L’Arabie saoudite est actuellement le deuxième marché d’exportation en importance du Canada ©iStock/Ruskpp)

Peut-on s’attendre à un face à face entre Justin Trudeau et le prince Mohammed ben Salmane à Buenos Aires vendredi?

La présence de Mohammed ben Salmane, d’Arabie saoudite, au sommet du G20 a été annoncée il y a deux semaines et des activistes et des politiciens réclament que le premier ministre canadien exprime de vive voix au prince héritier les inquiétudes du Canada sur la question des droits de la personne. Inquiétudes qui ont été ravivées par le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi au consulat saoudien d’Istanbul.

Le prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane et le premier ministre canadien Justin Trudeau. Photo : La Presse canadienne

Malgré les appels à une rencontre bilatérale, l’entourage du premier ministre canadien ne veut pas dire pour l’instant si un tête-à-tête pourrait avoir lieu avec Mohammed ben Salmane.

« Les rencontres bilatérales du premier ministre au G20 seront annoncées en temps et lieu », explique Eleanore Catenaro, une porte-parole du bureau du premier ministre.

La semaine dernière, Mme Freeland a indiqué qu’elle voulait profiter du G20 pour inciter l’Arabie saoudite à fournir des réponses sur le meurtre du chroniqueur Jamal Khashoggi et faire pression pour qu’une enquête internationale soit lancée.

Aide-mémoire...
Ottawa et Riyad sont en pleine rupture diplomatique depuis l’été dernier après qu’un message sur Twitter concernant les droits de la personne en Arabie saoudite a été envoyé par Chrystia Freeland. Cela avait provoqué la colère des Saoudiens, qui ont adopté une série de mesures de représailles.


Mohammed ben Salmane, le prince héritier du trône de l’Arabie saoudite et Chrystia Freeland, ministre canadienne des Affaires étrangères. Photo : Radio-Canada

Regarder le prince MBS dans le blanc des yeux?

Anne Ste-Marie, responsable des communications pour Amnistie internationale. Photo : Radio-Canada

Selon Amnistie internationale Canada, Justin Trudeau doit absolument saisir l’occasion du sommet international pour regarder le dirigeant saoudien dans le blanc des yeux. « Je pense qu’il est temps que le Canada parle fermement », dit Anne Ste-Marie, porte-parole de l’organisme.

Selon elle, le premier ministre canadien devrait aborder plusieurs dossiers, de l’implication présumée du prince héritier dans le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi à l’emprisonnement et à la torture de militants pour les droits de la personne ou la mort de 85 000 enfants depuis le début du conflit au Yémen.

Amnistie demande au premier ministre canadien d’exprimer en personne ses inquiétudes au prince héritier, faute de quoi il sera « du mauvais côté de l’histoire ». « Pendant des années, le Canada, comme d’autres pays occidentaux, a fermé les yeux devant le bilan sinistre de l’Arabie saoudite vis-à-vis des droits de la personne. Arrive un moment où ce n’est pas de la complaisance, c’est de la complicité », ajoute-t-elle.

Comment le prince héritier sera-t-il accueilli en Argentine?

Des Tunisiens protestent contre la visite du prince héritier saoudien Mohammed ben Salmane à Tunis le 27 novembre 2018 – © FETHI BELAID

Les raisons sont nombreuses pour les chefs d’État et de gouvernement de ne pas vouloir être associés à Mohammed ben Salmane. Mais la population du pays accueillant le Sommet du G20 pourrait aussi avoir son mot à dire.

Mardi soir, alors que le prince héritier saoudien arrivait à Tunis, des centaines de Tunisiens ont manifesté contre cette visite, aux cris de : « dégage assassin ».

La Tunisie, seul pays à poursuivre sur la voie de la démocratisation après les soulèvements de 2011 est l’un des rares pays arabes où des manifestants peuvent afficher des positions critiques envers le dirigeant saoudien, selon Youssef Cherif, chercheur en politique internationale.

Mohammed ben Salmane, qui s’est notamment rendu au Bahreïn et en Égypte, doit ensuite se rendre au G20 en Argentine.

À Tunis, ces manifestantes brandissent des scies, mardi, pour évoquer le meurtre du journaliste saoudien Jamal Khashoggi. AFP/FETHI BELAID.

Non à l’armement canadien dans les mains des dirigeants saoudiens

Le gouvernement fédéral a annoncé, plus tôt ce mois-ci, qu’il procéderait au réexamen des permis d’exportations d’armes vers le royaume saoudien, ce qui pourrait entraîner au maximum une suspension temporaire des exportations vers ce pays. Ottawa disait cependant ne pas avoir l’intention d’annuler le contrat de vente de blindés conclu sous le précédent gouvernement conservateur de Stephen Harper.

Simon Marcil, du Bloc québécois, croit que le G20 serait une bonne occasion pour annoncer la suspension des ventes d’armes canadiennes à l’Arabie saoudite, à l’exemple de l’Allemagne, du Danemark et de la Suède. « Ce qui parle le plus, c’est l’argent », fait-il remarquer.

Les pays alliés occidentaux qui seront présents au sommet de Buenos Aires sont loin d’un front commun sur cette question. Le Royaume-Uni et la France n’ont pas suspendu leurs ventes d’armes à l’Arabie saoudite. Donald Trump se déclare toujours un « partenaire inébranlable » de l’Arabie saoudite et il refuse d’envisager la rupture d’un contrat d’armement de 15 milliards.

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Photo : Terradyne Armored Vehicles

RCI avec les informations d’AFP et de Louis Blouin de Radio-Canada

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Catégories : Économie, International, Politique
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