Les voyages, les repas somptueux et l’achat de cadeaux font partie des incontournables de la période des Fêtes de fin d’année. Et à ce chapitre, les Canadiens brillent par leurs prodigalités. En octobre, la firme de conseils financiers PwC nous apprenait que les Canadiens dépenseraient en moyenne 1563 $. Soit une hausse de 3,7 % par rapport à l’année dernière. Et le manque d’argent n’est pas une donnée suffisamment dissuasive pour refréner les ardeurs des consommateurs.
Même l’oeil le moins averti s’en rend compte en parcourant les centres commerciaux de Montréal, Toronto ou Vancouver : les Canadiens sont de grands dépensiers. Un fait corroboré par les chiffres de Statistique Canada. Si on prend juste les quatre dernières années, les dépenses moyennes des ménages canadiens sont passées de 79 098 $ en 2013 à 86 070 $ en 2017. Ce qui représente une hausse de 9 %.
Pour compliquer les choses, les Canadiens dépensent l’argent qu’ils n’ont pas. Ils achètent à crédit. Résultat : pour chaque dollar qu’ils dépensent, les Canadiens doivent 1,70 $ ou plus sur le marché du crédit. D’ailleurs, dans l’enquête de PwC mentionnée plus tôt, plus de 3 consommateurs sur 4 envisageaient d’effectuer leurs achats avec une carte de crédit. Et à peine 1 sur 5 (19 %) semblait se préoccuper de la majoration de son endettement.
Benoît Duguay est professeur à l’École des sciences de la gestion de l’Université du Québec à Montréal. Selon lui, les Canadiens vivent au-dessus de leurs moyens. Après avoir été propulsés dans les années 50 dans la société de consommation et plus tard dans celle de l’hyperconsommation, ils sont plongés à présent dans la société de « consumation ».
ÉcoutezConsommer à crédit
Dans son rapport national sur les tendances du crédit à la consommation au deuxième trimestre de 2018, Equifax Canada, une agence d’évaluation de crédit, note que le taux moyen d’endettement (à l’exclusion des emprunts hypothécaires) et de défaillance des Canadiens est de 23271 $ par personne.
Au sommet de l’échelle des plus endettés, on retrouve les 36-45 ans (34 900 $) et les 56-65 ans (29 486 $). Tandis que les 18-25 ans sont les moins endettés (8454 $). Cela dit, ce sont les plus jeunes, les millénariaux (ou enfants du millénaire), qui, en grande majorité, ont plus de mal à respecter leur budget des Fêtes. Début décembre, un sondage de la multinationale RetailMeNot.ca, qui gère des sites web de coupons, affirmait que 59 % des millénariaux s’attendaient à pulvériser leur budget des achats de fin d’année.
En tout cas, 54% d’entre eux constatent que plus de la moitié de leurs factures de cartes de crédit issues des achats des Fêtes dépassent souvent les attentes.
Priorité aux enfants
Au fait, qu’achètent les Canadiens pendant les Fêtes? Selon RetailMeNot.ca, ce sont d’abord les vêtements. Quelque 30% des parents considèrent les vêtements comme des cadeaux incontournables pour leurs enfants. Près de 7 parents sur 10 (67 %) les ont inscrits parmi les trois principaux articles de leur liste de cadeaux.
Viennent ensuite les jouets. Pour 20 % des parents, ils sont en tête de liste des souhaits de leurs enfants. Tandis que 42 % d’entre eux classent les jouets parmi les trois premiers articles de la liste de souhaits de leurs enfants.
Toujours pour faire plaisir aux enfants, 14 % des parents ont prévu d’acheter des systèmes de jeu, dont des jeux vidéo, et 37 % des parents les ont inclus dans le top 3 de leurs enfants.
L’endettement des ménages : un nuage au-dessus de l’économie canadienne
Depuis une trentaine d’années, la dette des ménages canadiens est en constante augmentation, à la fois dans l’absolu et par rapport à la taille de l’économie. Elle était évaluée à plus de 2000 milliards de dollars, dont près des trois quarts consistaient en prêts hypothécaires à la fin de 2017, selon la Banque du Canada.
Pour certains économistes, la diminution des taux d’intérêt explique en grande partie l’endettement au fil des années des ménages canadiens. La baisse des taux a encouragé une hausse fulgurante des prix des biens, y compris immobiliers. Depuis une dizaine d’années, les Canadiens se sont ainsi retrouvés dans une situation où ils devaient emprunter toujours plus pour acquérir une propriété par exemple. En même temps, l’exercice devenait plus facile en raison de la baisse des taux d’intérêt.
Résultat : la dette hypothécaire des Canadiens atteint des sommets. La Banque du Canada l’estime à plus de 80 % de l’endettement des ménages. Et elle s’en inquiète. Pourquoi? Parce que tôt ou tard, l’économie canadienne aura besoin de taux d’intérêt plus élevés, afin de contrôler l’inflation.
Compte tenu du niveau d’endettement actuel des ménages, la Banque du Canada est obligée de faire attention pour ne pas nuire davantage à ces ménages.
Tout cela fait planer un gros nuage sur la stabilité financière du pays. L’économie canadienne n’est pas à l’abri d’une hausse inattendue des rendements obligataires ou à un ralentissement de l’économie mondiale. Or ces deux hypothèses, selon la Banque du Canada, verraient leurs effets amplifiés par leur interaction avec un endettement élevé des ménages.
- Préparer un budget
- Déterminer avec précision ses revenus et ses dépenses (frais de subsistance, hypothèque/loyer, services publics, épicerie, assurances…). Inclure toutes les dettes (prêts, cartes de crédit, lignes de crédit, etc.)
- Examiner ses antécédents en matière de crédit
- Vérifier son dossier de crédit et sa cote de crédit. Ce sont les deux principaux outils des prêteurs pour déterminer s’ils accordent un crédit ou non. Une cote de 600 et plus est jugée bonne.
- Élaborer un plan
- Déterminer les priorités. Essayer de régler ses problèmes par ordre d’importance. Exemple : payer d’abord les dettes ayant les taux d’intérêt les plus élevés. Contrôler et agir
- Passer à l’action.
- Mettre en application son plan. Faire les paiements minimums de toutes ses dettes à la date d’échéance.
- En avoir plus pour son argent
- Essayer, autant que possible d’économiser et de réduire ses dépenses récurrentes. Exemple : planifier les repas de la semaine afin de réduire les dépenses consacrées à la nourriture, planifier les déplacements pour gagner du temps et faire des économies d’essence, ajuster le thermostat pour réduire les factures d’énergie.
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- Garder un œil ouvert sur l’avenir. Prévoir l’imprévisible. Effectuer des recherches avant de s’engager financièrement dans un projet.
Source : Bureau de la consommation du Canada
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