Un soldat américain assis dans son véhicule Humvee lors de manoeuvres de l'OTAN (Ints Kalnins/Reuters)

Les États-Unis n’enverront pas de militaires à la frontière canadienne

COVID-19 – Selon le quotidien Wall Street Journal aux États-Unis, l’administration de Donald Trump a abandonné son projet d’envoyer des forces militaires américaines à la frontière canadienne dans son combat pour protéger les Américains contre le nouveau coronavirus.

AFP/Getty Images

Le quotidien cite un responsable américain, révélant que cette décision a été prise après que les responsables politiques canadiens se soient vigoureusement opposés à cette idée qui aurait militarisé la plus longue frontière démilitarisée au monde et ce depuis des générations.

C’est la chaîne de télévision privée canadienne Global qui avait initialement eu vent de ce projet mercredi. Un haut responsable de l’administration américaine a confirmé jeudi à CBC News que la mesure était à l’étude mais qu’aucune décision n’avait été prise.

La proposition de la Sécurité intérieure américaine visait à placer jusqu’à 1 000 soldats américains à la frontière avec le Canada afin d’empêcher le passage aux États-Unis en provenance du Canada.

Jeudi après-midi, le magazine Nation aux États-Unis publiait une note de service de la Sécurité intérieure au Pentagone faisant l’objet d’une fuite et décrivant en détail le projet américain pour minimiser les menaces sanitaires entrant dans le pays. La note demandait que jusqu’à 1 000 « personnels » du ministère de la défense soient déployés à la frontière avec le Canada et 540 à la frontière avec le Mexique.

Chronologie du retrait du projet militaire américain

Avant que Washington abandonne ses plans, la journée de jeudi a été témoins de plusieurs vives réactions au Canada rejetant l’idée américaine de militariser la frontière. Elle a aussi été l’occasion plus tard en après-midi pour Donald Trump d’y aller de commentaires ajoutant un peu confusion aux tensions diplomatiques naissantes entre les deux pays.

Le gouvernement canadien s’est manifesté tôt en journée, déclarant qu’il s’opposait fermement à la proposition de la Maison Blanche pour arrêter la propagation de la pandémie COVID-19 par les passeurs illégaux de frontières.

Justin Trudeau en conférence de presse jeudi. Photo : CBC

Dabord, le Premier ministre Justin Trudeau a confirmé lors de sa conférence de presse quotidienne sur la pandémie que son gouvernement avait discuté du statut des troupes militaire à la frontière canado-américaine avec l’administration Trump.  « Le Canada et les États-Unis ont la plus longue frontière non militarisée du monde, et il est dans notre intérêt à tous deux qu’elle le reste », avait-t-il déclaré aux journalistes. « Nous avons eu des discussions avec les États-Unis à ce sujet. »

La vice-première ministre et ministre des affaires intergouvernementales Chrystia Freeland répond à une question lors d’une conférence de presse à Ottawa, le jeudi 26 mars 2020. (Adrian Wyld/Presse canadienne)

Puis, utilisant un langage inhabituel et dur, la vice-première ministre Chrystia Freeland et la responsable des relations avec les États-Unis a averti que le Canada considérerait un déploiement de troupes militaires »comme nuisible à nos relations ». « L’idée d’envoyer des troupes américaines à notre frontière est inutile. La situation de la santé publique n’exige pas une telle action et du côté canadien, nous ne pensons pas que ce serait approprié étant donné les relations très cordiales qu’entretiennent nos deux pays », a déclaré Chrystia Freeland lors d’une conférence de presse.

L’ancien ambassadeur des États-Unis au Canada, Bruce Heyman, a déclaré que la proposition est « entièrement politique » et n’est soutenue par aucune justification. Bien que le plan visait à prévenir les passages irréguliers du Canada vers les États-Unis, un nombre beaucoup plus important de personnes passent des États-Unis au Canada chaque année. En privé, les fonctionnaires d’Ottawa ne savaient pas si la volonté de déployer des troupes était motivée par des considérations pratiques ou politiques à Washington, étant donné le désir du président Donald Trump d’être vu pour renforcer les frontières de l’Amérique, en particulier celle avec le Mexique.

Donald Trump y va de ses propres commentaires

Paul Sancya/AP Photo

Lors d’une conférence de presse à la Maison Blanche jeudi après-midi, un reporter a demandé au dirigeant américain ses réactions aux objections canadiennes.

M. Trump a déclaré que les troupes américaines pourraient servir non seulement à repousser la menace de l’infection mais qu’elles pourraient êtres utilisées aussi pour arrêter les cargaisons illégales d’acier chinois qui transitent par le Canada afin d’éviter ses droits de douane sur la Chine.

« Nous avons beaucoup de choses qui arrivent du Canada. Nous avons des échanges commerciaux, certains illégaux, que nous n’aimons pas. … Nous n’aimons pas que de l’acier passant par notre frontière soit déversé au Canada pour qu’ils puissent éviter les droits de douane », a déclaré Donald Trump.

M. Trump a également suggéré que le fait de rapprocher les troupes militaires américaines du Canada permettrait d’équilibrer les choses avec le Mexique.

« Nous avons des déploiements très importants à la frontière sud, comme vous le savez, le Mexique, et nous avions quelques troupes au Canada, mais je vais me renseigner à ce sujet. Je suppose que c’est une justice égale, dans une certaine mesure », a déclaré M. Trump. « Mais au Canada, nous avons, nous avons des troupes le long de la frontière. »

Les journalistes et commentateurs présents n’ont pas saisi de quoi parlait M. Trump. Tel que décrits dans la note de service de la Sécurité intérieure au Pentagone le plan ne semblait pas destiné à aider les gardes-frontières à rechercher des cargaisons illicites de métaux lourds. Il n’était pas non plus évident de savoir ce que le Président entendait par déploiement de troupes américaines qui seraient déjà présentes à la frontière canadienne.

Jeudi soir, le Wall Street Journal rapportait que Washington était prêt à abandonner l’idée – ce que le gouvernement canadien n’a pas pu confirmer immédiatement.

Le président américain Donald Trump déclarait hier que le stationnement de troupes le long de la frontière entre les États-Unis et le Canada ne serait pas différent de ce que les États-Unis font le long de leur frontière avec le Mexique, appelant cela « une justice égale ». (Alex Brandon/The Associated Press)

RCI avec les informations du Wall Street Journal, CBC News et La Presse canadienne.

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