’étude portait sur 10 questions liées au financement de la recherche scientifique, le soutien à la prochaine génération de chercheurs, et le nécessaire équilibre entre octroi du financement et suivi des recherches est en cours d’exécution.
Lire aussi
Innovation rime avec immigration dans le budget canadien 2017
Démuselés, les scientifiques du gouvernement canadien retrouvent le droit « d’aboyer »
Compressions budgétaires : les scientifiques s’inquiètent pour la santé des Canadiens
800 savants du monde accusent le Canada de retirer le droit de parole à ses scientifiques
Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.