En ce 1er mai, ceux des travailleurs qui offrent des services essentiels à la population au Québec exigent un meilleur salaire. Crédit : Istock

1er mai au Québec : fête en murmures pour les travailleurs essentiels précaires

En ce 1er mai, fête des travailleuses et travailleurs, plusieurs groupes membres de la Coalition contre le travail précaire élèvent la voix pour exiger une meilleure reconnaissance de leur contribution et une meilleure rémunération.

Des travailleurs essentiels venus majoritairement d’ailleurs

Ils sont des immigrés, des récents demandeurs d’asile, des demandeurs d’asile temporaire. Ils interviennent souvent en première ligne, ils offrent les services parmi les plus cruciaux à la population en tout temps et plus encore en cette période de crise de la COVID-19.

Accrochés aux manches de leurs balais, ils nettoient pour le bien-être et la santé du plus grand nombre.
Torchons en main, ils lavent et désinfectent les principaux lieux communs : toilettes, poignets des portes, vitres et autres surfaces dans les magasins de vente en détail. Ils sont des aides-soignants, des caissiers, des préposés à la préparation de repas, des emballeurs de viandes, des distributeurs de biens. En bref, ce sont des touche-à-tout au nom de l’intérêt collectif, qui donnent de leur temps, de leurs muscles, voire de leur santé et de leur vie, pourtant leur contribution est souvent mal appréciée, sous-estimée, sous-évaluée et mal rémunérée.

« Notre travail devrait être valorisé dès maintenant et le demeurer après la pandémie »

Cette affirmation issue du communiqué de la Coalition contre le travail précaire est une interpellation aux dirigeants du Québec et du Canada.

On a souvent entendu une telle doléance, mais en cette période de crise sanitaire, les groupes membres de la Coalition s’attendent à ce qu’elle sonne une nouvelle cloche, et qu’elle suscite des réactions plus concrètes là où de trop longs silences ont enterré les espoirs d’une meilleure vie au Canada.

Contre des « lois et traitements injustes »

En son temps, Martin Luther King attirait l’attention sur le fait que « chacun a la responsabilité de désobéir aux lois injustes ».

Plus de cinq décennies après la disparition du pasteur et homme politique américain, ce propos continue de susciter des questionnements.

Désobéir ? Oui, mais à quel prix ? Désobéir au risque de ne pouvoir mettre du pain sur la table pour sa progéniture, de ne pouvoir payer un simple loyer, aussi modique soit-il dans les quartiers populaires qui abritent par milliers ces catégories de travailleurs?
Désobéir? En définitive non! Mais, continuer malgré l’adversité, car c’est une question de survie pour ces employés, pour une multitude de personnes qui les entourent ici ou qui vivent de leur aide là-bas, dans leurs pays d’origine.

Mostapha Henaway, du Centre des travailleuses et travailleurs immigrants, qui fait partie de la dizaine d’organismes membres de la Coalition contre le travail précaire, estime qu’il faut continuer, mais en mettant en place des mesures d’encadrement plus justes et plus équitables.

« Ces travailleuses et travailleurs sont confrontés à la précarité parce qu’ils travaillent par l’intermédiaire d’agences de placement, parce qu’ils font face à la violation des normes de travail, ou encore parce que leurs employeurs ne respectent pas les directives établies pour les protéger durant la pandémie », affirme-t-il dans le communiqué.

Levés tôt tous les matins, ils sont de tous les transports en commun pour se rendre dans leur lieu respectif de service. En cette ère de lutte aux changements climatiques, il est certes primordial d’accorder une plus grande place au transport écologique, mais des autobus bondés en temps de pandémie constituent une source de stress supplémentaire pour ces travailleurs et leurs familles qui craignent pour leur santé. Les conditions de travail dans certains entrepôts clos sont tout aussi loin de les rassurer.

J’ai peur parce que tous les employés sont obligés de prendre des bus bondés pour aller travailler et de travailler côte à côte avec d’autres personnes. Il n’y a aucune protection contre le virus, dit Andrew, immigrant récent du Bangladesh, qui se préoccupe ainsi de la situation de sa mère qui travaille dans une usine de viande à Montréal-Nord, l'un des quartiers multiculturels, au cœur de la propagation du virus sur l'île.

C’est ainsi que la Coalition demande l’instauration de certaines mesures d’urgence destinées à protéger la santé et la sécurité des travailleurs, et à leur assurer un meilleur salaire.

Elle souhaite entre autres :

  • des enquêtes en personne pour s’assurer du respect des normes de santé et de sécurité au travail dans les milieux concernés;
  • le respect par les employeurs des mesures édictées dans le cadre de la COVID-19;
  • la hausse du salaire minimum à 15 $ l’heure;
  • l’accès à un travail permanent et sûr pour les travailleurs;
  • un permis de travail pour donner plus de liberté de choix aux travailleurs temporaires qui souhaitent quitter leur emploi en raison des dangers encourus;
  • l’octroi d’un certificat de sélection du Québec, entre autres.
Avec des informations de la Coalition contre le travail précaire.

Lire aussi :

Des données sur l’origine ethnique des malades sont exigées

COVID-19 : Le Nouveau-Brunswick interdit l’entrée des travailleurs étrangers

Catégories : Société
Mots-clés : , , , , ,

Vous avez remarqué une erreur ou une faute ? Cliquez ici !

Pour des raisons indépendantes de notre volonté et, pour une période indéterminée, l'espace des commentaires est fermé. Cependant, nos réseaux sociaux restent ouverts à vos contributions.