Des professeurs de droit à l’Université Dalhousie, dans l’est du Canada, demandent à la direction de leur établissement de confirmer clairement que la pratique du blackface (se recouvrir le visage de couleur noir) viole le code de conduite des étudiants et la politique de harcèlement sur le campus.
Dans une lettre adressée mardi à la doyenne de cette université d’Halifax, 28 professeurs de la faculté de droit se disent préoccupés par les déclarations du nouveau président par intérim, Peter MacKinnon, concernant le blackface.
Cette controverse éclate dans une province qui est le lieu de résidence d’une des plus anciennes communautés noires du Canada constituée à l’origine par d’ex-esclaves noirs qui avaient fui l’oppression aux États-Unis à partir de la fin des années 1700 et jusqu’en 1860.
Le nouveau président affirme qu’il n’est pas raciste
Dans un livre récent, M. MacKinnon faisait référence à des soirées costumées où des étudiants blancs se peinturaient le visage en noir. Il affirmait que cette pratique du blackface était «souvent, mais pas toujours, considérée comme raciste». M. MacKinnon laisse entendre dans son livre que certaines réactions récentes aux États-Unis concernant cette pratique ont été « disproportionnées » et qu’il ne s’agissait finalement que de « fêtes d’Halloween ».
« Je ne cautionne pas le blackface, a assuré M. MacKinnon au sénat de l’université la semaine dernière. Je regrette toute interprétation contraire et le bouleversement qu’elle a pu soulever. »
« Je comprends qu’une partie de ce que j’ai écrit a causé une certaine détresse chez certains élèves. Je le regrette. J’ai écrit un livre sur des sujets contemporains et litigieux et il était inévitable qu’il soit reçu avec des divergences d’opinion », a-t-il déclaré dans une interview téléphonique à CBC News.
« J’ai été intéressé par certaines des questions entourant les costumes d’Halloween et les réactions à ces costumes. Les réponses à ces questions varient beaucoup, allant d’une dénonciation sévère à peut-être une réponse qui dirait : « Oui, l’impact compte, mais l’intention, le contexte et la proportionnalité comptent aussi. » »
Northam a d’abord reconnu qu’il était l’une des personnes représentées dans cette photo, s’est excusé vendredi dernier, puis il a affirmé 24 heures plus tard que ce n’était pas lui sur la photo, tout en admettant qu’il avait déjà porté le visage noir, lorsqu’il était étudiant au secondaire. Il fait face à une pression intense pour qu’il démissionne.
Inconfort au sein de l’université canadienne
Les 28 professeurs de droit de l’université exposent leur inconfort en ces termes : « Ces déclarations nous inquiètent quant à la manière dont les politiques de Dalhousie pourraient être appliquées à des faits similaires ici. »
Un groupe d’étudiants de l’Université Dalhousie dénonce lui aussi l’analyse du phénomène blackface par Peter MacKinnon. Il affirme que cela témoigne de « perspectives racistes » et d’une « rhétorique oppressive ».
Les signataires demandent donc à la doyenne, Teresa Balser, de publier une déclaration afin de clarifier la question pour les étudiants et les employés de Dalhousie.
Réponse de la direction de l’Université
Un porte-parole de l’université, Brian Leadbetter, indique que la position de l’établissement est pourtant déjà claire. « Le blackface est absolument inacceptable à Dalhousie. Toutes les formes de racisme, y compris le blackface, constituent un affront aux valeurs de notre université et ne seront pas tolérées », a-t-il dit.
M. Leadbetter a soutenu que si un incident de blackface était porté à l’attention de la direction, un certain nombre de politiques pourraient s’appliquer, notamment le Code de conduite des étudiants et la Déclaration sur l’interdiction de toute discrimination à Dalhousie. « Toute plainte serait déférée pour enquête par le biais des processus appropriés », a assuré M. Leadbetter.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de CBC News
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