À travers tout le Canada, un certain nombre de petites distilleries ont changé leur production pour produire du désinfectant pour les mains.
Les distillateurs procèdent au réoutillage et affirment qu’ils disposent de grandes réserves de l’ingrédient principal, l’alcool, et que cet alcool peut être utilisé sans grande difficulté pour passer de la production de gin, de vodka ou de rhum à la production de ce désinfectant qui est maintenant presque introuvable en magasin ou en ligne au Canada.
La production d’alcool étant étroitement réglementée au Canada, il faut obtenir certaines autorisations légales pour passer à la production de désinfectant, mais apparemment rien de majeur.
Pour être efficace, le désinfectant qu’ils produisent doit contenir au moins 65 % d’alcool, mais aussi un agent hydratant tel que l’aloe vera pour éviter le dessèchement de la peau, ainsi que d’autres éléments pour décourager la consommation du produit par voie buccale.
Deux Canadiens sont morts il y a quelques années après avoir consommé du désinfectant pour les mains de marque Bodico.
Altruisme plus que du mercantilisme
Les distilleries impliquées dans cette opération de reconversion sont motivées par des impératifs certes économiques, mais aussi des motifs altruistes.
Non seulement elles veulent répondre aux demandes des consommateurs pour du désinfectant pour les mains, mais aussi il appert que la demande pour leur boissons alcoolisés est en chute libre. Cela serait lié au fait que de nombreux bars ont reçu l’ordre au Canada de fermer leurs portes ou de réduire le nombre de clients dans leurs établissements.
Plusieurs distilleries se disent aussi consternées par les tentatives de certains individus de profiter de la crise de la COVID-19 en achetant des stocks de désinfectant pour les mains pour tenter de les revendre beaucoup plus cher sur Internet, ce qui a accentué les pénuries.
D’un bout à l’autre du Canada
À Toronto, Spirit of York a rejoint le mouvement. Cité dans le Toronto Star, son fondateur Gerry Guitor déclare : « Nous étions consternés par cette personne qui accumulait des bouteilles de désinfectant pour les mains et qui essayait de les revendre sur Amazon et eBay, et nous parlions du fait qu’en temps de crise, il y a toujours des gens qui essaient de profiter de la crise. Et nous avons dit : « Eh bien, que pouvons-nous faire? »
Les propriétaires se sont alors tournés vers une recette de l’Organisation mondiale de la santé et ont rapidement changé de production. Tous les bénéfices de leurs ventes seront versés aux banques alimentaires locales et certains produits seront distribués aux habitants qui n’ont pas les moyens de les acheter.
À environ 90 kilomètres de là, dans la péninsule du Niagara, Dillon’s Small Batch Distillers, à Beamsville, a également rejoint le mouvement. Développant une recette la semaine dernière, l’entreprise a déjà distribué plusieurs milliers de petites bouteilles à la police locale, aux travailleurs de la santé de première ligne, à la ville de Hamilton et à Meals on Wheels, l’organisation à but non lucratif qui livre des repas aux personnes âgées et à d’autres personnes confinées chez elles, incapables de sortir pour faire leurs propres courses.
Compass Distillers à Halifax dans la province de la Nouvelle-Écosse s’est tournée vers la production de désinfectant et cherche maintenant à distribuer le désinfectant qu’elle fabrique au sein de sa communauté.
En Nouvelle-Écosse, Steinhart Distillery, situé à environ 200 kilomètres au nord d’Halifax, a également changé d’activité mais vend le produit afin de pouvoir continuer à payer son personnel. Ce distillateur fera don de 20 % de chaque commande aux banques alimentaires locales.
Initiatives locales
D’autres petites entreprises locales à travers le pays ont également fait un changement, comme Victoria Distillers, à Sydney, en Colombie-Britannique.
Notant qu’après chaque lot de gin produit il lui restait de l’alcool, elle a commencé à collaborer avec une entreprise de produits de soins de la peau de Colombie-Britannique pour produire du désinfectant à donner aux personnes travaillant dans les « services essentiels », comme la police, les pompiers, le personnel médical et même les employés des épiceries, qui en cette période de crise sont également devenus essentiels.
Aucune mention pour le moment concernant des distillateurs au Québec faisant partie de ce mouvement d’entraide. Si vous en connaissez, écrivez-nous : Stéphane.parent@radio-canada.ca
RCI avec les informations de RCI, CBC News et du Toronto Star
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