Toute une série de récentes études réalisées à la fois au Canada et ailleurs semble confirmer l’hypothèse que l’inflammation serait la cause des problèmes de mémoire liés à la maladie d’Alzheimer et non véritablement la présence de dépôts d’amyloïdes dans le cerveau et contre lesquelles l’industrie pharmacologique à miser depuis 20 ans.
L’automne dernier, des chercheurs allemands affirmaient eux aussi que l’inflammation causée par le système immunitaire dans le cerveau favorise l’accumulation des protéines associées à la progression de la maladie d’Alzheimer.
Rappelons que l’inflammation dans le corps humain est souvent le résultat d’une réponse du système immunitaire de l’organisme qui se mobilise pour combattre une infection ou une blessure. Il s’agit d’une réponse généralement localisée, normale et de courte durée. Le danger, selon les chercheurs, résiderait dans le développement d’une inflammation chronique pendant des mois, voire des années, et dont les symptômes peuvent être des douleurs articulaires, des problèmes digestifs et de la fatigue.
Une équipe canadienne est maintenant sur la piste d’un médicament capable de diminuer l’inflammation dans le cerveau des souris et de ralentir les progrès de la maladie avant même que ses symptômes se manifestent clairement.
Ce médicament non toxique pour l’humain, le VX-765, a obtenu de très très bons résultats sur les souris de laboratoire et pourrait passer rapidement à la phase d’essais cliniques sur des humains.
Le médicament qui renverse les effets de l’inflammation
L’inflammation une nouvelle fois montrée du doigt
Cette semaine, c’est au tour de chercheurs américains de l’Université Johns Hopkins d’affirmer que les gens qui souffrent d’inflammation chronique à l’âge moyen, par exemple, risquent de présenter plus de problèmes de raisonnement et de mémoire plus tard en vieillissant.
Ces chercheurs expliquent dans le journal médical Neurology qu’ils ont suivi pendant environ 20 ans 12 336 sujets ayant un âge moyen de 57 ans. Ils ont effectué des prélèvements sanguins au début de l’étude pour vérifier la présence de quatre marqueurs de l’inflammation. Les participants ont été réévalués trois ans plus tard pour mesurer la présence d’un autre marqueur (la protéine C-réactive) et divisés en quatre groupes. Les capacités de raisonnement et de mémoire des sujets ont été testés au début de l’étude, de six à neuf ans plus tard et à la fin de l’enquête.
La protéine C-réactive est une protéine de phase aiguë synthétisée principalement par le foie, mais aussi par le tissu adipeux. Elle joue un rôle important dans les réactions inflammatoires et sert de marqueur biologique à celles-ci.
Les chercheurs ont constaté que le déclin de ces aptitudes était 8 % plus important chez les sujets qui présentaient la plus grande quantité des quatre marqueurs d’inflammation, comparativement au groupe chez qui ces marqueurs étaient les moins présents. Le déclin était plus prononcé de 12 % chez les sujets présentant le plus de protéine C-réactive, en comparaison avec le groupe qui en présentait le moins.
Dans 15 ans, ils seront 937 000. (Société Alzheimer du Canada)
Un médicament qui peut renverser les effets de la maladie?
Plus près de nous, la Dre Andréa LeBlanc, professeure titulaire de la chaire James McGill de neurologie et de neurochirurgie de l’Université McGill, affirmait au mois de novembre dernier que son équipe a découvert une protéine, la caspase 6, qui contribuerait de façon significative aux lésions du cerveau et aussi à la perte de mémoire chez les gens qui ont la maladie Alzheimer, même à un stade très précoce de la maladie.
La nouvelle très encourageante c’est que son équipe a fait des tests sur des souris avec un médicament qui semble avoir complètement éliminée l’action dévastatrice de la caspase 6.
Ce médicament est le VX-765. En une seule semaine de traitement, la souris malade revenait à une mémoire parfaite, explique la Dre Leblanc, qui est reconnue mondialement pour ses travaux sur la maladie neurodégénérative.
Une autopsie du cerveau des souris a apporté d’autres bonnes nouvelles. On a pu observer que l’inflammation du cerveau était complètement disparue. En fait, le cerveau ressemblait à un cerveau normal, en matière d’inflammation. Les dépôts d’amyloïdes qui sont présents dans la maladie d’Alzheimer étaient encore là, mais ils n’avaient pas progressé.
Même si des essais ont déjà montré que le VX-765 est sécuritaire pour l’humain, il faut réaliser un essai clinique pour confirmer qu’il est efficace contre la maladie d’Alzheimer chez l’humain.
RCI avec La Presse canadienne et la contribution de Sandra Demontigny, Janique Leblanc et Alain Labelle de Radio-Canada
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