Le premier ministre Justin Trudeau soutient que le Canada n’est pas pressé d’assouplir les restrictions de passage à la frontière américaine qui permettrait des déplacements non essentiels. Par contre, il affirme que tout assouplissement sera accompagné de mesures de contrôle très strictes pour garantir la sécurité des Canadiens.
La question surgit alors que l’accord conclu en mars entre les deux pays pour ne laisser passer que le trafic commercial et certains travailleurs arrive à échéance jeudi de la semaine prochaine. Prolongé de 30 jours en avril, il devra être résilié, reconduit ou amendé.
Au cours de son point de presse quotidien, Justin Trudeau a été interrogé à plusieurs reprises sur l’avenir de l’accord. Sans apporter de précisions véritables, il a fait part de son désir de prudence qui accompagnera toute décision, quelle qu’elle soit.
« Nous allons être très, très prudents quant à la réouverture de tout voyage international, y compris aux États-Unis, avant de penser que le moment est venu », a-t-il déclaré.
Les États-Unis ont le pire bilan officiel de morts de tous les pays de la planète
« Empêcher la transmission de l’étranger vers le Canada, une fois que nous aurons contrôlé la propagation à l’intérieur du Canada, sera un élément essentiel pour garantir que nous ne retomberons pas dans une deuxième vague qui pourrait être aussi grave que celle que nous traversons, voire plus grave encore », a dit le premier ministre.
Les plus récents rapports faisaient état de plus 83 000 morts aux États-Unis liés à la pandémie. Au Canada, avec une population neuf fois inférieure à celle des États-Unis, on rapportait mardi un peu plus de 5200 morts.
« La priorité doit être d’assurer la sécurité des Canadiens, et c’est dans cet esprit que nous avons engagé un dialogue constant et constructif avec les Américains pour parler de nos intérêts communs, y compris la frontière. Et je ne doute pas que nous aurons plus à dire dans les prochains jours sur la manière dont nous continuons à avancer de manière à assurer la sécurité des Canadiens », a ajouté M. Trudeau.
Une ouverture élargie de la frontière canadienne serait inévitable
Au cours d’une réunion virtuelle de la commission de la Chambre des communes mardi, le député néo-démocrate Brian Masse, qui représente une circonscription frontalière dans la région de Windsor en Ontario, aux portes de la ville de Détroit sévèrement touchée par la pandémie, a interrogé la vice-première ministre Chrystia Freeland sur l’état des négociations avec les Américains.
Elle a aussi souligné que le Canada mise avant tout sur une très grande prudence. « Nous sommes en contact très étroit avec les Américains sur les prochaines étapes… nous adoptons une approche prudente », a-t-elle dit.
« Inévitablement, à mesure que nos économies s’ouvrent… même en l’absence d’un seul changement dans les restrictions frontalières du Canada, nous verrons davantage de voyages à travers la frontière. Nous verrons plus de Canadiens choisir d’aller et venir, et nous verrons plus d’activités commerciales, ce qui signifiera plus de voyages essentiels. Cela signifie que le gouvernement fédéral devra faire encore plus à toutes nos frontières pour assurer la sécurité et le bien-être des Canadiens, et c’est quelque chose sur lequel nous travaillons en ce moment, et nous sommes très concentrés sur ce point », a mentionné la vice-première ministre.
Résistance des provinces?
Les dirigeants provinciaux, en particulier le premier ministre ontarien, ont clairement fait savoir qu’ils ne voulaient pas de visiteurs en provenance des États-Unis.
Doug Ford, dont la province partage des passages avec le Minnesota, le Michigan, l’Ohio et New York, a déclaré vendredi dernier : « Je ne veux pas que ces frontières soient ouvertes. » Il a ajouté que les contrôles dans les aéroports et aux postes-frontières devront être « multipliés par 10 » une fois les restrictions levées.
L’Agence des services frontaliers du Canada affirme qu’entre le 22 mars et le 3 mai, ses agents ont refusé à 2951 ressortissants étrangers l’entrée au Canada en provenance des États-Unis, selon les termes de l’accord.
Environ 88 % de ces voyageurs étaient des citoyens américains. Et la principale raison pour laquelle on leur a refusé l’entrée était que les raisons invoquées pour leur voyage étaient liées au tourisme et aux visites touristiques.
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RCI avec CBC News et La Presse canadienne
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