Après avoir atteint un sommet de 82 % en 2003, la part du marché mondial des acériculteurs québécois s’est effritée au fil du temps, s’établissant à 72 % en 2017, selon l’Institut économique de Montréal (IEDM)

À la cabane du Pic Bois, au Québec, la famille Pollender fabrique le sirop d’érable dans la plus grande tradition. Affairé autour de son évaporateur, André Pollender, le propriétaire de la cabane. Photo : Radio-Canada
L’institut exige une fois de plus un relâchement du monopole de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ) sur la vente de certains produits du sirop d’érable.
Alors que la part de marché des producteurs américains sur les étagères canadiennes ne cesse d’augmenter depuis près de 20 ans, l’institut constate que la FPAQ nage pour sa part dans des surplus invendus.
Sans prôner un démantèlement complet du système en place de mise en marché, l’IEDM affirme que des correctifs importants doivent être apportés, puisque le modèle actuel est « extrêmement contraignant » pour les 7300 entreprises acéricoles québécoises obligées de faire affaire avec la Fédération si elles veulent écouler leurs produits. L’IEDM plaide donc pour une réforme des règles en vigueur en brossant une série de constats jugés inquiétants.
Mettre fin au cartel du sirop d’érable : sucrée de bonne idée?

Florent Gagné – Radio-Canada
Selon un rapport gouvernemental québécois publié il y a deux ans, le rapport Gagné, le remède contre la perte des parts de marchés des Québécois aux mains notamment des Américains dans le très lucratif commerce du sirop d’érable serait de casser le cartel mis en place depuis des années par la puissante Fédération des producteurs acéricoles du Québec (FPAQ).
L’auteur du rapport, Florent Gagné, y affirmait que l’industrie acéricole du Québec, qui a déjà représenté 80 % du marché mondial, est maintenant rendue à 70 %. Et, elle perdra une autre part de 10 % au profit des Américains, d’ici quelques années.
Le rapport Gagné qui comportait 21 recommandations pour la croissance de cette industrie s’adressait notamment au ministère de l’Agriculture, des Pêcheries et de l’Alimentation pour qu’il change complètement les règles du jeu.
On peut lire dans ce rapport : « Le système actuel a produit de grandes choses, mais pour poursuivre son évolution, il doit s’ajuster aux changements que commande un monde qui est lui-même en évolution rapide. »
Les propositions sont restées lettre morte.
Les chiffres d’une industrie en décroissance selon l’IEDM

Photo : iStockphoto
Si depuis le début des années 2000, la production de sirop du Québec a progressé de 60 %, cela représente la pire performance à l’échelle nord-américaine. L’État américain du Vermont a affiché une hausse fulgurante de 254 % durant la même période, suivi du Nouveau-Brunswick, 179 %, ainsi que du Maine,131 %.
Depuis 18 ans, le nombre d’entailles exploitées dans la province n’a grimpé que de 17 %, alors qu’au sud de la frontière, la hausse est de 89 %.
Selon l’analyste en politiques publiques de l’IEDM et auteur de la note, Alexandre Moreau, le moment crucial est survenu au début des années 2000, quand la Fédération est devenue l’agent exclusif pour la vente en vrac. De plus, le système de contingents attribuant des quotas de production en 2004 n’a rien fait pour aider, estime-t-il.
« Il y a des frais de mise en marché et énormément de contraintes, affirme M. Moreau. Sans abolir la Fédération, qui offre certains services qui plaisent aux acériculteurs, il faut penser à des réformes et leur retirer leur monopole. »
Voici la réponse de la Fédération des producteurs acéricoles du Québec au communiqué publié hier à l’Institut économique de Montréal avec son porte-parole Pierre Rhéaume.
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RCI avec La Presse canadienne et Radio-Canada
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