Dans une entrevue accordée à La Presse canadienne, le premier ministre canadien, Justin Trudeau, affirme que 2020 sera une année décisive en ce qui le concerne où il remplira sa promesse de mettra en place de nouveaux moyens pour que le Canada soit « carboneutre » d’ici 2050 — dans 30 ans seulement.
Aux termes de l’Accord de Paris, le Canada s’est engagé à faire passer les émissions de 730 millions de tonnes en 2005 à 511 millions de tonnes en 2030 — une réduction de 30 %.
Or, la combinaison des politiques existantes et prévues ne devrait permettre au Canada d’atteindre qu’une réduction de 588 millions de tonnes d’ici 2030 — soit 20 %.
Les observateurs s’attendent à ce que le Canada adopte un plan plus ambitieux de réduction de ses émissions à la prochaine réunion des Nations unies sur le climat (COP), prévue en Écosse en novembre 2020.
La taxe sur la tonne de carbone au Canada devra-t-elle peser 20 fois plus d’ici 10 ans?
Le plan fédéral de tarification du carbone – qui exclut le Québec et la Colombie-Britannique parce qu’ils ont déjà leurs propres systèmes – prévoit pour le moment une augmentation progressive de seulement 10 $ par année pour atteindre 50 $ la tonne de carbone en 2022. Or, une commission recommandait récemment une augmentation beaucoup plus substantielle.
Alors que la nouvelle taxe sur le carbone coûte 20 $ la tonne cette année, la Commission de l’écofiscalité du Canada proposait en effet de la faire bondir à 210 $ d’ici 2030.
Ce bond de géant équivaudrait à ajouter par exemple 40 ¢ de plus au litre d’essence à la pompe. Mais il serait le sacrifice le moins coûteux pour garantir qu’Ottawa respecte ses propres cibles de réduction de gaz à effet de serre (GES), en supposant que le gouvernement mise uniquement sur la taxe carbone pour y arriver.
La Commission de l’écofiscalité ajoutait que le développement technologique et l’innovation n’ont pas été pris en compte dans son analyse dévoilée mercredi, ce qui veut dire que ses résultats « surestiment probablement l’augmentation requise » de la taxe sur le carbone d’ici une décennie.
Un Canada Carboneutre mais pas sans pétrole
Au cours de cette même entrevue de fin d’année, Justin Trudeau n’a pas cependant exclu de donner son feu vert au projet controversé de 20,6 milliards de la mine d’exploitation de sables bitumineux de la compagnie Teck Frontier, au nord de la célèbre ville pétrolière de Fort McMurray, en Alberta et qui pourrait produire jusqu’à 260 000 barils de pétrole par jour.
Cette exploitation devrait générer 12 milliards de recettes fiscales pour Ottawa et 55 milliards de recettes fiscales et de redevances pour l’Alberta au cours de sa durée de vie de 41 ans. Environ 7000 emplois pourraient être créés lors de la construction de la mine et 2500 autres durant son exploitation.
Selon les écologistes, cette nouvelle avancée de l’industrie pétrolière en sol albertain serait absolument incompatible avec la cible d’un bilan carbone neutre.
RCI avec les informations de La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada
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