La sénatrice Lynn Beyak s'adresse à la Chambre rouge le 9 mai 2019. (CBC)

Autochtones : la sénatrice Lynn Beyak s’excuse « sans réserve » d’avoir publié ses lettres racistes

La sénatrice Lynn Beyak maintenait depuis près de deux ans qu’elle n’avait absolument rien à se reprocher. Mais mardi, elle a fait volte-face. Devant ses collègues, elle a affirmé avoir eu tort d’insister pour laisser sur son site web de sénatrice des lettres décrivant les Autochtones du pays comme étant des êtres paresseux et inaptes. Elle tenait un ensemble de propos racistes pour décrire les Premières Nations.

Ces lettres racistes de la sénatrice Beyak provenaient d’un discours qu’elle avait prononcé en 2018 et dans lequel elle disait que les pensionnats avaient eu des effets positifs dans la vie des enfants autochtones.

Le Sénat canadien
(Crédit photo : PC / Adryan Wyld)

En mai dernier, elle se présentait encore comme une défenseure de la liberté d’expression et une victime de la rectitude politique lorsque ses collègues sénateurs s’apprêtaient à voter en bloc pour la suspendre sans salaire. Dans son discours de 15 minutes devant ses collègues, Mme Beyak avait assimilé sa suspension temporaire au cauchemar totalitaire décrit par George Orwell dans son roman dystopique 1984.

« Ce type de peine est totalitaire et étranger à la tradition des nations libres comme le Canada, avait dit Mme Beyak. Les parlementaires n’ont pas vu leur liberté d’expression être menacée de la sorte depuis les événements qui ont conduit à l’adoption de la Déclaration des droits par le Parlement anglais le 16 décembre 1689. »

En recommandant sa suspension temporaire, le Comité de l’éthique au Sénat avait expliqué au printemps dernier que Mme Beyak pourrait faire l’objet d’une expulsion pure et simple. Le comité avait alors signifié que Mme Beyak devrait présenter des excuses officielles par écrit, à tous les sénateurs, pour ses actes.

Rappelons que Lynn Beyak avait été nommée au Sénat en 2013 par l’ancien premier ministre conservateur Stephen Harper. Elle avait été expulsée du caucus conservateur en 2018 en raison de ces fameuses lettres racistes.

Une volte-face expliquée

Après avoir insisté pendant des années sur le fait qu’elle n’avait rien fait de mal, la sénatrice de l’Ontario Lynn Beyak a déclaré mardi à ses collègues de la Chambre haute qu’elle acceptait désormais que le fait de publier des lettres racistes sur le site web du Sénat était « inconsidéré ».

Elle disait regretter le tort qu’elle a causé en décrivant le système des pensionnats autochtones en des termes positifs.

Or, on sait maintenant, après les révélations faites dans le cadre d’une grande enquête nationale, que des milliers de ces enfants autochtones ont subi des sévices sexuels et physiques ou sont morts de maladies et de malnutrition.

« Je voudrais m’excuser sans réserve pour mes actions, a-t-elle dit. En raison de ma croyance en la liberté d’expression, mon instinct initial était de laisser les lettres sur le site web. Après une longue et minutieuse réflexion, je regrette maintenant de ne pas avoir insisté pour qu’elles soient retirées. »

« Elles étaient irrespectueuses, diviseuses et inacceptables, a-t-elle ajouté à propos des lettres. Malheureusement, mes actions n’ont pas aidé à la conversation nationale sur cette question. »

Toutes ces excuses arrivent au moment où le Sénat s’apprête à voter sur un rapport qui, s’il est adopté, suspendra Beyak pour une seconde fois pour n’avoir pas suivi une formation antiraciste obligatoire.

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RCI avec les informations de CBC News

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Catégories : Autochtones, Société
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