Le Conseil de sécurité de l’ONU. Crédit photo : EMMANUEL DUNAND

Siège au Conseil de sécurité : optimisme prudent du Canada grâce à l’Afrique?

Au moment où Ottawa accélère sa « campagne » auprès des pays africains pour obtenir leurs appuis, le ministre canadien des Affaires étrangères, François-Philippe Champagne, affirme que le Canada a encore des chances d’obtenir un siège au Conseil de sécurité des Nations unies cette année.

Le ministre des Affaires étrangères François-Philippe Champagne. PHOTO TOLGA AKMEN, ARCHIVES AGENCE FRANCE-PRESSE

« J’ai été agréablement surpris par le soutien que j’ai reçu des pays hôtes que j’ai visités. Je pense que les gens reconnaissent que le Canada peut jouer un rôle positif dans le monde », a-t-il affirmé.

C’est en juin prochain que ces deux sièges seront attribués par un vote de l’Assemblée générale de l’ONU. Les pays en lice pour un siège au conseil auront besoin des deux tiers des voix au scrutin secret, soit plus de 128 voix. Or, l’Afrique est l’un des blocs les plus influents avec 54 membres votants.

Au terme d’un voyage au Mali et au Maroc, le ministre canadien a donc rejeté en conférence de presse l’analyse de nombreux experts qui affirment que la candidature canadienne est sérieusement minée par des années de faibles contributions du Canada en matière d’aide internationale ainsi qu’une participation peu musclée aux différentes missions de maintien de la paix des Nations unies.

La cible de l’ONU pour l’aide publique au développement est de 0,7 % du revenu national brut (RNB). Or, le niveau de contribution actuel du Canada est inférieur à 0,3 %.

Des casques bleus déployés en République démocratique du Congo.
Crédit photo : UN Photo/Sylvain Liechti

L’Arabie saoudite, la Chine et la Russie pourraient bloquer le Canada

Le Canada fait face à une très vive concurrence de la part de la Norvège et de l’Irlande pour l’obtention d’un des deux sièges de membres non permanents disponible cette année au sein du Conseil de sécurité. Ces sièges sont valides pour un mandat de deux ans à compter de 2021.

Les perspectives canadiennes se sont cependant assombries récemment. Le Canada a besoin du soutien de pays musulmans et asiatiques, dont deux des principaux acteurs de ces régions, l’Arabie saoudite et la Chine. Mais ces deux pays ont des conflits diplomatiques non résolus avec le Canada et pourraient influencer le vote d’autres nations. La Russie s’oppose elle aussi à la candidature du Canada.

La Chine a notamment étendu son influence diplomatique en Afrique avec de grandes dépenses d’infrastructure et en distribuant généreusement ses propres fonds de développement pour se faire des alliés et influer sur la politique. Elles pourraient faire pression sur certaines nations africaines pour qu’elles ne votent pas en faveur du Canada.

« Nous sommes toujours derrière d’autres pays en matière de dépenses et il y a beaucoup de pays autocratiques qui ne veulent pas voir le Canada obtenir un siège et l’utiliser pour être juste en matière de droits de la personne, de genre et d’autres valeurs qui nous sont chères », soutient Bessma Momani, une experte en affaires internationales à l’Université de Waterloo.

Une défaite humiliante en perspective pour le Canada et Justin Trudeau?

Le premier ministre Justin Trudeau lorsqu’il prenait la parole à la 71e session de l’Assemblée générale des Nations unies en septembre 2016. (Twitter/ @PMcanadien)

Le premier ministre Justin Trudeau avait fait de l’obtention d’un siège non permanent au Conseil de sécurité l’un des points forts de ses engagements en 2015 lorsqu’il a lancé au monde entier : « Le Canada est de retour! »

Colin Robertson, vice-président de l’Institut canadien des affaires mondiales et ancien diplomate, estime que le premier ministre canadien doit faire campagne lui-même à l’extérieur du pays pour tenter d’éviter un échec devant l’ONU, ce qui constituerait un revers majeur en politique étrangère pour le pays.

« Perdre en 2020 serait traumatisant pour Justin Trudeau, affirme M. Robertson. Et ce serait un choc désagréable pour les Canadiens qui pensent que le monde nous aime. »

Si M. Trudeau décide de mener une campagne acharnée, l’obtention d’un siège est toujours possible, selon lui. La Norvège remportera probablement l’un des deux sièges, mais le Canada pourrait encore avoir le dessus sur l’Irlande.

Fen Hampson, expert en diplomatie à la Normal Paterson School of International Affairs de l’Université Carleton, en Ontario, estime que les chances du Canada en viendront essentiellement à ce qu’il peut offrir concrètement à des régions et à des pays en particulier. Et en Afrique, cela mène généralement à une conversation sur l’aide étrangère, selon lui.

L’héritage politique de Stephen Harper

Stephen Harper devant l’Assemblée générale des Nations unies en 2014 Crédit photo : PC / Sean Kilpatrick

Le Canada est l’un des membres fondateurs de l’ONU, mais sa popularité au sein de l’organisation a été amoindrie sous le premier ministre conservateur Stephen Harper (2006-2015).

Il avait souvent choisi de ne pas participer à l’Assemblée générale annuelle, ainsi qu’à d’autres rencontres de haut niveau. Il s’était aussi rangé sans nuances dans le camp d’Israël.

Depuis son arrivée au pouvoir, en 2015, l’idée fixe du premier ministre Justin Trudeau, en politique internationale, est son désir de voir le Canada reconquérir une place au Conseil de sécurité, d’où le pays a pour ainsi dire été éjecté officiellement en 2010. Le Canada a fait partie du Conseil de sécurité six fois depuis 1948, dont la dernière remonte à 1999-2000.

RCI avec les informations de La Presse canadienne et la contribution de Radio-Canada

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Catégories : International, Politique
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