Sur cette photo du 26 août 2016, un fumigateur du gouvernement cubain dans une maison à La Havane. (AP / Ramon Espinosa)

Des pesticides contre le virus Zika expliqueraient le syndrome de La Havane?

L’exposition à une neurotoxine se trouvant dans des pesticides serait à la racine d’un mal mystérieux qui a fait une quarantaine de victimes parmi des diplomates canadiens et américains et leurs familles à Cuba, selon une nouvelle étude scientifique canadienne.

Ambassade américaine à La Havane Photo : The Associated Press/Desmond Boylan

À partir de la fin de 2016, ces personnes vivant à La Havane se sont plaintes de symptômes s’apparentant à ceux de commotion cérébrale, tels que maux de tête, étourdissements, nausées et difficultés de concentration. Plusieurs disaient avoir entendu un bourdonnement ou des sons aigus avant de tomber malades.

L’hypothèse principale, jusqu’à maintenant, était celle d’une « attaque acoustique ». Des employés de l’ambassade des États-Unis à La Havane ont affirmé avoir éprouvé des malaises après avoir entendu des sons dont ils ignoraient la provenance.

Les spéculations ont porté aussi sur des attaques aux micro-ondes, des contaminants inconnus et même des grillons. Les responsables ont pratiquement exclu les facteurs environnementaux comme les toxines dans l’air, le sol ou l’eau, et ils ne soupçonnent plus une attaque sonique.

Une autre raison, proposée et défendue par plusieurs scientifiques, était l’hystérie de masse.

Un homme marche devant l’ambassade du Canada à La Havane, le 17 avril 2018. Desmond Boylan-AP

Sur la piste d’une contamination aux pesticides 

AILSHADOW VIA GETTY IMAGES

Selon une nouvelle étude canadienne, obtenue exclusivement par l’émission Enquête de Radio-Canada, la cause de tous les malaises serait plutôt des agents neurotoxiques utilisés dans la fumigation des pesticides.

Le groupe de 15 chercheurs principaux et leurs équipes ont effectué une évaluation approfondie des symptômes des Canadiens, y compris des analyses sanguines et plusieurs tests d’imagerie cérébrale. Vingt-six personnes ont participé à l’étude, dont un groupe témoin de personnes n’ayant jamais vécu à La Havane.

Selon cette enquête, il existe des types très spécifiques de toxines qui peuvent produire les effets remarqués sur les cerveaux et les systèmes nerveux des victimes et ce sont des insecticides, des pesticides et des organophosphates.

« Les résultats appuient tous le diagnostic de lésions cérébrales acquises chez les diplomates canadiens et leurs familles en poste à Cuba », indique le rapport de l’étude.

Le combat de Cuba contre les moustiques

Cuba avait lancé en 2016 une campagne agressive contre les moustiques pour arrêter la propagation du virus Zika.

Or, les autorités ont pulvérisé activement à l’intérieur et à l’extérieur des résidences diplomatiques, parfois cinq fois plus souvent que d’habitude. De nombreuses fois, des opérations de pulvérisation ont été effectuées toutes les deux semaines.

L’analyse toxicologique des victimes canadiennes confirme la présence de pyréthroïdes et d’organophosphates, deux composés présents dans les produits de fumigation utilisés.

Il y a également une corrélation entre les personnes les plus touchées par les symptômes et le nombre de fumigations effectuées à leur domicile.

Un membre de l’armée cubaine fumige contre les moustiques à La Havane le 23 février 2016. (Yamil Lage/AFP/Getty Images)

RCI avec les informations de Luc Chartrand, Martin Movilla, Lisa Ellenwood Virginia Smart et Jayme Poisson de CBC News et la contribution de Radio-Canada

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