Alors que les provinces remettent progressivement leurs économies en marche, les efforts de dépistage s’accentuent. Et ce sont les provinces les plus touchées par la COVID-19 qui accélère ce processus, mais avec des stratégies différentes. Et ces décisions sont prises selon la capacité de leurs laboratoires et les ressources dont elles disposent.
Le Dr Peter Phillips, professeur au Département des maladies infectieuses de l’Université de la Colombie-Britannique, soutient que les tests ont été moins rationnés au fur et à mesure que les capacités ont augmenté. L’expert croit maintenant que les provinces et les territoires doivent élargir les critères de dépistage afin de détecter et d’isoler rapidement les cas de COVID-19.
Une analyse de La Presse canadienne à partir de données provenant du Québec, de l’Ontario, de la Nouvelle-Écosse, de la Colombie-Britannique et de l’Alberta souligne que les approches divergent.
Manque de dépistage au début de la pandémie au Québec
Selon l’épidémiologiste Nima Machouf, une grande partie des données sur les tests au Québec reflète la pénurie de matériel dans la province pour faire passer des tests. Ce qui veut dire que le Québec a gardé ses critères de dépistage très étroits en début de pandémie, préférant se concentrer sur des segments de la population plus à risque.
La professeure à l’École de santé publique de l’Université de Montréal est d’avis que le taux réel de propagation communautaire au Québec est probablement beaucoup plus élevé que ne le montrent les tests faits jusqu’à présent. Par ailleurs, le gouvernement du Québec annonçait la semaine dernière son intention d’intensifier le dépistage pour le faire passer à plus de 14 000 tests par jour. Mme Machouf espère que les personnes qui sont entrées en contact avec des gens présentant des symptômes seront aussi testées.

Un couple profite du soleil au parc Maisonneuve à Montréal, le 2 mai 2020. Photo : Radio-Canada/Carla Oliveira
L’Ontario a su augmenter le nombre de tests effectués
Critiqué pour son faible taux de dépistage par habitant, l’Ontario s’est ensuite ressaisi pour effacer un retard de 11 000 tests. Début avril, la province la plus peuplée du Canada peinait à effectuer 4000 tests par jour. On y compte le deuxième nombre de cas de COVID-19 au pays, derrière le Québec.
Le ministère ontarien de la Santé affirme que de nouvelles directives ont été données afin d’augmenter le nombre de personnes qui peuvent être testées. La Dre Camille Lemieux, chef de la médecine familiale à l’University Health Network de Toronto, juge qu’il est important d’avoir des chiffres précis au moment où les autorités cherchent à relancer les activités économiques dans la province. Selon la Dre Lemieux, chaque personne qui le souhaite devrait être testée, même si elle présente peu ou pas de symptômes. Elle recommande aussi des tests aléatoires.
La Colombie-Britannique teste moins, mais s’attire les louanges
Bien que la gestion de l’épidémie par la Colombie-Britannique ait suscité des éloges, le nombre de tests réalisés dans cette province la plus à l’ouest du Canada a toujours été inférieur à celui des autres provinces les plus touchées. Le ministère de la Santé affirme que les laboratoires peuvent réaliser jusqu’à 65 000 tests par jour et que les lieux de collecte sont bien approvisionnés. Cependant, la semaine dernière, on y effectuait entre 18 000 et 28 000 tests.
La Dre Bonnie Henry, médecin en chef et hygiéniste de la province, a déclaré qu’il n’y a pas de nombre spécifique de tests à effectuer chaque jour, mais qu’il est important de tester les bonnes personnes. La Colombie-Britannique envisage de faire plus de tests avant l’automne au moment où plus de personnes souffriront de maladies respiratoires, comme la grippe.

La Dre Bonnie Henry, et le ministre de la Santé Adrian Dix, lors d’un point de presse avec le premier ministre John Horgan (au centre) à l’Assemblée législative de Victoria, en Colombie-Britannique, le 6 mai 2020. Photo : La Presse canadienne/ Chad Hipolito
Alberta : tester plus pour pouvoir relancer l’économie
La province dont l’industrie première est le pétrole dit avoir une des capacités de dépistage les plus élevées du monde. Tyler Shandro, ministre de l’Environnement, affirme que la décision d’ouvrir certaines entreprises doit être basée sur des informations plus précises et plus détaillées.
La Dre Ameeta Singh, spécialiste des maladies infectieuses à l’Hôpital Royal Alexandra d’Edmonton, affirme que les systèmes de santé et de laboratoire centralisés de la province seraient l’une des raisons de son taux élevé de tests. L’Alberta peut effectuer jusqu’à 7000 par jour, mais sa moyenne récente est inférieure à 4000. On vise à augmenter la capacité quotidienne à 16 000 tests d’ici juin, mais sans engorger le système de santé.
Le cas particulier de la Nouvelle-Écosse
Le Dr Todd Hatchette soutient qu’une approche dynamique a permis d’atténuer l’épidémie de la COVID-19 dans cette province des Maritimes. Le chef du département de microbiologie de la Santé publique de la Nouvelle-Écosse exige que tous les contacts d’une personne atteinte de la COVID-19 soient testés à leur tour, qu’ils aient des symptômes ou non.
La province vient de recevoir du matériel médical afin de réaliser quotidiennement jusqu’à 3000 tests. Les autorités affirment toutefois que ses capacités sont supérieures à ce chiffre puisque la saison de la grippe est terminée. Selon le microbiologiste, il y a moins de gens qui se présentent avec des symptômes liés à la COVID-19.
La Presse canadienne a effectué une analyse des données concernant les tests réalisés dans certaines provinces au cours d’une période de six semaines commençant à la fin du mois de mars.
Avec les informations de La Presse canadienne
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