La poutine est devenue un véritable plat national au Québec et au Canada. Mais d’où vient la recette? Pourquoi un tel succès? On joint Sylvain Charlebois, professeur de distribution et politiques agroalimentaires à la Faculté en management et en agriculture de l’Université Dalhousie.
La poutine ce n’est pas nouveau. Le plat existe depuis un beau moment. Pourtant, deux histoires cohabitent sur les origines de la recette. Elles se déroulent toutes les deux au Québec.
« Il y a la poutine dite « authentique », raconte en entrevue téléphonique Sylvain Charlebois. La ville de Warwick a été le premier endroit où a été apposé le mot poutine sur le menu d’un restaurant en 1957. À l’époque, la poutine n’avait que deux ingrédients : le fromage en grains et les frites. La sauce qui n’était pas incluse était vendue en surplus à partir de 1963. »
Écoutez l’entrevue avec Sylvain Charlebois (9 minutes et 22 secondes) :
Puis, il y a la poutine dite « moderne », poursuit le professeur qui prépare d’ailleurs un livre sur ce mets. « En 1964, à Drummondville, avec Jean-Paul Roy, saucier formé à Montréal. Il est arrivé avec la poutine que l’on connaît aujourd’hui composée des trois célèbres ingrédients : la sauce, le fromage en grains et les frites. »
Deux localités se partagent donc la paternité de la recette. Le débat perdure encore aujourd’hui, précise M. Charlebois, lui-même originaire de la région de l’Estrie au Québec, berceau du fromage en grains. « On peut dire que la poutine à un père et une mère. Même l’origine de son nom est sujette à controverse. Il existe plusieurs versions, mais celle qui tient le mieux la route viendrait d’un prénommé Eddy Lainesse. »
En 1957, cet habitant de Warwick avait proposé à Fernand Lachance, propriétaire du restaurant, de mélanger le fromage avec les frites. « Le propriétaire aurait alors répondu que cela allait faire toute une poutine, dit le professeur. Il existe une autre histoire. Elle se serait cette fois déroulée à Drummondville. Le chef cuisinier de l’époque avait comme surnom « tipoute » qui a ensuite créé le terme poutine. »
Des rumeurs ajoutent même que le terme viendrait du mot anglais « pudding » qui est un brassage de plusieurs ingrédients. La légende fait partie du folklore de la poutine dont le succès ne se dément pas. Au-delà des premiers inventeurs de la poutine, le vrai parrain de la recette est Ashton Leblond, le propriétaire de la chaîne Chez Ashton à Québec.
« C’est vraiment lui qui a institutionnalisé la poutine pour la première fois, explique M. Charlebois. Le succès a été tel que les grandes marques de la restauration rapide (McDonald’s, Burger King, Harveys, etc.) ont rapidement adopté le plat durant les années 1980 et 1990. À partir de ce moment, la poutine a pris une grande importance au Canada. On en retrouve dorénavant partout à travers le monde. »
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